La fatigue chronique n'est pas une maladie psychologique mais un véritable syndrome ayant des causes biologiques. Une nouvelle étude suggère qu'une hyperactivité du système immunitaire favorise ce syndrome à long terme.
La fatigue chronique, aussi appelée encéphalomyélite myalgique, est un syndrome qui touche entre une personne sur 600 et une personne sur 200 dans les pays industrialisés. Mais ses causes demeurent inconnues. Les personnes qui sont touchées par ce syndrome connaissent une grande fatigue physique et mentale, qui persiste dans le temps : même en prenant du repos, les patients ne retrouvent pas la forme. Certains présentent aussi des troubles du sommeil, des douleurs articulaires, musculaires, des maux de gorge et de tête, ou des problèmes de mémoire.
Le saviez-vous ?
Le syndrome de fatigue chronique touche souvent de jeunes adultes entre 20 et 40 ans, et deux fois plus de femmes que d’hommes.
Parfois, une infection bactérienne ou virale, comme la grippe, précède l'apparition des symptômes, mais le rôle du système immunitaire dans la fatigue chronique n'est pas encore très clair. Une étude britannique parue dans la revue Psychoneuroendocrinology apporte un nouvel éclairage. Deux de ses auteurs, tous deux chercheurs au King's College de Londres, en commentent les résultats dans un article en ligne de The Conversation.
Pour ces travaux, les scientifiques ont étudié 55 patients infectés par le virus de l'hépatite C, qui ont été traités avec de l'interféron alpha. Ce traitement stimule le système immunitaire et est efficace contre l'hépatite C, mais il présente des effets secondaires : il conduit souvent à de la fatigue. Les chercheurs ont eu l'idée de suivre des patients qui allaient recevoir un traitement à l'interféron alpha pour savoir quels facteurs favorisaient l'apparition de la fatigue.
La fatigue persistante associée à des niveaux élevés d’interleukine 10
Les patients ont été suivis pendant six mois après le traitement à l'interféron alpha. Dix-huit personnes, soit un tiers des patients étudiés, ont développé une fatigue persistante : six mois après le traitement, ils étaient plus fatigués qu'avant. La fatigue persistante, induite par le traitement à l'interféron, a été considérée comme un modèle d'étude pour le syndrome de fatigue chronique.
Avant le traitement à l'interféron alpha, chez les 18 patients qui ont finalement développé une fatigue persistante, les chercheurs ont trouvé des taux plus élevés d'IL-10(interleukine 10), une protéine « qui fait partie de la réponse immunitaire coordonnée ». Après le traitement, leurs niveaux d'IL-10 et d'une protéine inflammatoire, l'IL-6, étaient plus élevés que chez les autres patients.
Ceci suggère un lien entre la fatigue persistante et une activation précoce et exagérée du système immunitaire. D'après les deux chercheurs, « Cette activation précoce peut avoir un effet sur d'autres organes, par exemple, ce qui entraîne des modifications biologiques associées à plus de fatigue chronique et aux autres symptômes subis par ces patients. »
- La fatigue chronique peut se développer après une infection.
- Les chercheurs se sont intéressés à des patients infectés par l’hépatite C et traités avec de l’interféron alpha.
- Certains ont développé une fatigue persistante, ressemblant à un syndrome de fatigue chronique.
- Ces patients avaient des niveaux élevés d’IL-10, une protéine de la réaction immunitaire, avant l’apparition des symptômes.
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