C’est un phénomène massif, qui semble pourtant anachronique. Dans Piégée dans son couple, qui sort ce mercredi en librairie, le sociologue Jean-Claude Kaufmann décrit la situation de milliers de femmes, qui ne sont pas heureuses dans leur couple et pourtant n’arrivent pas à s’en libérer. Une situation d’autant plus surprenante à notre époque où l’injonction de trouver son bonheur « incite au contraire à réfléchir à l’hypothèse d’autres vies possibles, à ne pas hésiter à rompre si l’on pense que l’on est en train de rater sa vie » souligne le sociologue.
Et pourtant les faits sont là. Comme le prouve les témoignages que Jean-Claude Kaufmann a recueillis sur son blog après un appel à témoins et dont il dévoile des extraits dans son livre. Des femmes continuent à vivre coûte que coûte avec un homme qu’elles n’aiment plus ou qu’elles n’ont jamais vraiment aimé, sans trouver la force de rompre. Mais s’il donne la parole aux femmes, le sociologue refuse que son ouvrage soit considéré comme une charge contre les hommes : « Le problème ne vient pas des hommes mais du couple d’aujourd’hui en lui-même qui est devenu extraordinairement difficile à construire et générateur en continu de l’incompréhension mutuelle », précise-t-il.
Piégées dans une vie sentimentale médiocre
Le sociologue décrit par le menu cet éloignement progressif, lorsque « le goût de l’autre s’amoindrit dans l’ordinaire des activités les plus quotidiennes ». Cette petite mort du couple se mesure « par l’extinction progressive de la parole, des sentiments, des désirs, des attentions ». Des femmes qui se sont confiées au sociologue, racontent ainsi qu’elles dorment au bord du lit pour éviter tout contact physique avec leur conjoint, qu’elles deviennent peu à peu leur colocataire, en essayant d’éviter autant que possible les crises. Certaines s’isolent et perdent leurs appuis amicaux. « La vie suit son cours bancal et triste », décrit ainsi Hélène...