À l'occasion de la Semaine du cerveau, revenons sur quelques découvertes récentes dont plusieurs ont fortement modifié notre vision du fonctionnement cérébral. Commençons par la publication étonnante d'une équipe de neurophysiologistes qui avait lâché une bombe pendant... la Semaine du cerveau 2017. Selon ce travail, qui ne semble pas avoir été contredit depuis, les dendrites, ces prolongements du neurone que l'on assimilait à des fils électriques, participent sans doute au traitement de l'information. L'idée n'est pas nouvelle mais la preuve est faite et ces chercheurs ajoutent un fait nouveau : il y a aussi de l'analogique dans le cerveau.
Faut-il réviser nos conceptions sur le fonctionnement des neurones du cerveau ? Oui, affirment des biologistes de l'Ucla (Université de Californie à Los Angeles), après une étude qui apporte du relief à la Semaine du cerveau. C'est le rôle des dendrites qui serait à revoir, expliquent-ils dans un article de Science.
Jusqu'ici, on pensait que l'influx nerveux prenait naissance dans le corps cellulaire du neurone, ou soma, pour se propager ensuite dans l'axone afin d'atteindre les dendrites des neurones suivants, en aval dans le sens de propagation du signal.
En somme, les dendrites ne seraient que des conducteurs électriques. Cette vision, peut-être influencée par nos circuits électroniques (le processeur et ses connecteurs correspondant au soma et à ses dendrites), semble trop simpliste.
Les dendrites génèrent dix fois plus d’influx que le soma
L'équipe de l'Ucla, dirigée par la neurophysiologiste Mayank Mehta, a fait à peu près la même chose mais avec un soin supplémentaire : les électrodes ne viennent pas perforer les dendrites, ce qui altère le fonctionnement du neurone, selon ces chercheurs. Elles viennent simplement au contact. Le résultat fait plus que confirmer les précédents : les dendrites génèrent dix fois plus de signaux nerveux que les corps cellulaires !
Depuis plusieurs années, des indices laissaient penser que les dendrites peuvent générer aussi cet influx nerveux. En 2013, nous rapportions une expérience qui le montrait nettement. Des électrodes avaient été implantées dans le cerveau de souris jusqu'à venir toucher des dendrites et elles avaient bien détecté des « potentiels d'action », ces vagues de dépolarisation de la membrane qui constituent l'influx nerveux.
Loin d'être des câbles électriques, ces structures participeraient donc au travail du cerveau. Or, rappelle Mayank Mehta dans le communiqué de l’Ucla, les dendrites représentent 90 % du volume cérébral. « Savoir qu'elles sont beaucoup plus actives que le soma change fondamentalement notre compréhension de la manière dont le cerveau traite l'information. »
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