« La grève chez Deliveroo vient s’ajouter à la longue liste des mobilisations sociales dans l’économie numérique »

Economie

Le chercheur Christophe Degryse rappelle, dans une tribune au « Monde », que les youtubeurs de Google, les caristes d’Amazon, les modérateurs de Facebook, les chauffeurs d’Uber, ont eux aussi inventé des formes inédites de conflit social pour faire entendre leurs revendications

Tribune. La grève perlée des coursiers Deliveroo dans plusieurs grandes villes françaises vient s’ajouter à la liste chaque jour plus longue des mobilisations sociales menées dans les entreprises stars de l’économie numérique. La courte histoire de Deliveroo et d’Uber est déjà émaillée de multiples campagnes, d’actions collectives et de grèves un peu partout dans le monde. Ce sont tour à tour les conditions de travail, le statut du travailleur, les rémunérations, le non-accès aux droits sociaux qui y sont dénoncés.

Au-delà de Deliveroo et d’Uber, les youtubeurs de Google tentent aussi de s’organiser. La campagne FairTube actuellement en cours vise à obtenir plus de justice et de transparence pour les créateurs de vidéos. Les modes de rémunération de ces youtubeurs sont en effet opaques et les décisions que Google s’autorise à prendre, notamment en matière de démonétisation de vidéos dans certains pays sans explications claires (autres que : « Contenu non adapté aux annonceurs »), affectent directement les revenus des créateurs.

Chez Amazon, ce sont les travailleurs des grands entrepôts qui dénoncent de plus en plus ouvertement leurs conditions de travail et tentent de s’organiser, y compris aux Etats-Unis. Les algorithmes de la firme licencient automatiquement les travailleurs insuffisamment productifs (« Amazon’s system can automatically fire its warehouse workers », « The Download », MIT Technology Review, 26 avril 2019). Amazon se défend en payant certains de ses employés pour qu’ils tweetent sur leurs si enviables conditions de travail, dans l’espoir de freiner une poussée de syndicalisation.

Syndromes de stress post-traumatiques

Et l’on peut multiplier les exemples, à l’image des microtravailleurs de plates-formes, souvent très mal rémunérés pour nettoyer, classer et étiqueter des données utilisées par l’intelligence artificielle, ou pour venir en aide aux assistants virtuels de Google Duplex qui ont encore un grand besoin de petites mains. Que dire encore de ces armées de modérateurs de contenu de Facebook qui visionnent jour après jour, pour les bloquer, des contenus si violents qu’ils en subissent des syndromes de stress post-traumatiques ?

Ces plates-formes trouvent dans la technologie et dans les failles du droit social national matière à pratiquer une forme d’« évasion sociale »


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