Les constructeurs allemands paieront pour le retrait des vieux diesel

Economie

Le gouvernement a obtenu que les fabricants d’automobiles aident financièrement les Allemands à troquer leur vieux diesel contre un véhicule moderne.

C’est une catégorie d’électeurs qui n’est pas comptabilisée dans les sondages, mais dont le poids peut jouer un rôle majeur lors des prochaines élections en Allemagne : les conducteurs de voitures diesel mécontents.
 

Pour Angela Merkel et son gouvernement, la menace est devenue réelle depuis que le juge administratif de Francfort a ordonné, début septembre, l’interdiction de circuler aux vieux véhicules diesel pour lutter contre la pollution excessive de la ville. Des dizaines de milliers de particuliers pourraient être empêchés de se rendre à leur travail à partir du 1er janvier 2019, à Francfort… à moins de se racheter un nouveau véhicule plus moderne. 

Or, dans le Land de Hesse, où se situe Francfort, les élections régionales doivent se tenir le 28 octobre. Le 14, la Bavière doit elle aussi renouveler son Parlement régional. Sa capitale, Munich, est également concernée par les interdictions de circuler, tout comme Hambourg, Stuttgart, Düsseldorf et Aix-la-Chapelle. Et d’autres villes devraient suivre. Les véhicules ciblés sont tous ceux qui ne répondent pas à la norme européenne antipollution Euro 6, soit un total de 11,2 millions.

L’ultimatum de la chancelière

Face à la pression politique, la chancelière avait posé un ultimatum à ses ministres : d’ici à la fin de septembre, l’épineuse question de la mise aux normes des vieux diesels devait être tranchée. Lundi 1er octobre dans la nuit, la coalition au pouvoir a donc trouvé un accord, après plusieurs semaines de discussions et six heures de négociations à la chancellerie. Le résultat est une solution dont les détails doivent encore être précisés. Lors de la conférence de presse donnée dans la nuit, les représentants des trois partis de la coalition ont annoncé une « solution complexe », qui doit permettre d’éviter les interdictions de circuler, sans faire peser sur les constructeurs un effort financier trop important, ni faire payer les automobilistes ou le contribuable.

On ne connaît pas encore les modalités de l’échange dans le détail, mais la prime pourrait aller jusqu’à 10 000 euros par véhicule.

Selon les informations de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le compromis devrait tourner autour d’une offre d’échange de véhicule particulièrement généreuse, à laquelle participeraient les marques allemandes et étrangères. La prime d’échange pourrait aller jusqu’à 10 000 euros par véhicule. Ces offres concerneraient les diesels de norme Euro 4 et antérieure, mais pourraient s’étendre rapidement à la norme Euro 5. Pour l’achat d’un véhicule électrique, les automobilistes peuvent aussi compter sur une prime de l’Etat.

Mardi matin, Renault était le premier constructeur non allemand à réagir : le Français a annoncé le lancement immédiat d’une prime à l’échange qui, selon les modèles, pourra aller jusqu’à 10 000 euros.

Ces dernières semaines, les discussions avaient tourné autour de la participation des constructeurs à la lutte contre la pollution des grandes villes allemandes. Certains membres du gouvernement souhaitaient obliger les groupes automobiles allemands et étrangers à réparer, à leurs frais, l’ensemble des vieux diesels, par des interventions lourdes sur la structure des véhicules. Une hypothèse rejetée par les constructeurs, qui évaluent son coût à 3 000 euros par véhicule et jugent absurde de dépenser une telle somme pour de vieilles voitures, plutôt que de renouveler le parc automobile. Outre leur coût, de telles réparations sont délicates juridiquement, pour des questions de responsabilité sur les véhicules transformés.

Exportés en Europe de l’Est

Lundi 1er octobre, les constructeurs ont abattu leur dernière carte : dans une interview commune au Bild, les représentants des salariés de Volkswagen, BMW et Daimler se sont prononcés contre les réparations des vieux véhicules diesel, en alertant sur le « risque pour les emplois »en raison des coûts pour les entreprises. Le message était adressé notamment aux sociaux-démocrates, proches des syndicats, qui espéraient que des réparations soient possibles sans obliger les automobilistes qui ne peuvent se le permettre à racheter un nouveau véhicule. Finalement, les réparations de véhicules devraient avoir lieu à la marge, uniquement dans les régions concernées par les interdictions de circuler.

La question de la pollution des villes est devenue un sujet explosif politiquement depuis que le juge administratif de Stuttgart a décidé, mi-2017, d’interdire aux vieux véhicules diesel de circuler dans cette ville, qui a longtemps détenu le record de l’air le plus pollué du pays. Le plaignant, l’association environnementale Deutsche Umwelthilfe, a depuis obtenu gain de cause dans toutes les villes où il a mis en cause la responsabilité de la mairie pour non-respect des normes antipollution.

La disparition des vieux diesels suffira-t-elle à améliorer l’air des villes allemandes ? En douze mois, un million d’entre eux ont été retirés de la circulation. Si les plus vieux partent à la casse, les autres sont généralement… revendus à l’étranger. La presse allemande rapporte que les vieux véhicules diesel en bon état sont actuellement massivement exportés vers les pays d’Europe de l’Est.


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