« Paiement électronique : une fois de plus, les Américains raflent la mise »

Economie

Le rachat de Worldpay par l’américain FIS pour la somme record de 35 milliards de dollars est une nouvelle illustration de l’effervescence qui entoure le secteur des fintech, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Chronique Pertes et profits. L’entrepreneur mormon Samuel Brannan était un malin. Quand il apprit que des explorateurs avaient trouvé de l’or en Californie, en 1847, il racheta d’abord tous les stocks de pelles et de pioches des environs, avant de répandre la nouvelle dans les rues de San Francisco. Il est, avec Levi Strauss et ses fameux jeans, le grand gagnant de cette ruée vers l’or qui enrichit plus de fournisseurs astucieux que de chercheurs de pépites. En sera-t-il de même avec le commerce électronique ? C’est en tout cas l’effervescence chez tous les vendeurs de pelles de la Toile.

Et en premier lieu, ceux qui sont actifs dans le paiement, nerf de la guerre des affaires sur Internet. Sans sécurité, fiabilité et rapidité des transactions, pas d’Amazon, d’Alibaba et d’un commerce en ligne qui dépasse aujourd’hui les 40 000 milliards de dollars (35 227 milliards d’euros) par an dans le monde.

C’est la raison pour laquelle le groupe informatique américain FIS, spécialisé dans les logiciels bancaires, vient de racheter l’ancienne star britannique du secteur Worldpay, pour la somme vertigineuse de 35 milliards de dollars (45 milliards avec la dette). Qu’on en juge : créée en 1989 au sein de la Westminster Bank, rachetée plus tard par sa concurrente Royal Bank of Scotland (RBS), l’activité se développait gentiment, au point d’être revendue par RBS en 2010 pour la coquette somme de 2,7 milliards de livres. Sept ans plus tard, elle est cédée à nouveau pour plus de 10 milliards de dollars à la société américaine Vantiv. En 2019, le groupe vaut donc plus de 43 milliards. Entre-temps et à coups de rachats, l’entreprise est devenue le leader mondial d’un marché qui, selon McKinsey, pourrait représenter 3 000 milliards de dollars dans le monde d’ici cinq ans.

Trente opérations ont été annoncées cette année

Ce n’est pas la seule entreprise à bénéficier d’un tel engouement. En janvier, deux autres acteurs, Fiserv et First Data, fusionnaient pour 22 milliards de dollars. Depuis le début de cette année, trente opérations ont été annoncées, pour une valeur totale de 85 milliards de dollars, selon le cabinet Dealogic, soit deux fois plus que pour l’ensemble de 2018. Cela s’explique par le fait que le commerce en ligne autorise des économies d’échelle considérables impossibles à réaliser avec le commerce physique.


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