Paris (AFP) - Dix protagonistes, dont quatre policiers, ont été renvoyés en correctionnelle dans l'enquête sur le vol inédit de près de 52 kilos de cocaïne en juillet 2014 au siège de la police judiciaire parisienne, a appris mardi l'AFP de sources concordantes.

Parmi les policiers visés dans cette affaire, qui avait secoué le prestigieux 36, quai des Orfèvres, Jonathan Guyot, alors en poste à la brigade des stupéfiants, fait figure de suspect principal, soupçonné d'avoir volé la drogue dans une salle des scellés ultrasécurisée dont il avait obtenu le code d'accès.

Les juges d'instruction ont suivi les réquisitions du parquet de Paris et demandé que le brigadier de 35 ans, qui a toujours nié les faits, soit jugé pour détournement de scellés par personne dépositaire de l'autorité publique, trafic de stupéfiants, blanchiment et tentative de blanchiment de ce trafic, a confirmé une source judiciaire.

L'enquête a mis en lumière de nombreux éléments à charge à l'encontre du policier, "très bien noté" jusqu'à son arrestation le 2 août 2014, quelques jours après la découverte du vol.

Reconnu sur les images de vidéosurveillance, il disposait du code du coffre renfermant la clé du local à scellés, a coupé son téléphone au moment du vol et "désespérément tenté de se construire un alibi", relève le parquet dans son réquisitoire, daté du 18 novembre et dont l'AFP a eu connaissance.

"Les fortes sommes d'argent en espèces retrouvées en sa possession, puis à son domicile, et celles qu'il a laissé en garde à son entourage", évaluées au total à 400.000 euros, sont autant de "faisceaux d'indices", souligne le ministère public.

Deux hommes soupçonnés d'avoir joué un rôle clé dans l'écoulement de la marchandise, d'une valeur estimée à deux millions d'euros à la revente et qui n'a jamais été retrouvée, ont également été renvoyés devant le tribunal: Farid Kharraki, 35 ans, interpellé en février après un an et demi de cavale et Moussa Bouzembrak, 32 ans, déjà condamné dans des affaires de stupéfiants. Ce dernier est en fuite et visé par un mandat d'arrêt.