Réchauffement climatique : une catastrophe annoncée dans les océans et la cryosphère

Environnement

Avant même sa publication, les conclusions du prochain rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), portant sur les océans et la cryosphère, font déjà trembler. Accélération de la hausse du niveau des océans, accroissement des inondations et effondrement des ressources marines figurent parmi les catastrophes annoncées du fait du réchauffement climatique.

Le réchauffement climatique provoqué par les activités humaines va avoir des conséquences dramatiques sur les océans et la cryosphère, qui regroupe banquise, glaciers, calottes polaires et sols gelés en permanence. Ce sont les conclusions d'un rapport spécial du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), un organisme de l'ONU, qui sera dévoilé le 25 septembre à Monaco, que l'AFP s'est procuré en exclusivité et dont voici les principaux points.

Les grandes lignes d'un scénario inquiétant dans les océans

Les océans ont absorbé environ un quart des émissions de gaz à effet de serre produits par les humains depuis les années 1980. Comme résultat, ils sont plus chauds, plus acides et moins salés. La concentration d'oxygène dans les milieux marins a baissé de 2 % en 60 ans, et devrait perdre 3 ou 4 degrés supplémentaires si les émissions de CO2 restent au même niveau. En raison du réchauffement et de l'acidification, les réserves alimentaires dans des eaux tropicales peu profondes pourraient décroître de 40 %, mettant en péril notre capacité à nourrir la population mondiale.

La fréquence, l'intensité et l'étendue des vagues de chaleur marines comme celles qui ont ravagé la Grande barrière de corail australienne ont augmenté. Les coraux, dont un demi-milliard de personnes dépendent pour leur nourriture et leur protection, ne devraient pas survivre à un réchauffement de surface de 2 °C comparé aux niveaux préindustriels. D'autre part, un doublement des fréquences de phénomènes El Niño extrêmes - qui déclenchent des feux de forêt, provoquent des maladies et ont des effets sur les cyclones - est attendu si les émissions ne sont pas réduites.

Une tempête affecte le front de mer de Taizhou, dans l'est de la Chine, le 9 août 2019. On s'attend à ce que les phénomènes extrêmes tels que les tempêtes se multiplient avec le changement climatique, provoquant des dégâts de plus en plus importants sur les côtes, déjà mises à mal par la hausse du niveau marin. © AFP/Archive

Une tempête affecte le front de mer de Taizhou, dans l'est de la Chine, le 9 août 2019. On s'attend à ce que les phénomènes extrêmes tels que les tempêtes se multiplient avec le changement climatique, provoquant des dégâts de plus en plus importants sur les côtes, déjà mises à mal par la hausse du niveau marin. © AFP/Archive


Le niveau des océans va croître durant les siècles à venir, quelles que soient les mesures prises. Comparé avec la fin du XXe siècle, le niveau des océans devrait augmenter de 43 cm environ (29-59 cm) d'ici 2100 si le réchauffement global est maintenu à 2 °C. Il augmentera de 84 cm (61-110 cm) si les tendances actuelles se poursuivent, qui pourraient aboutir à un réchauffement global de 3°C ou 4°C. Au XXIIe siècle, le rythme d'élévation du niveau des mers pourraient s'accroître, de 3,6 millimètres par an aujourd'hui, à « plusieurs centimètres ». Globalement, 20 % à 90 % des zones humides devraient être perdues d'ici 2100, en raison de l'élévation prévue du niveau des mers.

Les dommages causés par les inondations pourraient augmenter de 100 à 1.000 fois d'ici 2100

La hausse du niveau des mers pourrait déplacer 280 millions de personnes, dans un scénario optimiste d'une hausse de 2 °C de la température mondiale par rapport à l'ère pré-industrielle. Avec l'augmentation prévisible de la fréquence des cyclones, de nombreuses mégapoles côtières, mais aussi de petites nations insulaires, seraient frappées d'inondations chaque année à partir de 2050. Les dommages causés par les inondations pourraient augmenter de 100 à 1.000 fois d'ici 2100. L'élévation des mers forcera les régions côtières à prendre des mesures d'adaptation, les pays riches étant plus aptes à assurer une protection à leurs mégalopoles que les pays en développement, où les catégories les plus pauvres devraient se replier vers des terres plus en altitude, devenant des réfugiés du climat.

Un iceberg près de l'île de Kulusuk au Groenland, le 17 août 2019. Les calottes de l'Arctique et de l'Antarctique ne sont pas les seules masses glaciaires menacées par la fonte. Ce phénomène concerne les glaciers à travers le monde (Alpes, Himalaya, etc.), avec des répercussions sur l'approvisionnement en eau potable de près de deux milliards de personnes. © Jonathan NACKSTRAND - AFP/Archives

Un iceberg près de l'île de Kulusuk au Groenland, le 17 août 2019. Les calottes de l'Arctique et de l'Antarctique ne sont pas les seules masses glaciaires menacées par la fonte. Ce phénomène concerne les glaciers à travers le monde (Alpes, Himalaya, etc.), avec des répercussions sur l'approvisionnement en eau potable de près de deux milliards de personnes. © Jonathan NACKSTRAND - AFP/Archives

La fonte irrépressible de l'ensemble des glaces de la planète

Les calottes glaciaires en Antarctique et au Groenland ont perdu en moyenne 430 milliards de tonnes chaque année depuis 2006, devenant la principale source de la hausse du niveau des océans. L'ensemble des glaciers, pas seulement ceux des pôles, sont concernés par ce déclin. Les quantités d'eau découlant de la fonte des glaciers vont atteindre un pic, puis vont décliner autour de 2100. Les glaciers situés à basse altitude, comme en Europe centrale, dans le Caucase, l'Asie du Nord et la Scandinavie, devraient perdre plus de 80 % de leur volume d'ici 2100. À travers le monde, plus de deux milliards de personnes dépendent des glaciers pour leur eau potable. Les montagnes devraient perdre une part importante de leur couverture neigeuse, avec des impacts importants sur l'agriculture, le tourisme et l'approvisionnement en énergie.

Jusqu'à 99 % du pergélisol pourrait fondre d'ici 2100

Un tiers, voire jusqu'à 99 % du pergélisol, cette couche de sol gelée en permanence, pourrait fondre d'ici 2100 si le réchauffement climatique continue au rythme actuel, relâchant encore plus de gaz à effet de serre. Dans un scénario optimiste, la zone impactée pourrait être limitée. Le niveau de mercure et de substances toxiques dans l'eau potable devrait augmenter avec la fonte des glaciers et du permafrost, qui contiendraient près de 800.000 tonnes de mercure.


Source : Réchauffement climatique : une catastrophe annoncée dans les océans et la cryosphère


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