Canicule : la climatisation accroît la consommation électrique

Economie

La canicule n’échauffe pas seulement les esprits. Elle pèse aussi lourdement sur la consommation et la production d’électricité. Après avoir battu des records en juillet dans plusieurs pays d’Europe, les températures du mois d’août s’annoncent comme certaines des plus hautes du siècle.

En France, le mois de juillet est le troisième mois le plus chaud depuis 1900, avec trois vagues de chaleur successives. En début de semaine, les températures pourraient dépasser localement les 40 degrés dans le sud du pays. Lundi, d’après Météo France, 67 départements étaient toujours en vigilance orange canicule, autant que l’année record de 2017. 

Cette situation fait le bonheur des fabricants de climatiseurs. Les chiffres des ventes de l’été ne sont pas encore connus, mais la tendance s’annonce d’ores et déjà très forte. L’an dernier, plus de 500 000 unités ont été vendues, soit 8 % de plus qu’en 2016. A l’heure où l’efficacité énergétique est devenue un enjeu essentiel, l’augmentation du nombre de climatiseurs provoque une hausse de la consommation d’électricité, de plus en plus sensible chaque été.

Ces derniers jours, la production électrique française a connu un pic de consommation à la mi-journée, autour de 55 000 mégawatts, au-delà des chiffres constatés habituellement en août, où l’activité économique est réduite, en particulier dans l’industrie. « Avec les besoins de climatisation, chaque degré supplémentaire par rapport aux normales de saison demande la mobilisation de l’équivalent d’un demi-réacteur nucléaire », résume Pierre Leplatois, consultant au cabinet SIA Partners et expert du réseau électrique.

L’été, le pic intervient à la mi-journée, au moment où les climatiseurs, souvent très énergivores, s’ajoutent aux ordinateurs, aux appareils de cuisson pour le déjeuner et aux usages industriels. Les besoins sont particulièrement marqués en Ile-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, note SIA Partners dans une étude réalisée pour Le Monde sur la vague de chaleur 2018.

« On arrose toute l’Europe »

« Les villes sont particulièrement touchées par ces vagues de chaleur, avec des amplifications allant jusqu’à 5 degrés de plus par rapport aux zones rurales en raison de la différence de nature de l’occupation des sols », relève également SIA Partners, qui souligne que les îlots de chaleur urbains empêchent la baisse de la température pendant la nuit.

Pour autant, la France n’a pas de raisons de s’inquiéter de son approvisionnement en électricité : les centrales nucléaires sont très majoritairement disponibles et permettent de couvrir largement les besoins. A cela s’ajoute un très haut rendement des panneaux solaires. « La France exporte massivement sa production électrique depuis le début de la canicule. On arrose toute l’Europe », observe Pierre Leplatois. L’Allemagne, grâce à sa production photovoltaïque, se trouve également en situation de forte exportation.

Du fait de la canicule, EDF a dû, en fin de semaine dernière, arrêter et diminuer la production de plusieurs réacteurs nucléaires situés en bord de fleuve. La réglementation environnementale interdit aux centrales de rejeter de l’eau trop chaude pour ne pas modifier l’équilibre environnemental. Mais ces arrêts de production ne devraient pas avoir d’impact direct sur les consommateurs et les entreprises.

Les fortes chaleurs ont aussi une incidence sur la production éolienne, avec une baisse marquée compte tenu de la faiblesse du vent. Ailleurs en Europe et dans le monde, de nombreux pays ont recours à des centrales thermiques au gaz ou au charbon pour faire face aux pointes de consommation électrique dues à l’utilisation de la climatisation. Celle-ci augmente les émissions de gaz à effet de serre.

Dans un rapport intitulé « Le futur du refroidissement » et rendu public le 15 mai, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estimait que la hausse exponentielle de la consommation d’électricité liée aux besoins en air conditionné pourrait conduire à plus de production électrique à partir d’énergies fossiles et rendre plus difficile, voire impossible, d’atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris sur le climat adopté en décembre 2015.

A l’heure actuelle, 1,6 milliard de climatiseurs sont utilisés dans le monde, dont la moitié aux Etats-Unis et en Chine. Ils nécessitent plus de 2 000 térawattheures d’électricité par an, soit quatre fois la consommation annuelle d’électricité en France. Selon l’AIE, le nombre d’unités installées dans le monde pourrait atteindre 5 milliards en 2050.


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