Du déni aux démissions : le pape François aux prises avec le scandale chilien

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Les évêques de l’Église chilienne ont remis collectivement leur démission, le 17 mai, mettant fin à des mois de maladresses et d'aveuglement de la part du pape François concernant les abus sexuels commis par des religieux. Récit.

Le revirement est spectaculaire. La mise en scène sobre. Deux porte-parole de la Conférence épiscopale chilienne lisent devant la presse, réunie au Vatican jeudi 17 mai, un texte rédigé après trois journées d’entrevues avec le pape François : "Nous, tous les évêques présents à Rome, avons remis nos postes entre les mains du Saint-Père afin qu'il décide librement pour chacun d'entre nous." Quelque 34 évêques ont donc démissionné de leur charge épiscopale, assumant collectivement, après des années d’omerta, le scandale de pédophilie qui mine l’église chilienne. Ultime rebondissement pour un dossier brûlant, dans lequel le pape était empêtré depuis des mois.

La position de François était apparue comme bancale et incompréhensible en janvier dernier. À l’issue de son voyage au Chili, le souverain pontif lançait à un journaliste qui le pressait de s’exprimer sur les accusations d’abus sexuels contre le prêtre Fernando Karadima avec la complicité de l’évêque Juan Barros : "Le jour où vous m’apportez une preuve contre l’évêque Barros, je parlerai. Il n’y a pas une seule preuve contre lui. Ce ne sont que des calomnies. C’est clair ?"

Le tollé provoqué par ces déclarations ouvre la période de crise la plus violente du pontificat. Le pape finit par se laisser déstabiliser et faire marche arrière. Il dépêche une enquête au Chili, écoute des représentants des associations de victimes qu’il invite à Rome, convoque les évêques chiliens.

Que s’est-il dit et passé pendant ces trois journées de discussions entre les évêques chiliens et le pape ? Quelques éléments ont filtré de l’épais rapport de 2 300 pages, rédigé par les deux enquêteurs que le pape a dépêchés auprès des victimes. Le document dénonce "l’existence de gravissimes négligences dans la protection des enfants vulnérables de la part d’évêques et de supérieurs religieux". On peut aussi lire dans ce rapport que des religieux, pourtant expulsés de leur ordre pour des "comportements immoraux", ont été accueillis dans d’autres diocèses avec des charges comportant "un contact quotidien et direct avec des mineurs". Des plaintes ont par ailleurs été jugées "invraisemblables", alors qu’elles présentaient "de graves indices d’un délit effectif". D’autres ont été classées sans la moindre enquête. Des pressions ont été exercées sur des enquêteurs. Des "documents compromettants" ont même été détruits.

Un pape mal conseillé

La vérité sur ces années d’omerta dans l’église chilienne a fini par sauter au visage du Vatican. Pourquoi le pape a-t-il fermé les yeux sur ces témoignages, qui sont pourtant remontés jusqu’à lui dès avril 2015 ? Une lettre de huit pages, écrite par Juan Carlos Cruz, qui se dit victime de Fernando Karadima, prêtre d'une banlieue huppée de Santiago, lui est alors remise en personne. Juan Carlos Cruz y décrit les agressions qu'il a subies et supplie le pape d'écouter ses souffrances. Cette missive est apportée à Rome par des membres de la commission pontificale pour la protection des mineurs. Dans la lettre, les accusations se portent également contre Mgr Barros, l'évêque d'Osorno, qui fut un proche de Karadima et que le pape a toujours ostensiblement soutenu – y compris lors de son voyage au Chili en janvier dernier.

Est-ce parce que le pape a vécu et étudié au Chili, qu’il y a des attaches personnelles, qu’il connaît bien le clergé ? L’incompréhension et la colère des victimes grandissait, devant les contradictions du pape François, qui certes exprimait sa "douleur" et sa "honte" devant les victimes, prêchait une "tolérance zéro" envers les prêtres pédophiles, mais refusait de voir les faits reprochés à Mgr Barros.


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