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Meuf : le premier réseau social 100% réservé aux femmes

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Vous cherchez un espace où vous pouvez vous exprimer, partager, apprendre et vous connecter avec d’autres femmes, sans crainte ni jugement ? Alors vous allez adorer Meuf, le premier réseau social 100% féminin et féministe. Découvrez ce que vous réserve cette application innovante et engagée.

Qu'est-ce que Meuf ?

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Meuf est une application lancée en 2024 par Claire Suco, une entrepreneuse française qui a voulu créer un lieu sécurisé, édifiant et entièrement dédié à l’empowerment féminin. Meuf est le prolongement de sa marque de vêtements du même nom, qui propose des produits avec des messages engagés pour les femmes et des culottes menstruelles1.

Sur Meuf, les utilisatrices peuvent publier des photos, des vidéos, des messages, mais aussi accéder à des contenus éducatifs, informatifs ou inspirants sur des thématiques variées, comme la santé, la sexualité, le travail, le féminisme, etc. Meuf se distingue des autres réseaux sociaux par son caractère exclusivement féminin. Pour s’inscrire, il faut en effet fournir une carte d’identité qui atteste de son genre2. Les femmes trans sont également les bienvenues, et peuvent contacter l’équipe de Meuf par mail pour valider leur inscription2.

Pourquoi utiliser Meuf ?

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Meuf a pour objectif de créer une communauté de femmes solidaires, bienveillantes et libres. Sur Meuf, vous pouvez parler de tout ce qui vous concerne, sans tabou ni censure. Que ce soit pour demander des conseils, témoigner de vos expériences, ou simplement discuter de vos passions, vous trouverez toujours une oreille attentive et un soutien sur Meuf.

Meuf vous permet aussi de vous informer et de vous former sur des sujets qui vous intéressent, grâce à des articles, des podcasts, des vidéos, des webinaires, etc. Vous pouvez également participer à des événements, des ateliers, des groupes de discussion, ou encore des actions militantes organisés par Meuf ou par d’autres utilisatrices.

Meuf vous offre enfin la possibilité de vous entraider et de vous entraider entre femmes. Sur Meuf, vous pouvez trouver des ressources utiles pour votre quotidien, comme des adresses de commerces tenus par des femmes, des lieux où vous sentir en sécurité, ou encore des solutions pour trouver un tampon en urgence2. Vous pouvez aussi proposer vos services, vos compétences, vos produits, ou vos bons plans à d’autres femmes, et ainsi créer des liens professionnels ou personnels.<

Quels sont les avis sur Meuf ?

Meuf compte déjà plus de 200 000 utilisatrices, qui sont ravies de faire partie de cette communauté. Voici quelques témoignages recueillis sur l'application :

  • "Meuf, c'est plus qu'une application, c'est une famille. Je me sens tellement bien ici, je peux parler de tout sans avoir peur d'être jugée ou harcelée. Merci Meuf pour ce cadeau !"
  • "Meuf m'a permis de découvrir plein de choses sur moi-même, sur les autres femmes, sur le monde. C'est une source d'inspiration et de motivation au quotidien. Je recommande Meuf à toutes les femmes qui veulent s'épanouir et s'émanciper."
  • "Meuf, c'est le réseau social dont on avait besoin. Un espace où on peut se soutenir, s'entraider, se former, se divertir, et surtout être nous-mêmes. Bravo Meuf pour cette initiative !"

Comment télécharger Meuf ?

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Meuf est disponible gratuitement sur les plateformes iOS et Android. Vous pouvez la télécharger en cliquant sur les liens suivants :

N'attendez plus, rejoignez Meuf, le premier réseau social 100% réservé aux femmes !

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Web immersif : et si nous ressentions Internet ?

Ahmed Azough, Pôle Léonard de Vinci

Si, aujourd’hui, nous sommes habitués à surfer sur Internet, partie émergée d’un énorme iceberg de données interconnectées, les évolutions technologiques récentes devraient bientôt nous permettre de nous immerger dans cet océan bouillonnant de big data. Ce devrait être le cas avec le nouveau casque Apple Vision Pro qui sort ce vendredi 2 février aux États-Unis.

L’immersion vise à procurer à l’utilisateur un sentiment de présence en utilisant des technologies de captation et restitution sensorielle : l’utilisateur se sent transporté dans l’environnement digital créé par des technologies numériques, à tel point qu’il ressent ces objets numériques virtuels comme faisant partie de sa réalité.

De leur côté, les systèmes numériques détectent et interprètent de mieux en mieux les comportements et les émotions de leurs interlocuteurs, à tel point que l’humain a l’impression que ce système est conscient de sa présence et interagit volontairement.

Les films Matrix et plus récemment Ready Player One reflètent bien cette idée : s’interposer entre les récepteurs sensoriels de l’homme et la réalité afin de créer un monde nouveau, que l’on appelle parfois le « métaverse ». Ce concept est déjà utilisé depuis de plusieurs années pour les simulateurs d’aviation ou de conduite, ou pour des parcs de loisirs (L’Extraordinaire Voyage au Futuroscope par exemple).

Le web immersif fait suite à trois générations du web : du web 1.0 statique qui ressemble à une « vitrine » d’affichage, au web 2.0 participatif qui intègre les utilisateurs dans la création du contenu, et au web 3.0 dit « sémantique », qui introduit de l’ingénierie de connaissance pour structurer les données.

Cette quatrième génération, le « web 4.0 » ou « web immersif », doit être très accessible grâce aux réseaux haut débit 5G et à l’internet des objets (IoT). Le couplage du web et de la 5G nous fait entrer depuis le début des années 2020 dans l’ère d’un web « ambiant », pervasif et ubiquitaire, où de nombreux objets sont connectés et communiquent de manière autonome.

Les gants à retour haptique captent les sensation tactiles et en fournissent à l’utilisateur. Ils permettent notamment de se former à la manipulation d’équipement dangereux. XR expo, Unplash, CC BY

Les technologies immersives de réalité virtuelle, augmentée ou mixte sont considérées par plusieurs acteurs comme la quatrième révolution du numérique (après les ordinateurs personnels, les ordinateurs portables et les smartphones). Elles devraient permettre une importante métamorphose de la pratique du Web, dont les fonctionnalités risquent d’évoluer plus ou moins rapidement selon le niveau d’adoption de la technologie, du dispositif utilisé, mais aussi selon l’évolution des réglementations relatives à la protection des données.

À quoi ressemblera Internet avec le web immersif ?

Les agents conversationnels virtuels (comme ChatGPT) répondent de manière naturelle et précise aux requêtes des utilisateurs. Dans le cadre d’un moteur de recherche, les requêtes n’ont plus besoin d’être constituées de mots clés, mais deviennent des discussions naturelles.

Ce type de conversations plus naturelles pour les humains pourrait avoir d’autres applications : un prototype de thérapies de groupe dans le milieu scolaire a par exemple été testé par 134 étudiants à l’université National Tsing Hua University à Taiwan en 2021. Des systèmes similaires sont testés pour des entretiens d’embauche ou des assistants industriels.

Les réponses des moteurs de recherche pourraient être des objets 3D virtuels transférés à l’utilisateur, ou des visites d’environnements virtuels. Les technologies immersives sont même considérées comme une technologie de rupture qui révolutionne la gestion et le marketing du tourisme.

Par ailleurs, les réseaux sociaux, les chats et les forums sont en train d’être transformés en métavers (second life, Meta Horizon worlds). Les visioconférence peuvent évoluer en « holoportation » : un système développé en 2016 par Microsoft, qui permet de la reconstructions 3D de haute qualité et en temps réel d’un espace entier, y compris les personnes, les meubles et les objets qu’il contient, à l’aide d’un ensemble de nouvelles caméras de profondeur. Cette technologie a également été testée dans le domaine de l’éducation à travers quelques prototypes, et a permis de mettre en l’évidence le rôle important de la présence (et de la télé-présence) dans l’enseignement supérieur.

Des casques de réalité mixte autonomes plus légers et plus puissants pourraient permettre l’adoption de cette technologie à grande échelle, avec par exemple le casque Meta Quest 3 présenté par Mark Zuckerberg le 1 Juin 2023.

Côté santé, la chirurgie a connu de nombreuses avancées technologiques, depuis la première télé-chirurgie en 2001. Les chirurgiens peuvent de travailler à distance avec un écran tridimensionnel, via des jumelles haute définition – mais la latence moyenne, autour de 700 millisecondes, privilégie les usages d’entraînement et de planification. La première opération chirurgicale collaborative de l’épaule au monde à l’aide de la réalité mixte a été réalisée en 2017 à l’hopital Avicenne AP-HP en France. Le retour haptique permet la transmission des informations tactiles aux chirurgiens, ce qui permet de sentir la consistance du tissu et la tension dans les sutures.

Aujourd’hui, plusieurs prototypes de soins médicaux faisant appel à des dispositifs haptiques et de capteurs corporels connectés permettent aussi d’envisager le diagnostic et les soins à distance. Récemment, la NASA a même envoyé virtuellement des médecins sur l’ISS pour aider les astronautes à rester en forme.

L’e-commerce pourrait aussi bénéficier des technologies immersives : des caméras 3D et des capteurs connectés permettraient de transmettre les mensurations exactes des clients et d’essayer (virtuellement) leurs choix dans des chambres d’essayage virtuelles sans se déplacer.

On envisage également que la navigation GPS devienne la navigation « VPS » (pour Visual positioning system) : avec des lunettes de navigation basée sur la réalité augmentée, ainsi que des retours sonores et haptiques, elle deviendrait plus intuitive. Un tel prototype ciblant les personnes âgées a été développé en 2018 à Telecom ParisTech en France.

Enfin, et bien qu’elle soit à ses balbutiements, la recherche dans le domaine de la « saveur augmentée » vise à développer des dispositifs olfactifs pour sentir des parfums ou goûter des plats à distance.

Que peut-on virtualiser ?

Tous les sens font l’objet de récents progrès scientifiques et technologiques : la vision, le toucher, l’ouïe, l’odorat, le goût, mais aussi les sens du mouvement, de l’équilibre, de la chaleur par exemple. Dans ce sens, une interface olfactive souple, miniaturisée et sans fil a été ainsi développée pour la réalité virtuelle à l’université de Hong Kong en 2023.

Dans la modalité visuelle, les dispositifs varient en niveau d’immersion : des écrans de smartphone peu immersifs, à des dispositifs semi-immersifs comme les écran incurvés et casques de réalités mixtes, jusqu’aux dispositifs immersifs comme les casques VR (virtual reality). Plus ces casques deviennent économiquement abordables, légers et autonomes, plus l’adoption de cette technologie augmente. La communauté anticipe que le casque de réalité mixte nouvelle génération Apple Vision Pro annoncé le 5 juin 2023 lors de l’Apple Worldwide Developers Conference constitue un pas majeur vers l’adoption de la technologie immersive par le grand public, comme l’a constitué l’iPhone 2G en 2007 pour l’adoption des smartphones.

La modalité sonore accompagne souvent ses dispositifs d’immersion visuels à travers le son spatialisé 3D (le son stéréo traditionnel est diffusé en deux canaux seulement, gauche et droite). Le son spatialisé ajoute une dimension supplémentaire en introduisant des informations de localisation sonore verticales, horizontales et en profondeur. Cette technologie est aujourd’hui bien maîtrisée et largement utilisée dans le domaine des jeux vidéo.

Pour le toucher, il existe des dispositifs dits « intrusifs » (car encombrants) comme les gants haptiques et les combinaisons corporelles ; et d’autres dispositifs moins invasifs ultra-minces ainsi que des peaux artificielles connectées sont en développement.

D’autres dispositifs plus ludiques comme les bouches artificielles connectées ou des sex-toys connectés laissent présager du développement à venir de l’industrie « adulte » sur l’internet de demain.

Les risques du web immersif

Aujourd’hui, les technologies immersives posent déjà des défis éthiques importants, avec des risques potentiels pour la santé mentale, notamment le trouble de dépersonnalisation/déréalisation. Elles sont aussi sujettes à de sérieuses préoccupations liées à la négligence personnelle du corps (réel) des utilisateurs, et des environnements physiques réels. Elles peuvent également être utilisées pour enregistrer des données personnelles qui pourraient être déployées de manière à menacer la vie privée et à présenter un danger lié à la manipulation des croyances, des émotions et des comportements des utilisateurs.

Ces défis se trouveront accentués avec le web immersif. Même si des initiatives existent pour encadrer éthiquement l’usage de la réalité virtuelle, l’aspect addictif du web et l’aspect intrusif de l’IoT posent de nouveaux défis et exigent plus d’effort pour la protection des usagers.

L’insécurité, l’intrusion à la vie privée, l’isolement social, les crimes pornographiques, les délits virtuels, les maux de têtes, les blessures physiques ou l’addiction, tous ces dangers se verront accentués et devront attirer l’attention à la fois des designers et des représentants des usagers pour une utilisation plus sûre et plus éthique.

Ahmed Azough, Professeur de Réalité Virtuelle et Vision par Ordinateur, Pôle Léonard de Vinci

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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Quelles sont les nouvelles arnaques de Noël ?

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A l’approche de Noël et du réveillon de la Saint-Sylvestre, les bons plans tout à fait légaux côtoient des arnaques plus ou moins faciles à démasquer. Ces escroqueries qui, malheureusement, finissent toujours par faire mouche auprès de certains internautes, et ont des conséquences financières désastreuses pour les personnes tombant dans le panneau. Dans les prochaines lignes, nous vous dévoilerons celles auxquelles vous pourrez être confrontés en cette fin d’année 2023, de manière à vous en prémunir.

Les lettres du Père Noël

La première des nombreuses cyber-arnaques de la période des fêtes est inhérente à Noël et l’une de ses coutumes phares auxquelles les enfants adorent se prêter. Songez quelques secondes à la fameuse liste de cadeaux adressée au Père Noël. En l’occurrence dans ce cas on promet à nos chères têtes blondes - contre le don d’une certaine somme d’argent - la réception d’une lettre manuscrite rédigée par le célèbre personnage au bonnet rouge. Missive qu’ils ne reçoivent jamais et… les informations bancaires saisies lors du paiement par les parents les plus naïfs sont récupérées et livrées sur le Dark Web à des personnes n’ayant absolument aucun scrupule.

L’échange de cadeaux “Secret Sister”

On distingue ensuite une proposition d’offre particulièrement pernicieuse, à savoir un échange de cadeaux qui…n’en est finalement pas un ! Celui-ci piège en particulier les utilisateurs femmes des réseaux sociaux et il s’appelle “Secret Sister”. Pour en savoir davantage sur cette pratique vous pouvez consulter l’étude de Cyberghost. L’arnaque se matérialise au tout début par une simple invitation, les personnes ciblées étant informées du prétendu intérêt auquel elles ont droit : en expédiant elles-mêmes un premier présent d’une valeur somme toute modeste, elles recevront en retour plusieurs cadeaux dont le montant total sera très conséquent. Un système pyramidal qui, de par sa conception, ne profite en aucun cas à tout le monde, et qui a même déjà fait perdre beaucoup d'argent à beaucoup de demoiselles !

Les coupons de supermarché

S’il y a des endroits massivement fréquentés à l’approche des fêtes, ce sont bien les supermarchés.

Et en cette période d’inflation, les consommateurs sont d’autant plus sensibles aux potentielles remises tarifaires dont ils peuvent tirer profit au sein de ces établissements. Des arnaqueurs le savent et diffusent de faux coupons de réduction par courriers et par SMS.

Comment le piège se referme-t-il ? Dans ces messages dans lesquels sont promis des bons d’achat figurent des liens que les destinataires doivent cliquer pour censément obtenir leur précieux sésame. Mais il n'en est rien, de plus leurs données personnelles sont collectées et parfois même un logiciel malveillant s’installe sur leur appareil connecté.

Les cartes de voeux

Autre tradition qui chaque année est reprise par un grand nombre d’internautes : l’envoi de cartes de vœux électroniques, forcément plus rapide et économique que l’expédition de leurs homologues imprimées. Et cela n’a pas échappé à certains publics malintentionnés ! Les cartes de vœux qu’ils ont élaborées contiennent également un ou plusieurs liens qui entraînent le téléchargement d’un spyware ou d’un autre type de logiciel potentiellement très néfaste pour l’utilisateur.

 

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Données personnelles : comment nous avons peu à peu accepté d’en perdre le contrôle

La génération née entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, plus optimiste face au développement des technologies abandonne probablement plus facilement une part de contrôle sur ses données personnelles. Unsplash, CC BY
Yoann Nabat, Université de Bordeaux

Dans quelle mesure les différentes générations sont-elles plus ou moins sensibles à la notion de surveillance ? Un regard sur les personnes nées au tournant des années 80 et 90 montre que ces dernières abandonnent probablement plus facilement une part de contrôle sur les données personnelles et n’ont sans doute pas eu totalement conscience de leur grande valeur.


Peut-être qu’à l’approche des Jeux olympiques de Paris, avez-vous vaguement protesté lors de la mise en place d’un fichier vidéo algorithmique ? Et puis avez-vous haussé les épaules : un fichier de plus. Peut-être par résignation ou par habitude ? Comme d’autres, vous avez peut-être aussi renseigné sans trop vous poser de questions votre profil MySpace ou donné votre « ASV » (âge, sexe, ville) sur les chats Caramail au tournant des années 1990-2000 et encore aujourd’hui vous cliquez quotidiennement sur « valider les CGU » (conditions générales d'utilisation) sans les lire ou sur « accepter les cookies » sans savoir précisément ce que c’est.

En effet, peut-être, faites-vous partie de ce nombre important d’individus nés entre 1979 et 1994 et avez-vous saisi au vol le développement de l’informatique et des nouvelles technologies. Et ce, sans forcément vous attarder sur ce que cela impliquait sur le plan de la surveillance des données que vous avez accepté de partager avec le reste du monde…

World Wide Web

Pour se convaincre de l’existence de cette habitude rapidement acquise, il suffit d’avoir en tête les grandes dates de l’histoire récente de l’informatique et d’Internet : Apple met en 1983 sur le marché le premier ordinateur utilisant une souris et une interface graphique, c’est le Lisa.

Puis le World Wide Web est inventé par Tim Berners-Lee en 1989, 36 millions d’ordinateurs sont connectés à Internet en 1996, Google est fondé en 1998 et Facebook est lancé en 2004. L’accélération exponentielle d’abord des machines elles-mêmes, puis des réseaux et enfin du partage de données et de la mobilité a suivi de très près les millennials.

La génération précédente, plus âgée, a parfois moins l’habitude de ces outils ou s’est battue contre certaines dérives initiales, notamment sécuritaires. La suivante, qui a été plongée immédiatement dans un monde déjà régi par l’omniprésence d’Internet et des réseaux, en connaît plus spontanément les risques (même si elle n’est pas nécessairement plus prudente).


Comment habiter ce monde en crise, comment s’y définir, s’y engager, y faire famille ou société ? Notre nouvelle série « Le monde qui vient » explore les aspirations et les interrogations de ceux que l’on appelle parfois les millennials. Cette génération, devenue adulte au tournant du XXIe siècle, compose avec un monde surconnecté, plus mobile, plus fluide mais aussi plus instable.

À lire aussi : Les amis, notre nouvelle famille ?


Un certain optimisme face à l’informatique

Probablement du fait de ce contexte, la génération née entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990 est aussi celle qui est la plus optimiste face au développement des technologies.

Cet état de fait apparaît d’autant plus clairement que la « génération Z », plus jeune, est marquée généralement par une plus grande apathie voire un certain pessimisme notamment quant au devenir des données personnelles.

En effet, aujourd’hui, les plus jeunes, déjà très habitués à l’usage permanent des réseaux sociaux et aux surveillances de toute part, se trouvent très conscients de ses enjeux mais font montre d’une forme de résignation. Celle-ci se traduit notamment par le « privacy paradox » mis en lumière par certains sociologues et qui se traduit par une tendance paradoxale à se réclamer d’une défense de la vie privée tout en exposant très largement celle-ci volontairement par l’utilisation des réseaux sociaux.

A contrario, cette confiance en la technologie se manifeste spécialement par une forme de techno-optimisme, y compris lorsqu’il s’agit de l’usage de données personnelles. Cet état d’esprit se traduit dans de nombreux domaines : lorsqu’il s’agit de l’usage des données de santé par exemple ou plus généralement quant à l’utilisation des technologies pour régler des problèmes sociaux ou humains comme le réchauffement climatique.

La priorisation de valeurs différentes

Cet optimisme est aussi visible lorsqu’il s’agit d’évoquer les fichiers policiers ou administratifs. S’il n’existe pas de données précises sur l’acceptation des bases de données sécuritaires par chaque tranche d’âge, il n’en demeure pas moins que la génération des 30-45 ans n’est plus celle de l’affaire Safari dont l’éclatement, après la révélation d’un projet de méga-fichier par le ministère de l’Intérieur, a permis la naissance de la CNIL.

Cette génération a, au contraire, été marquée par des événements clés tels que les attentats du 11 septembre 2001 ou la crise économique de 2009.


La CNIL fête ses 40 ans.

Ces événements, et plus généralement le climat dans lequel cette génération a grandi et vit aujourd’hui, la conduisent à être, d’après les études d’opinion récentes, plus sensible aux questions de sécurité que d’autres. Elle entretient ainsi un rapport différent à la sécurité, moins encline à subir des contrôles d’identité répétés (qui sont bien plus fréquents chez les plus jeunes) mais plus inquiète pour l’avenir et plus sensible aux arguments sécuritaires.

Cet état d’esprit favorise en conséquence une plus grande acceptation encore des fichiers et aux dispositifs de sécurité qui sont perçus comme des outils nécessaires à l’adaptation aux nouvelles formes de délinquance et de criminalité, par exemple à l’occasion de l’organisation des futurs Jeux olympiques et paralympiques en France ou rendus utiles pour permettre la gestion d’une pandémie comme celle du Covid-19.

De l’acceptation à l’accoutumance

Les deux phénomènes – optimisme face au développement des technologies et sensibilité à la question sécuritaire – sont d’autant plus inextricables qu’il existe un lien important entre usages individuels et commerciaux des technologies d’une part et usages technosécuritaires d’autre part. En effet, les expériences en apparence inoffensives de l’utilisation récréative ou domestique des technologies de surveillance (caméras de surveillance, objets connectés, etc.) favorisent l’acceptabilité voire l’accoutumance à ces outils qui renforcent le sentiment de confort tant personnel que sécuritaire.

La génération des trentenaires et quadra actuelle, très habituée au développement des technologies dans tous les cadres (individuels, familiaux, professionnels, collectifs, etc.) et encore très empreinte du techno-optimisme de l’explosion des possibilités offertes par ces outils depuis les années 1990 est ainsi plus encline encore que d’autres à accepter leur présence dans un contexte de surveillance de masse.

Cet état d’esprit favorise en conséquence une plus grande acceptation encore des fichiers et aux dispositifs de sécurité qui sont perçus comme des outils nécessaires à l’adaptation aux nouvelles formes de délinquance et de criminalité. Maxim Hopman/Unsplash, CC BY-NC-ND

La pénétration très importante de ces dispositifs dans notre quotidien est telle que le recours aux technologies même les plus débattues comme l’intelligence artificielle peut sembler à certains comme le cours normal du progrès technique. Comme pour toutes les autres générations, l’habituation est d’autant plus importante que l’effet cliquet conduit à ne jamais – ou presque – remettre en cause des dispositifs adoptés.

L’existence de facteurs explicatifs

Partant, la génération des 30-45 ans, sans doute bien davantage que celle qui la précède (encore marquée par certains excès ou trop peu familiarisée à ces questions) que celle qui la suit (davantage pessimiste) développe une forte acceptabilité des dispositifs de surveillance de tous horizons. En cela, elle abandonne aussi probablement une part de contrôle sur les données personnelles dont beaucoup n’ont sans doute pas totalement conscience de la grande valeur.

Au contraire, les réglementations (à l’image du Règlement général sur la protection des données adopté en 2016 et appliqué en 2018) tentant de limiter ces phénomènes sont parfois perçues comme une source d’agacement au quotidien voire comme un frein à l’innovation.

Sur le plan sécuritaire, l’acceptabilité de ces fichages, perçus comme nécessaires pour assurer la sécurité et la gestion efficace de la société, pose la question de la confiance accordée aux institutions. Or, là encore, il semble que la génération étudiée soit moins à même de présenter une défiance importante envers la sphère politique comme le fait la plus jeune génération.

Demeurent très probablement encore d’autres facteurs explicatifs qu’il reste à explorer au regard d’une génération dont l’état d’esprit relativement aux données personnelles est d’autant plus essentiel que cette génération est en partie celle qui construit le droit applicable aujourd’hui et demain en ces matières.

Yoann Nabat, Enseignant-chercheur en droit privé et sciences criminelles, Université de Bordeaux

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.