Parcoursup : gare à l’« overbooking » des formations sélectives

Economie

Dans un peu plus d’un mois, les 810 000 élèves inscrits sur Parcoursup obtiendront les premières réponses aux voeux qu’ils ont formulés. Pour l’heure, les différentes formations trient et classent les candidatures reçues.

Mais cette étape de classement des candidats s’avère plus compliquée que prévue pour les formations sélectives (prépa, BTS ou encore DUT). En cause ? La fin de la hiérarchie des voeux des candidats. Pour éviter la pénurie d’étudiants à la rentrée, certaines formations sélectives pourraient procéder à un « overbooking » des candidats. En clair, accepter beaucoup plus d’élèves que de places disponibles pour la formation. Un système qui n’est pas sans risques.

Les conséquences de la fin de l’algorithme d’affectation

Pour bien comprendre ce qui est en jeu ici, il convient de revenir sur les transformations engendrées par Parcoursup. Jusqu’à l’an dernier sur APB, l’admission dans le supérieur se faisait grâce à un système de listes. Les candidats classaient différents voeux selon leurs préférences, et les formations classaient les candidats selon leurs résultats. Un algorithme d’affectation venait ensuite faire « matcher » les voeux des candidats et le classement des formations. Dès qu’un candidat était admis dans un établissement il démissionnait automatiquement de ses voeux classés en bas de sa liste et libérait ainsi des places. Tout se faisait automatiquement avant la première phase.

Prenons le cas d’une prépa de proximité de 40 places. L’un des enseignants chargés de l’admission détaille le fonctionnement. « L’an dernier, avec APB, nous recevions 2000 candidatures. Sur toutes ces candidatures, nous sélectionnions 400 candidats que nous jugions potentiellement aptes à rejoindre notre prépa ». Les candidats étaient ensuite classés selon leurs résultats. « Pour beaucoup d’élèves, notre prépa est un voeu de secours, détaille l’enseignant. Sur les 400 candidats classés, les 150 premiers partaient le plus souvent dans une prépa plus prestigieuse et libéraient leur place ».

Ainsi, les 40 places de la prépa étaient attribués à des élèves apparaissant plus bas dans le classement (du rang 100 à 250, par exemple). « Grâce à ces algorithmes d’affectation, dès le premier tour d’APB 70% des places pouvaient être attribuées ».

Mais cette année, avec Parcoursup, les élèves ne hiérarchisent plus leurs voeux et peuvent être admis dans plusieurs formations à la fois. Conséquence ? Ils ne libèrent plus automatiquement leur place et l’algorithme d’affectation ne peut plus fonctionner.

« Avec l’overbooking, nous sommes sûrs de remplir plus rapidement nos places » 

Reprenons l’exemple de notre prépa de proximité. Cette année, avec Parcoursup, elle a également reçu 2000 candidatures pour 40 places. À nouveau elle sélectionne 400 candidats potentiels. Mais contrairement à l’an dernier, il n’y a plus d’algorithme pour affecter les candidats dans la formation. Du coup, la prépa est placée face à un dilemme pour remplir ses 40 places.

La première option, la plus naturelle, est de dire oui aux 40 premiers candidats et de mettre les autres sur liste d’attente. Mais ces candidats sont ceux avec le meilleur dossier qui non seulement seront pris par cette prépa de proximité mais également dans des prépas beaucoup plus prestigieuses. « On sait pertinemment que les candidats en haut de notre liste ne viendront pas dans notre prépa de proximité, détaille l’enseignant. L’an dernier, avec APB, ce type de candidats libérait automatiquement leur place puisqu’ils nous classaient en dessous du voeu où ils étaient pris. Ce ne sera plus le cas avec Parcoursup ». En clair, si la prépa suit cette option, elle devra attendre que les 40 candidats signifient qu’ils sont pris ailleurs, puis elle répondra « oui » aux 40 candidats suivants sur liste d’attente et ainsi de suite. Il faudra donc de nombreuses semaines à la prépa pour remplir ses 40 places.

L’autre option de la prépa est de se baser sur son historique APB pour anticiper le nombre de candidats qui répondront favorablement. Si l’an dernier les 40 admis étaient classés, dans sa liste, du rang 100 à 250, plutôt que de dire « oui » à 40 candidats, la prépa peut procéder à un overbooking et dire « oui » à 250 candidats. Ainsi, elle est certaine de remplir ses 40 places. Comme l’an dernier, ceux avec un meilleur dossier iront ailleurs et les autres rejoindront la prépa. Mais cette option est un véritable coup de poker. « Avec cet overbooking, nous sommes sûrs de remplir plus rapidement nos 40 places, mais nous prenons le risque que trop de candidats acceptent la proposition », s’inquiète l’enseignant. Un peu comme les compagnies aériennes vendant plus de places en pariant sur des défections de dernière minute, ces formations parient sur la non-venue de centaines de candidats.


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