L’ombre d’Edouard Philippe plane sur Le Havre

Politique

Le premier ministre entretient le doute sur son intention de se présenter ou non aux municipales de 2020 dans la ville qu’il a dirigée jusqu’en 2017.

Le cidre (normand) a été débouché. On parle du Havre (Seine-Maritime), de la beauté de ses quais – tout juste rénovés –, des projets à venir dans la ville. Ne manque plus que le cri des mouettes pour se croire sur le port face au ballet des porte-conteneurs. Mais c’est bien à Paris, sur la terrasse de l’hôtel de Matignon, que les membres de la majorité du conseil municipal du Havre se retrouvent, lundi 26 août, pour le rituel pot de rentrée organisé en leur honneur par le locataire des lieux.

Edouard Philippe est certes premier ministre, mais c’est aussi un collègue, élu de la ville depuis 2001. Il a surtout été maire, entre 2010 et 2017, et ne cesse de répéter à quel point « sa » ville et « sa » Normandie lui manquent, parfois. M. Philippe a d’ailleurs planté un pommier (normand) dans le parc de Matignon. Les convives guettent chacune de ses paroles. Sera-t-il ou non candidat aux prochaines élections municipales, en mars 2020 ? Tête de liste ou simple colistier ? Ou bien choisira-t-il de tenter sa chance à Paris, dans une improbable opération de sauvetage de la majorité, plombée par ses divisions ? Pas de réponse, ni d’allusion ; il est trop tôt pour dévoiler son jeu. « C’est un Normand, il est taiseux… », soupire un participant.

S’il en est un qui attend avec fébrilité que le premier ministre se détermine, c’est bien Jean-Baptiste Gastinne, l’actuel maire (LR) du Havre. Professeur d’histoire en lycée, cet échalas à la crinière argentée – une sorte de Dominique de Villepin de cité portuaire – se sait assis sur un strapontin. Il occupe le fauteuil seulement depuis le 30 mars, jour où il a fallu remplacer au pied levé Luc Lemonnier, un proche qu’Edouard Philippe avait désigné pour lui succéder. Empêtré dans une affaire de harcèlement présumé – il aurait envoyé des photos de lui nu à une femme –, M. Lemonnier a dû démissionner. Sur l’insistance de son ami « Edouard », qui ne pouvait pas se permettre de laisser grossir le scandale.

« Le Havre chevillé au corps »

Jean-Baptiste Gastinne nous fait visiter son bureau, dont une large baie vitrée ouvre sur la place de l’hôtel de ville, située en contrebas. Est-il vraiment chez lui, ce maire ? La décoration n’a pas changé depuis que le premier ministre a quitté les lieux, il y a un peu plus de deux ans. Les mêmes photos en noir et blanc habillent la pièce, celles représentant l’architecte Auguste Perret, le père du Havre de l’après-guerre, et les grues monumentales du port. Jean-Baptiste Gastinne a beau dire « on » plutôt qu’« Edouard » au moment d’attribuer les lauriers couronnant les maîtres d’œuvre de la mandature, il sait qu’il ne sera pas de taille à lutter en cas de retour dans son fief de l’ancien patron. « Je serai candidat aux municipales. Sauf si Edouard Philippe souhaite revenir au Havre », affirme-t-il.


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