Pokémon Go : trop de réalité (augmentée) tue la réalité

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De la même manière que l’homme augmenté est d’abord un homme diminué, la réalité augmentée, qu’elle soit ludique (« Pokémon Go ») ou fonctionnaliste (écrans des voitures autonomes) fige un postulat de réalité dégradée.

Donc tout le monde parle actuellement du phénomène « Pokémon Go ». Si vous êtes en cure de Digital detox ou habitez dans une grotte, il s’agit d’un jeu sur smartphone consistant à chercher (et à attraper) des Pokémon dans le monde réel.

L’interface utilise votre GPS et vous pouvez donc traquer et localiser « dans le monde réel » des petites bestioles cachées. Et votre smartphone se met à vibrer chaque fois que vous passez à proximité d’un Pokémon. Génie.

Évacuons d’abord ce dont toute la presse a déjà parlé.

Pas qu’un simple buzz estival

Oui, l’avenir du jeu vidéo passe par les applications, les smartphones et les dispositifs de réalité augmentée davantage que par les consoles. Dont acte.

Oui, « Pokémon Go » bat tous les records sur le plan du nombre d’installations, de bénéfices nets pour Nintendo, et compterait déjà plus d’utilisateurs que Tinder (sur Androïd). Dont acte.

Oui cette popularité atteint des sommets au point que la requête « Pokémon Go » est plus populaire que la requête « porn ». Dont acte.

Oui, il y a déjà plein d’histoires rigolotes ou sordides qui contribuent à forger la légende du jeu, la plus célèbre étant celle de cette joueuse qui est tombée sur un (vrai) cadavre en cherchant des Pokémon. Mais on a aussi les chutes de skateboard suite à l’apparition inattendue d’un Pokémon. Et des braquages à main armée à l’aide d’un module leurre qui vous fait croire qu’il y a plein de Pokémon à un endroit donné pour mieux pouvoir vous y attirer et vous braquer tranquillement. Et il y en aura encore plein d’autres dans les jours et les semaines à venir. Ainsi que d’inévitables Hoaxs. Dont acte.

Oui, « Pokémon Go » pose d’énormes problèmes en matière de confidentialité et de sécurité. Puisque l’interface « monde réel » est fabriquée par la société Niantic, start-up directement issue de Google, et que pour vous inscrire et jouer il vous faudra donc passer par votre compte Google et ainsi autoriser l’application (et la société Niantic et donc la société Nintendo éditrice du jeu...) à accéder à vos e-mails, vos documents partagés, etc. Faille de sécurité somme toute assez classique dans ce genre d’application, mais dont tout le monde s’est ému vu l’ampleur du phénomène et qui serait en train d’être corrigée... Dont acte.

Venons-en maintenant à ce qui m’intéresse et à la raison qui fait que ce « phénomène » me semble dépasser le simple buzz estival et pourrait bien acter un passage, une transition, un nouveau seuil dans notre habitus numérique, à l’échelle de ce que représenta l’invention et le déploiement de Google Maps....

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