Les groupes d’Ehpad privés dopés par le papy-boom

Economie

Avec Orpéa, Korian ou DomusVi, la France compte plusieurs poids lourds qui partent désormais à la conquête du monde. Le tarif mensuel moyen de 2 710 euros offre de confortables marges aux entreprises.

C’est un business en or. Rentable et pérenne, avec une demande qui devrait croître ces trente prochaines années et une offre encore limitée, avec d’importantes barrières réglementaires à l’entrée. Le secteur des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) est devenu un marché très prisé des investisseurs, notamment les fonds anglo-saxons gérant les futures retraites des salariés.

« Nous sommes sur un marché relativement prévisible, souligne Jean-Claude Brdenk, le directeur général délégué d’Orpéa, le numéro un mondial. Je peux vous dire quels seront les besoins de places d’Ehpad jusqu’en 2060. J’aurai donc toujours des clients à accueillir dans nos résidences dans les années à venir. » Avec un vieillissement accéléré de la population, lié à la génération des baby-boomers de l’après-guerre, le nombre de personnes de plus de 85 ans, l’âge moyen d’entrée en maison de retraite, va passer, en France, de 2,1 millions en 2019 à 5,9 millions en 2060.

La France comptabilise – les derniers chiffres datent de 2017 quelque 600 000 lits dans plus de 7 500 Ehpad, dont un quart est géré par le secteur privé lucratif

La France comptabilise – les derniers chiffres datent de 2017 quelque 600 000 lits dans plus de 7 500 Ehpad, dont un quart est géré par le secteur privé lucratif. Ce nombre ne devrait plus beaucoup évoluer. Les pouvoirs publics, qui financent notamment les soins par le biais de la Sécurité sociale, ont mis un terme aux créations de nouveaux sites pour les personnes les plus âgées et dépendantes, celles souvent atteintes de maladies dégénératives.

« Le secteur privé a largement fait progresser les standards »

C’est pour cette raison que les grands acteurs privés français mettent désormais largement le cap à l’international. Orpéa (3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires), qui exploite 350 Ehpad et cliniques en France, en compte également 600 dans une vingtaine de pays (Europe, Amérique du Sud, Chine). Korian (3,3 milliards, 850 établissements) en gère également un demi-millier à l’étranger. Il est même devenu le premier acteur privé en Allemagne. DomusVi (1,3 milliard), le numéro trois français, s’est, lui, lancé à l’assaut de la péninsule ibérique, où il domine ce marché en plein essor.

Cependant, tous ces acteurs ont fait leurs classes en France dans les années 1990 et 2000, où ils ont crû très rapidement. « Le secteur privé commercial s’est développé très largement à partir de la fin des années 1990, quand l’Etat a décidé de règles communes à l’ensemble des acteurs privés comme publics et a défini un modèle d’affaires soutenable avec un financement tripartite entre le particulier, le conseil départemental et l’Assurance-maladie », rappelle Florence Arnaiz-Maumé, la déléguée générale du Synerpa, la fédération des acteurs privés. A l’époque, l’offre était obsolescente. On pouvait trouver des maisons de retraite avec des chambres pour six pensionnaires. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, et le secteur privé a largement fait progresser les standards. »


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