Des draps à la télécommande télé, tous ces microbes qui peuplent les chambres d’hôtel…

Santé
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Des draps à la télécommande télé, tous ces microbes qui peuplent les chambres d’hôtel…

Primrose Freestone, University of Leicester

Les vacances ne se passent pas toujours comme prévu… Dans notre série « Une semaine en enfers ! », nous décryptons ce qui peut aller de travers, depuis le mal des transports amplifiés lors des départs en vacances aux piqûres de moustiques désormais capables de transmettre des virus tropicaux, en passant par les dangers microbiologiques méconnus des hôtels, les « traditionnels » coups de soleil, ou les dangers insoupçonnés… du jardinage, si vous pensiez rester tranquillement chez vous.


Pour la plupart d’entre nous, séjourner dans une chambre d’hôtel est soit une nécessité – si vous êtes en voyage d’affaires – soit quelque chose de plus exotique, attendu avec impatience puisque synonyme de vacances ou d’une excursion plus large.

Je suis microbiologiste, mon regard est un peu différent… Et si je vous disais qu’il y a de fortes chances que votre chambre d’hôtel, malgré son état apparemment impeccable (à l’œil nu), ne soit pas si propre que cela ? Ce n’est pas une question de prix. Une chambre dans un établissement coté ne sera pas forcément moins sale.

En effet, la personne qui a séjourné dans « votre » chambre avant vous (et tous ceux qui vous auront précédé) aura déposé des bactéries, des champignons et des virus sur tout le mobilier, les tapis, les rideaux et les diverses surfaces. Combien il reste de ces germes abandonnés un peu partout dépend de l’efficacité avec laquelle votre chambre est nettoyée par le personnel de l’hôtel. Et, de façon plus générale, soyons honnêtes, ce qui est considéré comme propre par un hôtel peut être différent de ce que vous considérez comme propre.

En général, l’évaluation de la propreté d’une chambre d’hôtel est basée sur des observations visuelles et olfactives – et non sur la microbiologie des lieux… Tout invisible qu’elle soit, c’est d’elle que viennent les éventuels risques d’infection. Je vous invite à petit tour dans le monde des germes, des insectes et autres virus pour découvrir ce qui pourrait se cacher là.

Tout commence à l’ascenseur…

Avant même d’entrer dans votre chambre, considérez les boutons d’ascenseur de l’hôtel comme des foyers microbiens… Ils sont pressés en permanence par une foule de gens différents, qui n’ont pas forcément eu l’occasion de se laver les mains récemment. Ils ont ainsi pu déposer au passage une fraction des micro-organismes présents au bout de leurs doigts ; micro-organismes qui gagneront ensuite les doigts de la personne qui vient de le toucher.

Même chose pour les poignées de porte, qui peuvent être tout aussi contaminées si elles ne sont pas désinfectées régulièrement. Avant de vous toucher le visage, de manger ou de boire, lavez-vous les mains ou utilisez un gel désinfectant !

Les infections les plus courantes attrapées dans les chambres d’hôtel sont les maux de ventre – diarrhées et vomissements. Mais l’on peut aussi être contaminé par divers virus respiratoires, et développer rhume, une pneumonie… ainsi que le nouveau venu qu’est le Covid.

Porte d’entrée d’un hôtel.
Bienvenue au paradis des germes… Pexels/Pixabay

De façon contre-intuitive peut-être, les toilettes et salles de bains sont un espace relativement pus sûr. Elles sont en effet généralement nettoyées plus soigneusement que le reste de la chambre et s’avèrent ainsi souvent être les environnements les moins colonisés sur le plan bactériologique dans les hôtels.

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Seuls points à surveiller de la salle de bains : le verre à dents, déjà. S’il n’est pas jetable, lavez-le avant de l’utiliser (le gel douche ou le shampoing font parfaitement l’affaire). On ne peut jamais être vraiment sûr qu’il a été nettoyé correctement. Et à nouveau les poignées de porte, qui peuvent également être colonisées par des agents pathogènes provenant de mains non lavées ou de gants de toilette sales…

Où se cache le danger ?

Toute la literie peut évidemment elle aussi accueillir des visiteurs indésirables. Une étude réalisée en 2020 a montré qu’après l’occupation d’une chambre par un patient présymptomatique atteint de Covid-19, de nombreuses surfaces étaient fortement contaminées par le virus. Les draps, la taie d’oreiller et la housse d’édredon étaient particulièrement touchés.

Si les draps et les taies d’oreiller sont normalement changés entre deux occupants, ce n’est pas le cas des couvre-lits : ce qui signifie que ces tissus peuvent devenir des réservoirs invisibles d’agents pathogènes – autant sinon plus qu’un siège de toilettes. Cependant, parfois, les draps ne sont pas changés entre les hôtes, et là… il peut donc être préférable d’apporter les vôtres.

Mais une chambre d’hôtel, ce n’est pas qu’un lit. On pense moins à ce qui se trouve sur le bureau, la table de nuit, le téléphone, la bouilloire, la machine à café, l’interrupteur ou la télécommande de la télévision… Or toutes ces surfaces ne sont pas toujours désinfectées entre les clients.

Télécommande sur un lit d’hôtel.
À manipuler avec attention : les télécommandes font partie des objets les plus contaminés des chambres d’hôtel ! Pexels/Karolina grabowska

Des virus (norovirus responsable de diarrhées, SARS-CoV-2 du Covid, etc.) peuvent subsister sous forme infectieuse pendant des jours sur les surfaces dures. Et l’intervalle de temps typique entre les changements de chambre est souvent inférieur à 12 heures.

Les tissus d’ameublement des coussins, chaises, rideaux ou stores sont, enfin, difficiles à nettoyer et peuvent n’être désinfectés que lorsque l’hôtellerie doit enlever des taches visibles.

Les invités non sollicités

Si tous ces germes et ces surfaces sales ne suffisent pas, il faut aussi penser aux punaises de lit (Cimex lectularius). Ces insectes suceurs de sang ont un aspect brun-argenté et mesurent généralement de un à sept millimètres de long. Ils sont experts dans l’art de se cacher dans de petits espaces étroits et sont capables de rester dormants sans se nourrir pendant des mois.

Les petits espaces en question comprennent les fissures et les crevasses des bagages, des matelas et de la literie. Les punaises de lit sont répandues en Europe, en Afrique, aux États-Unis et en Asie – et sont souvent présentes dans les hôtels. Et ce n’est malheureusement pas parce qu’une chambre a l’air propre et sent bon qu’il n’y a pas de punaises de lit dans ses entrailles…

Femme de chambre préparant un lit.
Merci de ne pas utiliser les coussins d’ornement comme oreiller… Pexels/Cottonbro studio

Heureusement, les piqûres de punaises de lit ne semblent pas susceptibles de transmettre de maladies à notre espèce… Par contre, les zones de piqûre peuvent s’enflammer et s’infecter.

Pour détecter la présence de punaises de lit, des piqûres rougeâtres découvertes au matin et des taches de sang sur les draps sont les signes d’une infestation active (utilisez une crème antiseptique sur les piqûres). D’autres signes peuvent être trouvés sur le matelas, derrière la tête de lit et à l’intérieur des tiroirs et de l’armoire : des taches brunes peuvent être des restes d’excréments.

Informez l’hôtel si vous pensez qu’il y a des punaises de lit dans votre chambre. Et pour éviter de les emporter avec vous lors de votre départ, nettoyez soigneusement vos bagages et vos vêtements avant de les ouvrir chez vous.

Étant donné que les chambres des hôtels de haut standing sont généralement utilisées plus fréquemment, une chambre plus chère dans un hôtel cinq étoiles n’est pas nécessairement synonyme de plus grande propreté, car les frais de nettoyage des chambres réduisent les marges bénéficiaires. Quel que soit votre lieu de séjour, emportez un paquet de lingettes antiseptiques et utilisez-les sur les surfaces dures de votre chambre.

Les consignes d’hygiène basiques restent de mise même en vacances ! Lavez-vous ou désinfectez-vous souvent les mains, surtout avant de manger ou de boire. Enfin, emportez des pantoufles ou des chaussettes épaisses afin d’éviter de marcher pieds nus sur les moquettes des hôtels, connues pour être un autre point chaud de la saleté

Avec ces quelques précautions en tête, profitez tout de même de votre séjour !

Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of Leicester

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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