Retraites : l’exécutif face au risque d’enlisement

Politique

Plus de trois semaines après le début de la contestation, l’opposition reproche au gouvernement de laisser pourrir la grève contre la réforme.

Plutôt que de cueillir le fruit, attendons qu’il pourrisse et tombe de lui-même. Telle serait l’attitude du gouvernement, en cette période de Noël, face à la fronde contre la réforme des retraites, qui est entrée, samedi 28 décembre, dans son vingt-quatrième jour de mobilisation. C’est déjà deux jours de plus que la grève de 1995 contre le plan Juppé, finalement retiré à l’époque pour calmer la rue.

Une partie des trains ne circule toujours pas et nombre de métros, à Paris, restent à l’arrêt. Sans que cela fasse bouger, en apparence, l’exécutif. « Le gouvernement joue la montre, il laisse pourrir la situation », a dénoncé Olivier Besancenot, chef de file du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). Même rhétorique du côté de Ségolène Royal. « Le gouvernement joue le pourrissement (…) alors qu’il aurait pu et dû obtenir une trêve pour Noël, a déploré l’ancienne ministre socialiste. L’ego l’a emporté sur le sens des responsabilités et du devoir d’apaisement. »

De fait, Emmanuel Macron et son premier ministre, Edouard Philippe, ne veulent pas donner le sentiment de reculer face à une mobilisation qui s’érode lentement (le taux de grévistes chez les conducteurs de la SNCF était de 38,8 %, vendredi 27 décembre, contre 49,3 % trois jours plus tôt).

« Ceux qui souhaitent continuer le conflit pour sauver les régimes spéciaux, on ne peut que leur dire que c’est décidé, acté, martèle-t-on à Matignon. Continuer à se mobiliser pour quelque chose qui ne se fera pas, ce n’est pas raisonnable. » « Les gens me disent de tenir, ajoute Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, rentré en Ardèche pour Noël. Il y a des interrogations, car c’est un sujet par nature anxiogène. Mais la demande d’équité est exprimée de manière très forte. La détermination, c’est la force de ce gouvernement. »

Pas question, donc, de renoncer aux deux totems de la réforme que sont la suppression des régimes spéciaux et l’instauration d’un âge pivot à 64 ans, malgré l’opposition des syndicats.

Ligne rouge

D’aucuns, néanmoins, notent que, après avoir menacé de se mettre en grève à partir du 3 janvier, les pilotes de ligne, hôtesses et stewards se félicitent d’avoir obtenu auprès du gouvernement, ces derniers jours, une retraite à taux plein dès 60 ans pour les premiers, ainsi que la préservation de leur caisse autonome de retraite complémentaire qui leur est commune. Un sérieux accroc à l’universalité du futur régime tant vantée par l’exécutif.


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