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Hygiène : les barbes sont-elles des nids à microbes ?

Santé

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Hygiène :les barbes sont-elles des nids à microbes ?

Les barbes fournies demandent un entretien certain. Bernardo Emanuelle/Shutterstock
Primrose Freestone, University of Leicester

Les barbes les plus fournies suscitent souvent un mélange d’admiration, pour le style qu’elles confèrent à leurs porteurs, et de suspicion, quant à leur propreté et aux problèmes d’hygiène qu’elles pourraient poser. À tort, ou à raison ?


La peau humaine héberge des milliards de microorganismes – non seulement des bactéries, pour l’essentiel, mais aussi des champignons et des virus. Or, la pilosité faciale constitue un environnement propice à leur prolifération. Des travaux de recherche ont révélé que les barbes abritent une population microbienne particulièrement dense et variée, ce qui a contribué à alimenter l’idée selon laquelle elles seraient intrinsèquement peu hygiéniques.

On a même récemment pu lire, dans les colonnes du très sérieux quotidien Washington Post, qu’une barbe « moyenne » pouvait contenir davantage de germes que certaines cuvettes de WC… Est-ce à dire que porter la barbe fait courir un risque sanitaire ?

Un examen attentif des données scientifiques disponibles révèle une réalité plus nuancée.

Des études contradictoires

La composition microbienne de la peau varie selon la zone considérée. Elle dépend de divers facteurs, tels que la température, le pH (qui rend compte du caractère acide ou basique d’un milieu), l’humidité et la disponibilité en nutriments. Le port de la barbe crée un milieu chaud et souvent humide où le sébum – et parfois les résidus alimentaires – peuvent s’accumuler, ce qui constitue des conditions idéales pour la prolifération microbienne.

Cette situation favorable est d’autant plus propice aux microorganismes que notre visage est exposé en permanence à de nouveaux contaminants, notamment par l’intermédiaire de nos mains, que nous portons fréquemment à notre visage.

Les premières préoccupations scientifiques quant à l’hygiène des barbes remontent à plus de cinquante ans. Des études pionnières avaient à l’époque démontré que la pilosité faciale pouvait retenir bactéries et toxines bactériennes, même après nettoyage, ce qui avait alimenté l’idée que la barbe aurait pu constituer un réservoir bactérien dangereux pour autrui, car exposant à des risques d’infection.

Chez les professionnels de santé, le port de la barbe a longtemps été controversé, notamment dans les hôpitaux, où la lutte contre la transmission des pathogènes est cruciale. Les résultats des recherches menées en milieu hospitalier sont toutefois contrastés. Certes, une étude a révélé que les soignants barbus avaient une charge bactérienne faciale plus élevée que leurs homologues rasés de près.

D’autres travaux, qui avaient comparé la charge microbienne de pilosités faciales humaines avec celle de pelages de chiens (pour savoir s’il existait un risque à employer un même appareil d’IRM pour les uns et pour les autres), ont révélé que la plupart des barbes hébergent nettement plus de microbes que le pelage des chiens, et notamment davantage de bactéries potentiellement pathogènes. La conclusion était claire : « Utiliser les mêmes machines d’IRM pour les chiens et les êtres humains ne présentent aucun risque pour ces derniers ».

Un chien se tenant devant une machine d’IRM.
Chiens et humains peuvent partager les mêmes IRM sans risque particulier. Dmytro Zinkevych/Shutterstock

Cependant, d’autres recherches remettent en cause l’idée que le port de la barbe pourrait être à l’origine d’un surrisque infectieux. Ainsi, des travaux comparant des soignants barbus avec leurs collègues glabres n’ont mis en évidence aucune différence significative de colonisation bactérienne entre les uns et les autres. Les mêmes chercheurs ont, par ailleurs, observé que les praticiens barbus étaient moins souvent porteurs de la bactérie Staphylococcus aureus, qui est le principal agent à l’origine d’infections nosocomiales (infections acquises à l’hôpital). Ils n’ont pas non plus remarqué de taux d’infection plus élevés chez les patients opérés par des chirurgiens barbus (et portant un masque) que chez les autres.


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Les barbes peuvent toutefois véhiculer certaines infections cutanées, telles que l’impétigo, un rash (ou éruption) contagieux souvent dû à S. aureus, lequel est malgré tout fréquemment présent au niveau de la pilosité faciale. Dans de rares cas, on peut aussi retrouver dans certaines barbes des parasites tels que les poux du pubis (communément appelés morpions) – qui, comme leur nom l’indique, sont habituellement plutôt localisés au niveau inguinal. En cas de mauvaise hygiène, ou de contact prolongé avec une personne infectée, ceux-ci peuvent en effet finir par coloniser la barbe, les sourcils voire les cils.

Maintenir une bonne hygiène de barbe

Une barbe négligée peut favoriser irritation, inflammation et infection. La peau sous la barbe – riche en vaisseaux sanguins, terminaisons nerveuses et cellules immunitaires – est en effet très sensible aux agressions microbiologiques et environnementales. L’accumulation de sébum, de cellules mortes, de résidus alimentaires et de polluants peut l’irriter, et favoriser la croissance de champignons et de bactéries.

En définitive, est-ce que les barbes sont sales ? Comme souvent, tout dépend du soin qui leur est porté. Les experts recommandent vivement de laver quotidiennement sa barbe et son visage afin d’éliminer saletés, sébum, allergènes et cellules mortes, et prévenir ainsi la prolifération microbienne.

Les dermatologues conseillent également de procéder à une hydratation, pour éviter la sécheresse. Autres recommandations : peigner régulièrement sa barbe avec un peigne consacré à cet usage, afin d’en éliminer les saletés, et la tailler régulièrement. Ces quelques gestes quotidiens améliorent l’esthétique de la barbe, et permettent de la garder en pleine santé, en assurant une hygiène irréprochable.

Primrose Freestone, Senior Lecturer in Clinical Microbiology, University of Leicester

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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