Regarder des dizaines de vidéos d’émeutes ou d’affrontements en marge d’une manif, cela s’appelle le « riot porn ». Voyeuriste ? Malsain ? Pas si simple.
« Je suis restée place de la Nation après la manifestation, mais c’était vraiment du riot porn », m’a dit une amie le 1er mai. Après le défilé, alors que la foule se dispersait, elle était restée pour voir les émeutes.
Après m’avoir décrit la lumière rasante de fin d’après-midi à travers l’écran de fumée des gaz, les silhouettes vêtues de noir qui courent tête baissée, elle avait dit :
« Il y a quelque chose de très cinématographique dans tout ça. »
Elle n’est pas la seule, en ces temps d’agitation sociale, de manifs et d’occupations diverses largement médiatisées sur tous les canaux, à m’avoir parlé de « riot porn
« Mater du riot porn sur YouTube »
Le terme est importé de l’anglais, comme le « food porn », le fait de prendre en photo ses plats avant de les manger. Voici comment le site américain « Urban Dictionary » le définit :
« Formes de médias montrant des gens en train de faire une émeute, de manifester ou de faire grève, et regardées comme un divertissement. Ces images incluent souvent un usage excessif de la force et des brutalités de la part de la police.
Exemple : “Je voulais me coucher tôt mais je suis resté jusqu’à trois heures du matin à mater du riot porn sur YouTube.” »
Plus précisément, le riot porn, c’est :
- à la fois un genre d’images, tournées pendant les émeutes et destinées à être consommées après, loin du champ de bataille ;
- et une façon de les regarder : en obéissant à quelque chose de pulsionnel en soi qui jouit du spectacle de la violence sans pour autant y participer, et qui ne serait pas tout à fait sûr d’avoir de bonnes justifications pour le faire...
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