Et si on prenait enfin la masturbation au sérieux ?

Sociétés
La libération sexuelle a sévi, les travaux manuels ne seraient plus sales… Ah bon ? Pourtant on ricane. On se moque de la technique de la chaussette, éventuellement fourrée de nouilles tièdes. On dit l’onanisme réservé aux ados, aux célibataires, aux frustrés, aux handicapés sociaux et aux paresseux (les « branleurs » ont dans la main bien plus qu’un poil). Pourquoi tant d’acidité, quand la réalité est si banale ?

Commençons par les statistiques : selon l’enquête « Contexte de la sexualité en France » (Inserm, INED), 90 % des hommes et 60 % des femmes étaient concernés en 2006, au temps des dinosaures. Sept ans plus tard, dans son ouvrage Nouvel éloge de la masturbation, l’anthropologue Philippe Brenot précisait : 87 % de masturbateurs, 68 % de masturbatrices. Aux Etats-Unis, l’étude la plus récente (Tenga, septembre 2016) affiche 95 % d’hommes ayant au moins une fois tenté l’expérience, contre 81 % de femmes – avec une moyenne de 15 masturbations par mois pour les hommes et 8 pour les femmes, 16 fois par mois pour les célibataires et 10 fois par mois pour les personnes en couple.
 
La norme du couple tout-puissant

 

Si les chiffres augmentent (ou notre sincérité…), les mentalités traînent. Le sexe rejoint ainsi les activités socialement acceptables en groupe et inacceptables en solo, liste joyeusement arbitraire : on peut lire seul, mais pas aller au cinéma, regarder la télé, mais pas dîner au restaurant, boire un soda mais pas une vodka, et pour le cas qui nous concerne, il semble plus « adulte » de demander à un parfait inconnu de nous toucher le sexe, quitte à payer ou à terminer ivre mort, plutôt que de le faire nous-mêmes.

Le stigma reste fort puisque environ la moitié des personnes interrogées par Tenga ressentent du malaise à parler de masturbation. Ainsi, 36 % des hommes et 22 % des femmes ont déjà menti à ce sujet (ce qui remet en question les chiffres ci-dessus, bien entendu) : ils disent ressentir de l’embarras et craignent la peur du jugement.

On devine d’où viennent les blocages : la masturbation ne reproduit pas l’espèce, elle ne conforte pas la norme du couple tout-puissant. Sa gratuité serait antisociale. Selon nos sources personnelles, le business plan divin serait contrarié dans ses activités de croissance et multiplication des fidèles. C’était quand, déjà, cette fameuse révolution sexuelle 

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