Pourquoi le comportement homosexuel est-il si courant chez les mammifères ?

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Pourquoi le comportement homosexuel est-il si courant chez les mammifères ?

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José María Gómez Reyes, Estación Experimental de Zonas Áridas (EEZA - CSIC); Adela González Megías, Universidad de Granada et Miguel Verdú, Universitat de València

De manière surprenante, le comportement sexuel entre individus du même sexe a été observé chez plus de 1 500 espèces animales, couvrant un large éventail de groupes taxonomiques. Ces espèces vont des invertébrés – tels que les insectes, les araignées, les échinodermes et les nématodes – aux vertébrés – tels que les poissons, les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les mammifères. Ce phénomène remet en question les explications conventionnelles de la reproduction et soulève des questions importantes sur son rôle et son évolution dans la nature.

C’est peut-être pour cette raison qu’il a attiré l’attention de plusieurs disciplines universitaires, notamment la zoologie et la biologie évolutive. Le comportement sexuel entre individus du même sexe est défini comme tout comportement momentané, qui est normalement exécuté avec un membre du sexe opposé, mais qui est plutôt dirigé vers des individus du même sexe. Ce type de comportement sexuel représente un mystère du point de vue de l’évolution, car il ne contribue pas directement à la reproduction.

Notre groupe de recherche a exploré l’évolution du comportement sexuel entre individus du même sexe chez les mammifères dans une étude qui vient d’être publiée dans la revue Nature Communications.

Ce comportement semble être une tendance commune chez les mammifères. Jusqu’à présent, il a été observé chez environ 5 % des espèces, représentant au moins une espèce dans la moitié des familles de mammifères, et il est pratiqué avec une prévalence similaire par les mâles et les femelles.

Selon les données disponibles, ce comportement n’est pas distribué au hasard parmi les familles de mammifères, mais tend à être plus répandu dans certains groupes, en particulier chez les primates, où il a été observé chez au moins 51 espèces, allant des lémuriens aux grands singes.

Chez certaines espèces, ce comportement est occasionnel et ne se manifeste que dans des circonstances très spécifiques. En revanche, chez 40 % des espèces, le comportement homosexuel est une activité modérée, voire fréquente, pendant la saison des amours.

Ces résultats soulèvent des questions fascinantes sur la biologie et l’évolution de la sexualité dans le règne animal.

Un moyen de renforcer les relations sociales

Notre étude a fait une découverte intrigante en révélant des liens significatifs entre le comportement sexuel entre individus du même sexe chez les mammifères et leurs modèles de comportement social.

Notre analyse a révélé que les espèces qui présentent un comportement social plus développé chez les mâles et les femelles sont plus susceptibles de présenter ces interactions sexuelles entre individus du même sexe. Ces résultats étayent l’hypothèse selon laquelle ce comportement sexuel a été favorisé par l’évolution comme moyen d’établir, de maintenir et de renforcer les relations sociales susceptibles d’accroître les liens et les alliances entre les membres d’un même groupe.

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Cette analyse comparative phylogénétique a également mis en évidence un lien entre ce comportement sexuel et la violence intrasexuelle – entre individus du même sexe – mais uniquement dans le cas des mâles. Les espèces dont les mâles sont plus violents sont plus susceptibles de présenter ce comportement sexuel à un moment donné de leur vie.

L’étude suggère donc que le comportement sexuel entre individus du même sexe chez les mammifères non humains est une adaptation qui joue un rôle important dans le maintien des relations sociales entre les deux sexes et dans l’atténuation des conflits, principalement entre les mâles.

Attention à l’extrapolation à l’humain

Dans tous les cas, nous insistons sur la nécessité de faire preuve de prudence, car ces associations pourraient être dues à d’autres facteurs. En outre, les résultats n’excluent pas d’autres hypothèses sur l’évolution du comportement sexuel entre personnes de même sexe, qui doivent faire l’objet de recherches plus approfondies.

Il est également important de noter que les résultats ne doivent pas être utilisés pour expliquer l’évolution de l’orientation sexuelle chez l’homme. En effet, l’étude s’est concentrée sur le comportement sexuel entre individus de même sexe, défini comme des interactions de courtoisie ou d’accouplement à court terme, plutôt que comme une préférence sexuelle plus permanente.

Enfin, il convient de noter que le comportement sexuel n’a été étudié en détail que chez une minorité d’espèces de mammifères. Cela signifie que notre compréhension de l’évolution du comportement sexuel entre personnes de même sexe chez les mammifères pourrait changer à mesure que d’autres espèces seront étudiées à l’avenir.

José María Gómez Reyes, Chair professor, Estación Experimental de Zonas Áridas (EEZA - CSIC); Adela González Megías, , Universidad de Granada et Miguel Verdú, , Universitat de València

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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