Pressions mafieuses sur les élections municipales à Ajaccio

Politique

Deux incendies ont touché en juillet et en août les concessions d’un candidat indépendant, Jean-André Miniconi, concurrent le plus sérieux du maire actuel.

Comme souvent en Corse, des faits relevant apparemment de la petite délinquance peuvent révéler une emprise mafieuse. L’enquête sur l’incendie criminel, le 27 juillet, à Ajaccio, d’un atelier de réparation de motos, puis celle sur une tentative de même ordre, dans la nuit du 27 août, contre la concession Mercedes située à la sortie de la ville, ont conduit la justice à relier ces deux faits et à retenir « fortement » la thèse d’un mobile « politique ». Ces actes ont visé les entreprises de Jean-André Miniconi, premier concessionnaire automobile de l’île, et concurrent le plus sérieux à l’élection municipale de mars 2020 face au maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli.

L’interpellation pour un scooter volé et la mise en examen, le 29 août, de l’auteur présumé de la tentative d’incendie contre la concession, Jérémy Aguilar, âgé d’une trentaine d’années, n’ont permis d’éclairer que ce délit. Cet homme a reconnu avoir agi pour de l’argent mais il se refuse à livrer les noms des commanditaires. Les enquêteurs s’interrogent sur ses liens avec une bande active dans la microrégion Cargèse-Sagone. Un groupe, estimé à une vingtaine de personnes, suspecté de se livrer au trafic de stupéfiants et au racket, allié avec une mouvance criminelle plus importante régnant sur une zone située entre Ajaccio et Bonifacio, et pesant lourdement sur la vie économique et politique de cette région.

M. Miniconi s’est déjà trouvé en butte aux intérêts financiers du milieu local. En mars 2017, alors qu’il préside la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Corse-du-Sud, il est le chef de file d’une démission collective de vingt élus consulaires qui dénoncent les menaces formulées par trois voyous aguerris, liés à d’ex-nationalistes, contre le directeur général de la chambre, Alain Pasqualini. L’enquête préliminaire ouverte pour extorsion, le 23 mars 2017, a été classée sans suite. Mais, pour la première fois, des commerçants et des chefs d’entreprise affirmaient publiquement qu’ils refusaient la mainmise du milieu sur un pilier du pouvoir économique insulaire.

Face aux policiers, M. Miniconi avait pointé la responsabilité de « la mafia », précisant : « Je veux parler des personnes qui souhaitaient s’emparer de la chambre. » Interrogé, alors, par Le Monde, il ajoutait : « Nous ne sommes pas partis parce qu’on avait peur mais pour dénoncer des pratiques et pour montrer que l’on peut dire non aux pressions ; si l’Etat et les politiques de l’île ne se sont pas saisis de cette affaire, c’est que la société corse n’est pas encore prête. »


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