En ouvrant des fronts contre l’OPEP, l’Europe et la Russie, le président américain vise à assurer les exportations énergétiques des Etats-Unis, mais aussi à renforcer sa politique étrangère, relève dans sa chronique Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde ».
Chronique. C’est fou, l’effet papillon qu’un Tweet de Donald Trump peut avoir sur la marche du monde. Il aurait tort de se priver du plaisir que lui procure l’usage compulsif – et parfois efficace – de Twitter. Comme ce 20 avril, où le président américain a posté un message acrimonieux à l’égard de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). « On dirait que l’OPEP remet ça », lâche-t-il au saut du lit. Il accuse le cartel de l’or noir – réuni en Arabie saoudite avant son sommet semestriel du 22 juin à Vienne – d’être responsable de « prix artificiellement très élevés ». Et il tonne : « Ce ne sera pas accepté ! » Deux cent quatre-vingts signes qui peuvent rouvrir les vannes dans le désert saoudien…
Ce jour-là, le royaume wahhabite envisage, de concert avec la Russie, d’amplifier la baisse de production de 1,8 million de barils par jour décidée fin 2016 pour faire remonter des cours au plus bas. Comme si le chef de file de l’OPEP voulait pousser les cours vers les 100 dollars (85 euros) atteints en 2011-2014, alors qu’ils s’envolent depuis des semaines en raison d’une forte demande, de l’effondrement de la production du Venezuela et des incertitudes sur l’Iran… créées par Trump lui-même. Le ministre saoudien de l’énergie, Khaled Al-Faleh, rappelle qu’« on a vu des prix deux fois plus élevés qu’aujourd’hui » (147 dollars en juillet 2008) et assure que le monde est « capable de supporter un brut plus cher ».
Avertissement reçu cinq sur cinq
L’imprudent ! Le message subliminal de Trump est simple : vous faites peser une lourde menace sur mon économie et le portefeuille des Américains ; il est inacceptable que le gallon d’essence coûte durablement plus de 3 dollars à l’approche des élections de mi-mandat en novembre. Réitéré début juin, l’avertissement est reçu cinq sur cinq à Riyad, qui a pourtant besoin d’un baril à 88 dollars pour équilibrer son budget. Comment refuser ce...