Le patron de Tiffany s’impatiente. Depuis 2016, le chantier des Galeries Lafayette, au numéro 52 de l’avenue des Champs-Elysées, à la place de l’ancien Virgin Megastore, complique l’exploitation de la boutique du joaillier américain, ouverte en 2014 au numéro 62. A travers la vitrine, Alessandro Bogliolo, son PDG, souligne l’énorme mur d’Algeco blanc et orange, qui abrite les baraques du plus gros chantier de l’avenue et obstrue la vue sur ses vitrines d’alliances et de solitaires. Tiffany devra encore patienter pour retoucher la lumière de Paris. Cet immeuble de 28 000 m², rénové à grands frais par le fonds souverain du Qatar, ouvrira en octobre.
Comme beaucoup d’autres commerçants des Champs, Tiffany espère que l’enseigne de grands magasins la plus connue des touristes lui apportera de nouveaux clients. La seule présence des Galeries Lafayette pourrait entraîner un bond de 20 % de la fréquentation de l’avenue, qui voit pourtant déjà déambuler, chaque jour, 300 000 personnes sur ses trottoirs. Par ricochet, le chiffre d’affaires réalisé sur l’avenue, évalué à 1,5 milliard d’euros par an, pourrait s’envoler de « 15 % à 20 % », prétend Thierry Bonniol, directeur du département commerce de BNP Paribas Real Estate.
Au passage, l’artère pourrait regagner des parts de marché auprès de la clientèle étrangère la plus argentée. « Depuis cinq ans, les Champs-Elysées sont davantage concurrencés par la rue du Faubourg-Saint-Honoré », estime Laurent Delmas, directeur général de Global Blue en Europe du Sud. Sur l’avenue, chaque touriste dépense en moyenne 1 391 euros en produits détaxés, contre 2 750 euros sur la rue où s’alignent les magasins parisiens de Gucci, Hermès et autres Cartier, d’après les données de cette société spécialisée dans la gestion de la détaxe des achats réalisés par des touristes étrangers. La création des zones touristiques internationales, dans lesquelles l’ouverture des magasins est autorisée le dimanche,...
Lire la suite : Le grand Monopoly des Champs-Elysées