Covid-19 : comment retarder la seconde vague de l'épidémie ?

Santé

Alors qu'en Europe nous ne sommes qu'au début du confinement, la Chine vient de lever les restrictions après deux mois de quarantaine. Se pose alors pour le pays la question sensible du « déconfinement » de la population, comment retrouver une vie normale en évitant le retour précoce de l'épidémie ? Une étude publiée dans The Lancet a testé plusieurs scénarios dont un qui permettrait de gagner deux mois.

Dans la province de Hubei en Chine, les habitants retrouvent un semblant de vie normale après plus de deux mois de confinement. Les autorités chinoises ont annoncé la levée des restrictions le 25 mars dernier. Les habitants pourront circuler à leur guise s'ils ne présentent aucun signe de Covid-19. Ce sont donc 56 millions d'habitants - soit un peu moins que la population italienne - qui retrouveront leur liberté. Mais à Wuhan, chef-lieu de la province et foyer initial de l'épidémie, les habitants devront encore attendre le 8 avril.

Cette décision intervient alors que l'épidémie connaît un sérieux coup de frein en Chine. En cinq jours, seuls un nouveau cas local et sept décès ont été recensés à Wuhan. Les autres cas ne concernent que des personnes infectées revenant de l'étranger.

La Chine est désormais confrontée à une situation tout aussi délicate que l'instauration de mesures barrière à l'aube de l'épidémie : le « déconfinement » de millions de personnes. Si les mesures instaurées sont suspendues du jour au lendemain, une seconde vague épidémique pourrait déferler sur le pays.

Une étude parue dans The Lancet a simulé les effets de la levée brutale ou progressive du confinement sur la temporalité et l'ampleur de cette seconde vague. Selon elle, maintenir les mesures un mois de plus retarderait l'arrivée du second pic épidémique de deux mois.

Les mesures de restrictions testées dans la simulation. Aucune mesure, les mesures minimales (violet), des mesures strictes et un assouplissement en mars (rouge) et enfin, des mesures strictes et un assouplissement en avril (bleu). © Kiesha Prem et al., The Lancet

Préparer le « déconfinement » après le pic épidémique

C'est une simulation informatique qui a fourni ces prévisions. Elle est basée sur un modèle compartimental épidémiologique appelé « susceptible-exposed-infectious-removed », ou SEIR, qui est utilisé couramment pour estimer le nombre d'infectés. Pour chaque mesure de distanciation sociale, comme la fermeture d'entreprise et des écoles, la simulation a prédit le nombre d'infectés en fonction du temps.

Les résultats suggèrent que, si ces mesures de confinement sont levées en mars, une seconde vague épidémique peut arriver dès la fin du mois d'août. A contrario, maintenir ces mesures jusqu'en avril retarderait le second pic épidémique de deux mois. La seconde vague n'arriverait qu'en octobre, laissant le temps aux infrastructures de santé de souffler et de se préparer.

« Les mesures sans précédent prises à Wuhan pour réduire les contacts sociaux dans les écoles et sur le lieu de travail ont participé au contrôle de l'épidémie, explique Kiesha Prem, du London School of Hygiene & Tropical Medicine, qui a mené cette étude. Néanmoins, la ville doit désormais être très prudente pour éviter de lever les mesures de distanciation sociale prématurément, car elle pourrait conduire à un second pic précoce. Mais s'ils allègent les restrictions graduellement, cela pourrait retarder et réduire le pic. »

Les effets des différentes mesures de distanciation physique sur l'incidence cumulative (A) de l'épidémie, les nouveaux cas quotidiens (B), sur l'incidence spécifique à l'âge (C à G) de la fin 2019 à la fin 2020. La courbe indique en violet : aucune intervention théorique, en bleu : vacances scolaires et Nouvel an chinois, en orange : effet d'une levée des restrictions en mars, en jaune : effet d'une levée des restrictions en avril. © Kiesha Prem et al., The Lancet

Une étude limitée mais un aperçu intéressant

Comme toutes les simulations, celle-ci possède ses limites. Les scientifiques ont volontairement considéré que les enfants étaient aussi contagieux que les adultes pour simplifier les calculs. De plus, le même taux de reproduction de base (R0) a été appliqué pour tous les cas comptabilisés. Ainsi, les « super-spreader » capables d'infecter beaucoup plus de personnes que le R0 moyen n'ont pas été prises en compte. Elle n'est pas forcément transposable à tous les pays puisqu'elle est basée sur les données disponibles pour la ville de Wuhan.

Malgré cela, elle offre une perspective intéressante sur les moyens pour limiter la seconde vague épidémique. Elle peut permettre aux gouvernements et aux autorités de prendre des décisions sur la gestion d'après-crise.

« Étant donné que de nombreux pays où l'épidémie augmente sont potentiellement confrontés à la première phase de confinement, des moyens sûrs de sortir de la situation doivent être identifiés... », suggère Tim Colbourne, un scientifique à l'University College de Londres, indépendant de cette étude dans un commentaire.

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