Les photos de 1986, son année maudite, montrent un jeune ministre affable, concentré, tirant sur sa pipe jusqu’à y paraître accroché. Ceux qui l’ont rencontré, collègues, journalistes ou même opposants, décrivent un homme sympathique, foncièrement modéré, ouvert au dialogue, sensible au doute, un peu égaré en politique. Celle-ci a été amère pour Alain Devaquet, dont la mort, vendredi 19 janvier à l’âge de 75 ans, à l’hôpital Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne), a été annoncée dimanche par sa famille.
« Je préfère me taire »Son nom restera associé à son projet de réforme de l’université, retiré après trois semaines de manifestations et la mort tragique d’un étudiant âgé de 22 ans, Malik Oussekine, le 6 décembre 1986. « Je préfère me taire, répondait-il à ce sujet un an après, quelle que soit la sincérité que je peux mettre dans mon propos, les mots apparaîtront certainement maladroits et, dirais-je, convenus. Mais j’y pense. »
Né le 4 octobre 1942 à Raon-l’Etape (Vosges) dans une famille catholique, fils et petit-fils de boulangers, Alain Devaquet est d’abord un excellent élève qui, à 15 ans, entre à l’école normale d’instituteurs de Nancy. Vite, il vise les grandes écoles parisiennes. A 20 ans, il est reçu major à l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, puis enchaîne l’agrégation de physique, un doctorat en sciences, un premier poste au CNRS et deux séjours universitaires aux Etats-Unis et au Canada. A 31 ans, spécialisé dans la chimie, il est maître de conférence à Paris-VI et à Polytechnique.
Fervent gaullisteMais le jeune universitaire, motivé par les enjeux internationaux de la recherche, est aussi un fervent gaulliste : il adhère, en 1977, au RPR (Rassemblement pour la République) de Jacques Chirac, dont il devient le conseiller personnel sur les questions énergétiques. Celui-ci va lui ouvrir un parcours politique qui démarre en trombe : élu député du 11e arrondissement de Paris aux législatives...
Lire la suite : Mort de l’ancien ministre Alain Devaquet, au cœur du mouvement étudiant de 1986