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Le statut national d’étudiant-entrepreneur a 5 ans. La création de trente pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (Pépite) a bénéficié à 8 200 jeunes. Mais ces derniers se heurtent à la frilosité du système bancaire.

Fati Mrani boite bas ; la faute aux ligaments de son genou droit qui se sont rompus deux mois plus tôt. Pourtant, la jeune femme (27 ans) tourbillonne entre les étages de Pépinière 27, un incubateur parisien du 11e arrondissement : elle a un rendez-vous avec le webdesigner, une réunion avec l’équipe marketing, une rencontre avec un financier qui doit lui présenter un outil pour optimiser sa capacité de financement… Et puis un journaliste à caser au milieu de cet après-midi comme les autres. Fati Mrani est chef d’entreprise, patronne d’Avekapeti, une société de quinze personnes qui propose aux entreprises des plateaux-repas faits maison, une alternative locale, en circuit court, aux insipides cantines.

Son goût pour l’entrepreneuriat, Fati, comme 8 200 autres étudiants français depuis 2013, l’a testé alors qu’elle était encore sur les bancs de la fac (à Paris-Dauphine) avec un statut national qui fête ses 5 ans, celui d’étudiant-entrepreneur. C’est en 2014 que Geneviève Fioraso, alors secrétaire d’Etat chargée de l’enseignement supérieur, lance un plan national destiné à développer l’esprit d’entreprise et d’innovation sur les campus. Ce sera le programme Pépite (pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat).

Une machine à faciliter

On compte trente de ces pôles aujourd’hui sur le territoire français. Chacun d’eux est une machine à faciliter et à encourager les projets entrepreneuriaux des jeunes, dispensant « des formations sur mesure avec des programmes adaptés aux besoins des jeunes entrepreneurs, des ateliers animés par des experts, du mentorat, des espaces de coworking… », liste Alain Asquin, délégué ministériel à l’entrepreneuriat étudiant. Un écosystème en somme, auquel s’ajoutent le maintien du statut étudiant et les droits qui s’y attachent pendant la période d’incubation du projet.

Conserver le statut d’étudiant n’a rien d’anodin, il permet, entre autres, de garder une couverture sociale. Aurélie Martin a 24 ans quand elle quitte, diplômée, la Rennes School of Business avec en tête la création d’équipements de prévention pour les chevaux. Sur le point de perdre son statut d’étudiante et sa bourse, trop jeune pour être éligible au revenu de solidarité active, la jeune femme opte pour un master où elle ne mettrait pas les pieds. Une étudiante fantôme… Mais cette inscription lui garantirait une couverture santé et le maintien de sa bourse. C’est finalement la Technopole de l’Aube en Champagne, à Troyes, qui accueille la jeune femme et son projet, et lui permet de devenir étudiante-entrepreneuse.


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