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Le réseau social, confronté à toujours plus d'images violentes ou criminelles, va augmenter des deux tiers l'effectif de ses nettoyeurs de contenus. Un travail d'éboueur numérique pas facile.

La nuit du 2 au 3 mai, une adolescente de 15 ans a été sauvée de justesse, à Nevers, alors qu'elle tentait de se suicider. Elle était en direct sur Facebook et une de ses amies, assistant à la scène, a alerté les pompiers. Il arrive aussi que les internautes préviennent directement le réseau social – qui a des procédures pour les alertes au suicide et le signalement de contenus non autorisés.

Il ne s'écoule plus de semaine sans qu'un fait divers rappelle que le poids énorme de Facebook (1,9 milliard de comptes utilisateurs maintenant) le place souvent au cœur d'affaires violentes. Les meurtres ou viols en direct, comme en avril à Cleveland où le meurtre gratuit d'un vieil homme a été filmé, en mars à Chicago où le viol collectif d'une ado a été diffusé en direct, entre autres crimes. Lors de l'assassinat d'une fillette par son père en Thaïlande, fin avril, la vidéo est restée en ligne toute une journée.

Des millions de signalements par semaine

Ces faits divers sanglants amplifient encore les critiques déjà récurrentes contre la politique de modération du réseau social – où l'image du moindre sein est bloquée, tandis que des contenus violents et signalés passent parfois sans problème.

Facebook réagit progressivement. L'entreprise a annoncé le 3 mai des résultats florissants (8 milliards de dollars de chiffre d'affaires au premier trimestre, +49% en un an, et 3 milliards de dollars de bénéfice net, +76%) ; et parallèlement, son PDG Mark Zuckerberg a annoncé une forte augmentation des moyens humains de la modération.

"Ces dernières semaines, nous avons vu sur Facebook des gens se faire du mal et en faire à d'autres – que ce soit en direct ou dans des vidéos postées ensuite. C'est bouleversant, et j'ai réfléchi à ce que  nous pouvons améliorer pour notre communauté.
Pour bâtir une communauté sûre, nous devons réagir vite. Nous travaillons à ce que le signalement de ces vidéos soit plus facile, pour que nous puissions agir de façon adéquate plus tôt – ce que soit en répondant rapidement quand quelqu'un a besoin d'aide ou en supprimant un message.
Dans l'année qui vient, nous allons ajouter 3.000 personnes à nos équipes d'opérations de la communauté à travers le monde – en plus des 4.500 que nous avons actuellement – pour étudier les millions de signalements que nous recevons chaque semaine, et améliorer ce processus en l'accélérant."

L'annonce de Zuckerberg reste cependant floue sur un point important : il ne précise pas si ces nouvelles recrues seront directement employées par Facebook, ou si comme le pratiquent souvent les géants du numérique, elles dépendront de sous-traitants. Lesquels se retrouvent ainsi à pratiquer un travail d'éboueurs du Web, confrontés toute la journée à un flot d'horreurs....

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Pourquoi sur YouTube les femmes n'ont-elles pas autant de succès que les hommes ?

Sur le top 100 des chaînes francophones, les meufs sont les grandes absentes du classement. "Seulement une dizaine parmi les cent premières", explique la voix off. Et celles qui réussissent sont généralement cantonnées aux univers considérés comme féminins (la cuisine, la mode ou la beauté par exemple).

Pour répondre à cette question, Léa Bordier et Lisa Miquet sont parties à la rencontre d'une quinzaine de vidéastes qui animent des chaînes histoire, science, politique, beauté ou littérature. Leur docu,

(53 minutes), a été diffusé par les Internettes, un collectif qui veut valoriser celles qui font des vidéos.

Premier obstacle qui ressort de leurs entretiens : le manque de confiance, la peur de se tromper, une certaine crise de légitimité, une tendance à l'auto-censure. Et pour celles qui se lancent, l'impression de ne pas être prises au sérieux. "Leur parole est souvent remise en cause", formule les réalisatrices.

"J'ai l'impression que beaucoup sont persuadés que je fais l'émission avec d'autres personnes, que je la présente juste. Alors que pas du tout : je fais tout ce qui est documentation, écriture, phase de recherche, tournage, montage...", témoigne Charlie Danger, youtubeuse histoire. 

"Une femme qui fait un contenu étiqueté masculin, on va lui dire qu'elle n'y connait rien. Et un homme qui fait un contenu étiqueté féminin, on va plus lui dire "mais pourquoi tu fais des trucs de gonzesses ?"", constate la youtubeuse Ginger Force.

YouTube est finalement à l'image de la société. "On est dans une société qui nous a quand même un peu éduquées à croire les garçons", remarque Esther Taillifet

Insultes, menaces

Les insultes, le sexisme en ligne, l'homophobie ou le cyberharcèlement, sont d'autres freins et difficultés soulevés par les vidéastes interrogés.

Elles font d'abord part des incessantes réflexions sur leur physique, qui leur semblent leur être réservées. "Oh, t'es super mignonne", cite Florence Porcel. Qui répond :

"J'ai passé 35 heures à faire cette vidéo, j'en ai rien à foutre que tu me dises que je suis mignonne ! Est-ce que tu peux me dire si tu as compris les ondes gravitationnelles ?" 

La youtubeuse sciences avait consacré une vidéo aux commentaires récurrents et insupportables sur son tic à l’œil :

Solange te parle avait elle lu à son chien des commentaires sexistes ou des insultes, ce qui donnait

: "montre ta chatte, salope", "tu es une merde pensante", "j'aurais aimé qu'un chien te viole".

En dehors des menaces de mort qu'elle a déjà reçu, comme d'autres, Esther Taillifet se souvient de ce commentaire : "Si je te croise dans le métro, je te viole." Manque de bol, elle est développeuse web et retrouve en trois secondes son adresse IP :

"Cinq minutes après, je lui envoyais son nom, son adresse, l'endroit où il se trouvait. Je lui ai dit "je peux porter plainte". Il m'a juste bloqué, il n'a pas répondu et il est reparti la queue entre les jambes." ..

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Le viol collectif présumé d'une jeune fille de 15 ans, à Chicago, a été filmé en direct sur Facebook sans qu'aucun des spectateurs n'alerte la police ou le réseau social.

Une jeune fille de 15 ans a apparemment été violée par plusieurs hommes, acte filmé sur Facebook Live, a rapporté la police, sans que personne parmi la quarantaine d'internautes qui regardaient la vidéo en direct ne signale l'agression. C'est ce que rapporte Associated Press, qui cite le porte-parole de la police de Chicago, Anthony Guglielmi

Il a déclaré que la police n'a appris l'affaire que lorsque la mère de la victime a parlé au superintendant de police Eddie Johnson, lundi après-midi, alors qu'il quittait un bâtiment de la police. Elle lui a dit que sa fille avait disparu la veille, et lui a montré des photos du présumé viol. Johnson a immédiatement ordonné à ses agents de mener l'enquête, et la police a demandé à Facebook de retirer la vidéo, ce qu'a fait le réseau social, a indiqué le porte-parole.

Controverse sur la diffusion du nom de la victime

Le 21 mars, Anthony Guglielmi

que les policiers ont retrouvé la jeune fille, rendue à sa mère ; plusieurs twittos critiquent le fait qu'il donne le prénom et le nom de la victime, à quoi il répond que la mère les a communiqués plusieurs fois auparavant dans les médias – et ses interlocuteurs lui rétorquent que c'était quand elle était portée disparue.

Mardi après-midi, le porte-parole a donné des nouvelles de l'enquête :

"Mise à jour : le service de police de Chicago avance bien dans l'identification de personnes concernées dans l'attaque du 10e district. Des auditions en cours, mais pas de suspects formellement identifiés pour l'instant."

UPDATE: CPD making good progress identifying persons of interest in 10th Dist assault. Interviews ongoing but no formal suspects named yet

Le "Chicago Tribune" rapporte que la victime était allée dimanche matin à la messe avec son oncle, Reginald King, qui l'a déposée chez elle ensuite. Elle a marché pour faire des courses. King a ensuite découvert sa nièce dans la vidéo, "très, très explicite", dit-il, de son viol, avec six agresseurs.

Pour Reginald King, les auteurs font partie d'une bande de voyous qui terrorisent le quartier. C'est un adolescent du voisinage qui lui a signalé la vidéo du viol : "C'est une des choses les plus courageuses que j'ai jamais vu un enfant faire. Il y avait des adultes qui ont vu ça, et aucun d'eux n'a trouvé moyen de dire 'Hé, je dois appeler quelqu'un'."

Lire la suite sur Rue89.com - Viol collectif sur Facebook Live : 40 témoins, 0 appel à la police

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Le réseau social a annoncé mercredi 1er mars la mise au point d'une intelligence artificielle pour prévenir les suicides. Avec quels enjeux ?

Facebook a pris une place immense tant dans la société civile que dans la sphère privée des individus. Il y a un an, dans le cadre de Facebook Compassion (une cellule dédiée au bien-être des usagers), il lançait une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de mieux gérer leurs ruptures amoureuses et leur proposait un accompagnement.

Avec plus d’un milliard d’utilisateurs, Facebook a compris qu’il était devenu un véritable espace public, et considère qu'il doit assumer d’y assurer l’ordre, mais aussi la sécurité.

Les équipes de Facebook se voient maintenant obligées de prendre position sur beaucoup de sujets : les catastrophes naturelles et attentats (avec le SafetyCheck), les fake news, le harcèlement... et maintenant le suicide.

Parce qu’un post peut être la nouvelle lettre de suicide, le réseau social veut (grâce à une intelligence artificielle) reconnaître les comportements à risques et prévenir les passages à l’acte.

Lorsque l’algorithme trouverait un utilisateur à risque, le réseau lui afficherait un message proposant de chercher de l’aide auprès d’un ami ou d’une instance.

Collecte de données vertigineuse

Pour Me Valérie Sédallian, avocate spécialisée en droit de l'informatique et de l'Internet, l'objectif est légitime : “Quand on peut empêcher un suicide, on a une responsabilité.” Rappelons que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les moins de vingt ans, qui n’ont pas peur de s’exposer sur Facebook.

Cependant, selon l’avocate, l’initiative pose des questions beaucoup plus sérieuses : la surveillance de masse que cela induit.

“On se croirait dans 'Minority Report', où l’on parvient à détecter les agissements avant même le passage à l’acte. La réalité rejoint la fiction.”

Mais surtout, elle remarque que cela exacerbe encore un peu plus la collecte d'information personnelles par ces grandes sociétés américaines.

“C’est vertigineux le nombre de données qu’il faudrait pour ça.”

En effet, comment déterminer le risque chez une personne de se suicider ? “Il faudrait tracer tout ce qu’on fait, avec qui on interagit…” Facebook ne s’intéresse pas seulement à ce qu’on poste : il regarde aussi ce qu’on like, avec qui on est amis, notre messagerie privée... L'algorithme analyserait aussi le vocabulaire d’un utilisateur pour repérer les éléments de langage qui traduisent un état dépressif ou suicidaire....

Lire la suite - Facebook récolte vos données pour votre bien