Pour sa rentrée au mont Mézenc, Wauquiez garde le cap à droite toute

Politique

Le président des Républicains (LR) a fait dimanche sa rentrée politique dans la Haute-Loire, devant environ quinze cents personnes.

« La route est droite, mais la pente est forte », disait en son temps Jean-Pierre Raffarin. En cette rentrée, Laurent Wauquiez croit apercevoir une lueur au bout (tout au bout) du chemin. Englué dans les mauvais sondages, devant faire face à la division de son camp, le président du parti Les Républicains (LR) devine dans les difficultés actuelles d’Emmanuel Macron — qui dévisse, lui aussi, dans l’opinion, et pâtit d’un ralentissement de la conjoncture économique — l’occasion de rebondir. Et de récompenser la stratégie d’opposition frontale qu’il met en place face au président de la République depuis le début du quinquennat.

« Je n’ai pas changé d’avis, très tôt j’ai mis en garde contre les illusions du macronisme. Le pouvoir d’achat n’a pas progressé, l’insécurité n’a pas reculé, la bureaucratie n’a pas été réduite, l’immigration massive n’a pasété arrêtée, l’islamisme n’a pas été endigué.Cette première année est un échec », a lancé M. Wauquiez à l’occasion de son discours de rentrée, dimanche 26 août, juste avant la traditionnelle ascension du mont Mézenc (Haute-Loire) qu’il effectue chaque année avec ses soutiens.

Profiter du trou d’air de l’exécutif 

Très discret depuis plusieurs semaines, en particulier lors de l’affaire Benalla, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a désormais l’intention d’occuper l’espace médiatique pour tenter de profiter du trou d’air de l’exécutif. « La capacité d’écoute des électeurs de droite séduits par Macron a changé », veut-on croire dans son entourage. M. Wauquiez a donc décidé d’enfoncer le clou sur deux sujets : d’un côté, la lutte contre les impôts et la dépense publique, et de l’autre, l’immigration.

« Il y a trop d’impôts, il y a trop de taxes, il y a trop de charges, lesFrançais ploient sous ce fardeau, les classes moyennes ploient sous cette charge, selon l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Je le dis à Emmanuel Macron : il est plus que temps de rendre l’argent aux Français. Il faut rendre du pouvoir d’achat aux Français. »

La droite du Mont-Mézenc s’est donc levée comme un seul homme pour voler au secours d’une partie de son électorat traditionnel, les retraités et les familles nombreuses. Le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé le matin même dans le Journal du dimanche que l’augmentation des pensions de retraite et des allocations familiales se ferait, en 2019, à un niveau inférieur à celui de l’inflation. « Injuste », a dénoncé Laurent Wauquiez.

Laurent Wauquiez, président des Républicains et sa femme Charlotte Wauquiez à la fête départementale de la fédération les Républicains de la Haute-Loire, lors de l'ascension du Mont Mézenc, le 26 août.

« Nous, nous sommes les défenseurs des retraités, de la politique familiale, des classes moyennes. Il y en a deux sur trois qui sont touchés, souligne son conseiller spécial, Brice Hortefeux. Les retraités sont à ce quinquennat ce que les classes moyennes étaient à celui de François Hollande. »

Fidèle à sa ligne dure sur les questions d’immigration — « cela va être le point majeur des européennes en 2019 », veut croire un de ses proches —, le président des Républicains a dressé un tableau sombre de l’avenir de l’Europe, qui serait confrontée à une « immigration de masse devenue aujourd’hui une menace culturelle pour la civilisation européenne ».

Les représentants de la droite dure dans son sillage

Celui qui ne cache pas son ambition de faire revenir à droite les électeurs du Rassemblement national (ex-FN) a justifié ses envolées identitaires par le fait, qu’à ses yeux, « les Français refusent de devenir étrangers dans leur propre pays ». « Défendre son identité, être attaché à son pays, aimer sa culture, croire à la nécessité des frontières, c’est tout cela qu’Emmanuel Macron a qualifié de “passions tristes” », a dénoncé M. Wauquiez.

Difficile, néanmoins, de masquer le fait que le rassemblement autour de sa personne se fait de plus en plus homogène. Il y a un an, Laurent Wauquiez se félicitait ainsi de gravir le mont Mézenc au côté de la juppéiste Virginie Calmels, son bras gauche, qu’il a congédiée de son poste de vice-présidente en juin. Aujourd’hui, en dehors des anciens centristes Jean Leonetti et Damien Abad, ce sont principalement les représentants de la droite dure qui s’inscrivent dans le sillage du quadragénaire : Eric Ciotti, Nadine Morano, Brice Hortefeux, etc.

Vendredi 24 août, sa rivale Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, s’est pour sa part félicitée lors de la rentrée de son mouvement, Libres !, à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), de bénéficier du soutien du président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, et de celui du maire de Nice, Christian Estrosi. « Microparti, microrassemblement, microfamille » pour « la duchesse de Corrèze », raille-t-on dans l’entourage de M. Wauquiez. « C’est le trio des gens qui n’ont pas accepté qu’un homme de 43 ans réussisse à faire ce qu’eux n’ont pas réussi. Cela leur donne sans doute un coup de vieux », cingle la porte-parole des Républicains, Lydia Guirous. L’union est un combat, et tout le monde ne semble pas décidé à le mener.


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