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C’est une victoire étroite, lourde d’inconnues, que celle remportée par Recep Tayyip Erdogan dimanche 16 avril lors du référendum destiné à instaurer une « hyperprésidence », donnant au chef de l’Etat des pouvoirs sans précédent, lui permettant de contrôler l’exécutif mais aussi très largement le législatif et le judiciaire. Le oui l’a emporté avec 51,3 % des suffrages, selon des résultats non encore définitifs. Loin du plébiscite escompté il y a encore quelques mois par celui que ses partisans appellent « reis » (le chef) et qui se sentait renforcé après l’échec du coup d’Etat militaire de juillet 2016. Près de 25 millions d’électeurs turcs ont voté pour les dix-huit amendements à la Constitution, soit 1,5 million de plus que ceux qui les ont rejetés.

S’adressant à plusieurs centaines de ses supporteurs réunis devant son palais de Tarabya, sur la rive européenne du Bosphore, M. Erdogan a évoqué une « victoire historique » en insistant sur le rôle « décisif » du vote des Turcs de l’étranger. « Le 16 avril est une victoire pour la Turquie pour ceux qui ont voté oui et pour ceux qui ont voté non », a-t-il clamé.

« Le pays a pris une décision historique », s’est félicité le chef de l’Etat, tout en mettant en garde tous ceux qui contesteraient le résultat de la consultation. « Tout le monde devrait respecter la décision de notre nation, en particulier nos alliés », a-t-il insisté alors que les Européens n’ont pas caché leurs inquiétudes sur une réforme constitutionnelle qui remet en cause nombre des principes de l’Etat de droit et notamment la séparation des pouvoirs.

Divisions internes accrues

Le caractère pour le moins étriqué de la victoire du oui représente un véritable camouflet pour l’homme fort de la Turquie. Le non gagne en effet dans les grandes villes du pays, à commencer par Istanbul, dont M. Erdogan fut le maire, et Ankara. C’est un signal fort car ces deux villes votent majoritairement depuis 1994 pour les partis islamistes, d’abord le Parti de la prospérité (Refah, dissous en 1998), puis, depuis 2002, pour le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan.

Les habitants de plusieurs quartiers d’Istanbul acquis au non – entre autres à Besiktas, du côté européen du Bosphore, à Kadiköy et à Maltepe, côté asiatique – sont descendus dans la rue pour protester contre la victoire du président. A Sisli et à Cihangir, d’autres partisans du non se sont livrés à un concert de casseroles depuis leurs fenêtres et leurs balcons, peu après l’annonce des résultats.n coma profond.


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