Assistants FN : le Parlement européen réévalue son préjudice à la hausse

Politique

Le Front national a-t-il vécu indûment sur les fonds du Parlement européen pendant de nombreuses années ? Bruxelles a, semble-t-il, déjà répondu à cette question, qui occupe plusieurs juges d’instruction français depuis l’ouverture d’une enquête, en décembre 2016, pour « abus de confiance, escroquerie en bande organisée, travail dissimulé, faux et usage de faux ».

L’organe législatif de l’Union européenne vient ainsi de réévaluer à la hausse le préjudice qu’il aurait subi du détournement de ses fonds affectés aux assistants parlementaires frontistes qui auraient travaillé en réalité pour le compte du parti en France, ce qui est absolument proscrit par les règles du Parlement.

Jusqu’ici estimée à un peu moins de 5 millions d’euros par les conseils de l’instance européenne, Mes Patrick et Antoine Maisonneuve, la facture vient d’être réévaluée à un peu moins de 7 millions d’euros, soit une augmentation de 1,8 million, a indiqué le Journal du dimanche, le 4 mars.

Une conséquence directe de l’élargissement de l’enquête française menée par les juges Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke, auxquels le parquet de Paris a récemment accordé un réquisitoire supplétif leur permettant de travailler sur une période allant de 2009 à 2017, et non plus à partir de 2012, comme c’était le cas jusqu’ici.

Outre de nombreux documents saisis par les policiers, oscillant entre le burlesque – tel cet assistant parlementaire officiellement salarié du Parlement européen qui n’a eu aucun échange téléphonique avec la députée pour laquelle il était censé travailler pendant la durée de son contrat – et le plus embarrassant – plusieurs notes du trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, évoquent clairement les économies que le FN peut réaliser grâce au Parlement européen –, les enquêteurs disposent de nombreux témoignages laissant entendre qu’un système de détournement des fonds européens avait bel et bien été mis en place.

« Persécutions » et « acharnement »

Le dernier en date, révélé par Le Monde, est celui de l’homme-clé du système. Charles Van Houtte, comptable fiscalistebelge, ancien assistant parlementaire accrédité de Marine Le Pen et ex-administrateur au Parlement européen auprès d’Europe des nations et des libertés, le groupe politique créé, en juin 2015, par le FN et ses alliés de l’extrême droite européenne, a supervisépendant plusieurs années (et jusqu’en 2015) pour le Front national « les tableaux de synthèse pour tous les députés afin d’avoir une vue globale sur les dépenses ».

Entendu en septembre 2017, il a confirmé les soupçons des enquêteurs sur deux points-clés visant directement l’actuelle présidente du parti, Marine Le Pen, mise en examen pour « abus de confiance » pour avoir salarié en tant qu’assistants parlementaires Thierry Légier, qui occupait de fait les fonctions de garde du corps, ainsi que Catherine Griset, sa directrice de cabinet. « Oui, je vous confirme que son contrat d’assistant parlementaire était fictif », répond-il aux policiers belges au sujet de M. Légier. « Pour répondre à votre question, elle n’a pas exercé ses fonctions d’assistante accréditée à temps plein », dit-il ensuite concernant Mme Griset.


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