Emmanuel Macron renonce à sa future dotation d’ancien président

Politique

Pour ses successeurs, le nouveau système de retraite rentrera dans le cadre du régime universel par points. Le chef de l’Etat ne siégera pas non plus au Conseil constitutionnel.

Emmanuel Macron renonce par avance à sa future dotation d’ancien président de la République, a fait savoir l’Elysée samedi 21 décembre, confirmant une information du journal Le Parisien. Le chef de l’Etat, qui a fêté ses 42 ans ce samedi, a également décidé de ne pas siéger à l’avenir au Conseil constitutionnel, dont les anciens présidents sont membres de droit à vie, avec une indemnité mensuelle de 13 500 euros.

Cette décision intervient en plein mouvement de grève contre la réforme des retraites voulue par le chef de l’Etat qui a appelé, depuis Abidjan samedi, à une « trêve » au dix-septième jour de la mobilisation. Selon l’Elysée, « il n’y a pas de volonté d’affichage », seulement « une volonté de cohérence » de la part d’Emmanuel Macron. La présidence rappelle qu’il avait démissionné de la haute fonction publique le jour même de sa déclaration de candidature à la présidentielle, en novembre 2016.

Emmanuel Macron sera donc le premier président à renoncer au bénéfice de la loi du 3 avril 1955. En vertu de ce texte, les anciens chefs de l’Etat se voient verser à vie, dès leur départ de l’Elysée, une pension équivalente au salaire d’un conseiller d’Etat, soit 6 220 euros brut mensuels. Ce montant n’est soumis à aucune condition d’âge ni de durée de mandat, ni de plafond de revenus.

Pour les présidents aussi, une retraite par points

« Il a décidé qu’il ne s’appliquerait pas cette loi à court terme en 2022, ni en 2027 en cas de deuxième mandat », a rapporté l’Elysée. A la place, « un nouveau système sera créé dans le cadre du futur régime universel par points » pour les pensions des chefs de l’Etat. Selon l’Elysée, la cohérence veut que la loi de 1955 ne s’applique plus à aucun président à l’avenir. 

La décision de ne pas siéger au Conseil constitutionnel relève elle aussi d’une certaine cohérence, puisque la mesure figure dans le projet de réforme constitutionnelle qui attend encore de voir le jour. Des deux prédécesseurs de M. Macron, François Hollande a renoncé de lui-même à y siéger alors que Nicolas Sarkozy a démissionné du Conseil constitutionnel en 2013 suite à l’invalidation par cette instance de ses comptes de campagne pour l’élection présidentielle de 2012

La gauche dénonce la « démagogie » du président

Des responsables de gauche ont relativisé dimanche le renoncement d’Emmanuel Macron à toucher sa future pension d’ancien chef de l’Etat. « Que le président de la République, les ministres, les parlementaires soient alignés au régime général, c’est la moindre des choses », a salué le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et député du Nord Fabien Roussel dans l’émission « Le Grand Rendez-vous » sur Cnews et Europe 1. « Qu’on mette fin à ce type de privilèges, enfin ! »

« C’est insupportable, il n’y a que les grands seigneurs, les très riches, les importants qui peuvent se permettre ce genre de libéralités », a dénoncé dimanche midi le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, sur BFM-TV. « Il a les moyens de se passer d’une retraite de 6 000 euros, mais la plupart des gens n’ont pas ces moyens, personnellement je ne les ai pas », a ajouté le député des Bouches-du-Rhône, dénonçant la « démagogie » du président.

La présidente du groupe socialiste à l’Assemblée, Valérie Rabault, a, elle, évoqué une « drôle de façon de présenter les choses » de la part de l’Elysée : « 1. Le gouvernement veut supprimer les régimes spéciaux. 2. Le régime de retraite du président de la République est en quelque sorte un régime spécial. 3. Donc y a-t-il quelque chose d’extraordinaire à s’appliquer ce qu’on préconise pour les autres ? », a-t-elle demandé sur Twitter.

L’ancienne ministre socialiste Ségolène Royal a pour sa part considéré que, « la vraie question, c’est de savoir s’il renonce à retourner après l’Elysée dans le monde du business mondialisé avec les énormes retraites chapeaux qui vont avec et dont les montants sont sans commune mesure »…

A droite, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a dénoncé une « énième opération de communication ».« Je ne doute pas que les fonds de pension auxquels il offre le marché des retraites lui assureront un pantouflage doré ou des conférences bien rémunérées ! », a-t-il insisté.


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