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Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a plaidé dimanche soir pour l’organisation d’une « conférence de financement », dissociée de la réforme du système.

Le gouvernement semble prêt à écouter les propositions de la Confédération française démocratique du travail (CFDT). Les ministres Bruno Le Maire (économie) et Marc Fesneau (relations avec le Parlement) se sont dits intéressés, lundi 6 janvier, à l’idée avancée par Laurent Berger d’une « conférence de financement » du système de retraite, séparée de la réforme, actuellement contestée par les syndicats.

C’est « une très bonne proposition », a déclaré le ministre de l’économie sur France Inter, ajoutant qu’il fallait « saisir la main qui a été tendue par la CFDT ». Le ministre des relations avec le Parlement a, lui, jugé sur Sud Radio que ces propositions étaient une « bonne nouvelle », que le gouvernement allait « regarder ». 

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a plaidé dimanche sur France 2 pour l’organisation d’une « conférence de financement » du système de retraite distincte du projet de loi actuellement en préparation, alors que le syndicat reste opposé à l’instauration d’un âge pivot.

Un compromis « jamais aussi proche », selon Le Maire

« Banco pour cette conférence », a insisté le ministre de l’économie, même s’il a estimé que l’âge pivot était « une bonne solution ». Marc Fesneau nuance également : « Il faut expertiser les choses, voir dans quel calendrier ça peut se faire. » « Ne préjugeons pas à l’avance des résultats de cette conférence », a ajouté Bruno Le Maire.

Il a aussi jugé que l’idée d’une décote temporaire en cas de départ à la retraite avant l’âge d’équilibre, ou âge pivot, telle qu’évoquée par le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, dans un entretien au Parisien, était « une très bonne proposition ». « Jamais le compromis [sur la réforme des retraites] ne m’a semblé aussi proche », a encore affirmé M. Le Maire.

Gilles Le Gendre, le président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale, s’est lui dit favorable à l’idée d’une « conférence de financement » si celle-ci « permet d’avancer ». Mais, prévient le député de Paris sur LCI, « si elle conduit à noyer le poisson, à faire en sorte qu’on repousse aux calendes grecques la question de la sécurisation financière, c’est non ».

« On ne peut pas dire on verra plus tard », a aussi réagi Stanislas Guerini, le patron d’En marche !, au micro d’Europe 1. « Ce n’est pas possible de ne rien dire sur la question de l’équilibre de notre système de retraites. Sinon, on ment aux générations futures en disant qu’on va construire un système de retraites universel. »

Les organisations patronales sceptiques

De son côté, le patron du Mouvement des entreprises de France (Medef), Geoffroy Roux de Bézieux, a assuré lundi sur BFM Business qu’il n’était pas « arc-bouté sur l’âge pivot ». Mais, a-t-il nuancé, « la mesure d’âge, même si on peut peut-être l’améliorer, c’est la seule manière intelligente de financer le régime ». « On est conscient que pour financer cette réforme, il faut travailler plus longtemps. »

La deuxième organisation patronale, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), a demandé au gouvernement d’agir contre les menaces de blocage de l’activité économique et de « ne pas laisser s’installer la pagaille orchestrée par une minorité ».

Dimanche soir, sur France 2, Laurent Berger avait répété que le retrait de l’« âge pivot » était un préalable à la discussion avec le gouvernement. Une concertation doit se tenir mardi au ministère du travail sur la pénibilité et l’emploi des seniors.


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La mesure répond à une demande répétée des alliés communistes de la maire socialiste.

Le métro, le RER, le bus et le tramway vont-ils devenir gratuits à Paris, au moins pour les jeunes ? Ecartée par la maire socialiste Anne Hidalgo en janvier 2019, la proposition revient à l’ordre du jour. « L’extension de la gratuité des transports en commun pour tous les Parisiens de moins de 18 ans » constituera l’une des mesures phares du programme d’Anne Hidalgo à sa réélection, a annoncé dimanche 5 janvier son premier adjoint Emmanuel Grégoire dans un entretien au Journal du dimanche. Elle « sera mise en œuvre dans les mois qui viennent si les Parisiens décident de poursuivre avec nous », promet-il, avançant déjà des modalités précises : il s’agira « d’une carte Navigo gratuite, sans avance à débourser ».

A peine dévoilé, le projet a déclenché l’enthousiasme des alliés de la maire sortante, en particulier des communistes. Bientôt gratuits pour les jeunes, les transports en commun le seront « à terme pour tous », anticipe déjà Jacques Baudrier, un des élus du Parti communiste (PCF) de Paris. Mais sur les réseaux sociaux, cette « avancée » suscite aussi beaucoup de critiques : « gratuits » signifie « payés par le contribuable », soulignent certains.

Cette mesure est « démagogique et négative », commente sur Twitter Jean-Marc Janaillac, ancien dirigeant de la RATP et patron d’Air France-KLM, aujourd’hui président de la Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises. « Les transports publics ont besoin de financement pour augmenter l’offre, ajoute-t-il. Réduire les ressources, c’est les appauvrir. Offrir la gratuité aux enfants des cadres sup parisiens, c’est antisocial. La gratuité aux jeunes ou aux vieux quelque soit leur revenu est absurde. »

En mars 2018, Anne Hidalgo avait déjà brandi l’idée pour l’ensemble des usagers. Mais après avoir fait expertiser le dossier par ses adjoints, elle avait renoncé. La gratuité totale aurait en effet coûté cher à la collectivité (3,3 milliards d’euros) pour un impact marginal sur l’environnement. Elle n’aurait pas suffi à faire changer le comportement des automobilistes, bien plus attentifs au temps de parcours qu’au prix. En revanche, la mesure risquait d’inciter de nombreux piétons et cyclistes à se tourner vers les transports publics, ce qui aurait aggravé la saturation du réseau.

Décisions très ciblées

A l’époque, Valérie Pécresse, présidente (ex-Les Républicains) de la région, et à ce titre première responsable des transports en Ile-de-France, avait elle aussi commandé une étude sur le sujet, et abouti à une conclusion encore plus catégorique : « La gratuité ne répondrait à aucun des enjeux d’une mobilité durable en Ile-de-France. »

En 2019, la maire de Paris s’est donc contentée de décisions très ciblées. C’est ainsi qu’en septembre, le Pass Navigo, déjà gratuit pour les enfants de moins de 4 ans, l’est devenu jusqu’à 11 ans, ainsi que pour les moins de 20 ans handicapés. 

A deux mois et demi des municipales, l’idée de développer la gratuité resurgit donc, notamment sous la pression des communistes, avec qui Anne Hidalgo présentera en mars des listes communes dans tous les arrondissements. Le PCF milite depuis des années pour que les transports en commun soient gratuits, afin d’améliorer le pouvoir d’achat des familles. Historiquement très attaché à la RATP et la SNCF, le parti voit aussi la gratuité comme un élément d’une politique globale, une forte hausse des flux d’usagers accompagnant et justifiant un renforcement important du réseau de transports publics.

En ce domaine, les alliés communistes d’Anne Hidalgo ont été doublement entendus. Ils ont obtenu le lancement d’une étude sur la création d’une rocade de métro au sud de Paris. Et aujourd’hui, la maire leur garantit une – petite – extension de la gratuité. Sous réserve, évidemment, qu’ils soient réélus ensemble.


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La question de l’âge pivot est celle sur laquelle va se concentrer l’ultime bras de fer qui oppose le président au leader de la CFDT, observe, dans sa chronique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

Chronique. Laurent Berger n’a pas encore remporté la partie mais il a gagné une manche. Appelés à se prononcer sur la réforme des retraites, 46 % des Français demandent l’abandon de l’âge pivot, dans le dernier sondage Odoxa paru le 3 janvier. L’âge pivot est la mesure d’âge que le gouvernement envisage d’introduire dès 2022, pour le porter à 64 ans en 2025 et équilibrer le régime de retraites. Il est aussi devenu un marqueur très politique, le « symbole » du différend qui oppose Emmanuel Macron au leader de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), celui sur lequel va se concentrer l’ultime bras de fer entre le président et les syndicats réformistes.

Le 31 décembre 2019, le président de la République a exhorté son gouvernement à rechercher les voies d’« un compromis rapide » avec ceux des partenaires sociaux qui le veulent bien. Il sait qu’il va devoir lâcher du lest sur le « symbole » s’il veut décrocher la CFDT et l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), mais il ne veut surtout pas perdre la face. Même si à la fin des tractations, la réforme Macron a de bonnes chances de ressembler à celle que souhaitait le patron de la CFDT, elle ne saurait porter le nom de Laurent Berger. Ainsi en va-t-il des relations complexes entre le président et le syndicaliste. Il ne peut y avoir qu’un maître, pas deux.

Rien ne s’est passé comme prévu

Le paradoxe est étrange car, sur le fond, Macron et Berger partagent la même vision : ils sont tous les deux persuadés que, dans un marché du travail profondément transformé, le système de protection sociale doit s’affranchir du corporatisme autour duquel il s’est construit pour se concentrer sur la consolidation des droits individuels. Le régime universel de retraite par point est, à leurs yeux, le seul qui permettra d’assurer une retraite convenable aux jeunes générations et une couverture décente aux plus précaires.

Leur réconciliation autour de la réforme était prônée par une partie de la majorité, qui trouve que le quinquennat s’est beaucoup trop déporté sur la droite. Elle était symbolisée par la présence, à l’Elysée, au côté du président, de Philippe Grangeon, l’influent conseiller spécial, issu des rangs de la CFDT. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Pour que le deal puisse fonctionner, il aurait fallu que la méfiance entre les deux personnages soit abolie. Et plus encore, que l’écart entre la social-démocratie et le social-libéralisme, qui avait creusé la tombe du précédent quinquennat, se résorbe. Or, ni l’un ni l’autre ne l’a voulu.


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Deux études présentées lundi contestent point par point les hypothèses et les solutions retenues par la SNCF et Ceetrus, poussant la Mairie de Paris à émettre un avis défavorable.

Des postulats erronés, des hypothèses contestables et des solutions qui aggravent les problèmes qu’elles prétendent résoudre : le projet de rénovation et d’agrandissement de la gare du Nord, à Paris, porté par la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et une filiale d’Auchan, Ceetrus, est mis en pièces par deux études rendues publiques par la Ville de Paris, lundi 6 janvier. « Ces rapports montrent des graves insuffisances qui doivent maintenant être prises en compte par la commission d’enquête publique et le préfet de région », explique l’adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme, Jean-Louis Missika. Sur la base de ces travaux, la municipalité émet officiellement « un avis défavorable sur le projet » dans le cadre de la procédure d’enquête publique, qui s’achève mercredi 8 janvier.

Alors que l’échéance se rapproche, les positions se tendent dans ce dossier devenu très politique. « Remettre en cause aujourd’hui ce projet et repartir de zéro serait irresponsable », affirme la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, dans un courrier à la commission d’enquête publique. Dimanche 5 janvier, c’est le président du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui signait dans le Journal du dimanche une tribune « pour la nouvelle gare du Nord », fustigeant « les équipes de la Mairie de Paris qui entrent en campagne pour les élections municipales ».

Des flux de passagers surestimés

L’entreprise ferroviaire et la filiale d’Auchan sont associées dans une coentreprise contrôlée par Ceetrus, SatioNord, pour conduire une spectaculaire transformation de la première gare d’Europe en nombre de voyageurs. Un chantier qui prévoit de presque doubler la surface de la gare, portée de 75 000 m2 à près de 137 000 m2. L’opération est censée lui rendre son lustre et désengorger les flux de passagers avant les Jeux olympiques de Paris en 2024, notamment en construisant sur le côté est un imposant bâtiment de 300 m de long et 50 m de large sur cinq étages, accueillant au rez-de-chaussée un nouveau hall des départs.

La Ville de Paris s’est désolidarisée de ce projet à l’automne 2019, après l’avoir longtemps soutenu, estimant le programme trop dense, trop commercial et défavorable aux usagers. Parallèlement à l’enquête publique, Anne Hidalgo avait mandaté quatre architectes et urbanistes – Pierre Veltz, Jean-Louis Subileau, Anne Mie Depuydt et Caroline Poulin – pour proposer des améliorations. Et demandé au cabinet de conseil suisse SMA, une référence en matière de systèmes ferroviaires, d’analyser les flux de voyageurs dans la gare et quelles incidences les transformations prévues pourraient avoir sur ces derniers.


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