La race d’un chien influence sa personnalité – Mais son propriétaire aussi

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Un bouvier bernois est assis sur un porche d'entrée de Toronto, le 6 juillet 2019. LA PRESSE CANADIENNE/Graeme Roy

The Conversation

La race d’un chien influence sa personnalité – mais son propriétaire aussi

Un bouvier bernois est assis sur un porche d'entrée de Toronto, le 6 juillet 2019. LA PRESSE CANADIENNE/Graeme Roy
Melissa Starling, University of Sydney

Au cours des milliers d’années d’amitié entre les humains et les chiens, nous avons réussi à créer environ 350 races différentes. Nous avons compté sur les terriers pour la chasse, les chiens-bergers pour s’occuper des troupeaux et sur toutes les races pour nous tenir compagnie. Mais dans quelle mesure la personnalité des chiens est-elle définie par leur race ?

Dans un article récent, des chercheurs américains analysent les codes génétiques de plus de 4 000 chiens et interrogent 46 000 propriétaires d’animaux. Ils y relèvent de nombreux gènes associés à des comportements typiques de certaines races, comme la tendance des terriers à attraper et à tuer des proies.

Leurs conclusions indiquent que le type de race détermine en effet de nombreux aspects de la personnalité d’un chien.

Cependant, les propriétaires jouent également un rôle important dans le caractère de l’animal, qu’il soit du type joueur, tolérant envers les autres, en quête d’attention ou enclin à aboyer. Examinons de plus près comment élever un bon citoyen canin.

Lévrier endormi couché sur le sol
Le lévrier anglais fait partie de la grande famille des lévriers, des chiens qui ont une vue perçante et qui sont extrêmement rapides. Derek Story/Unsplash, CC BY

Ce que nous dit la recherche

Les races de chiens nous permettent de découvrir beaucoup d’informations sur la reproduction sélective, et certains comportements observés dans des groupes de races – comme conduire des troupeaux et rapporter des proies – sont difficiles à expliquer. L’article américain cité plus haut nous donne des indices sur la manière dont certains de ces comportements ont pu apparaître.

Les chercheurs ont analysé des échantillons d’ADN provenant de plus de 200 races de chiens. Sur la base de ces données, ils sont parvenus à établir dix grandes lignées génétiques, dont les terriers, les bergers, les rapporteurs, les lévriers (chiens qui chassent à vue), les chiens qui chassent à l’odorat et les chiens d’arrêt/épagneuls.

Chaque lignée correspond à une catégorie utilisée pour des tâches précises, telles que la chasse au flair plutôt qu’à la vue ou la conduite du troupeau plutôt que la protection du bétail.

Cela signifie que des races qui ne sont pas très proches, mais qui ont été élevées dans le même but, peuvent avoir des séries de gènes en commun. Cela avait été jusqu’ici très difficile à démontrer.

jack russel qui creuse un trou
Les terriers Jack Russell possèdent un très fort instinct de chasseur. (Shutterstock)

L’article mentionne par exemple que les races de chiens de troupeaux, comme le kelpie et le border collie, sont caractérisées par une forte « peur non sociale », c’est-à-dire une peur des stimuli environnementaux tels que les bruits forts, le vent ou les véhicules. Les terriers, comme le Jack Russel, se distinguent par un fort instinct de prédation. Et les chiens d’odorat, comme le beagle, par une faible aptitude au dressage.

Ces caractéristiques correspondent à ce pour quoi ces chiens ont été créés : les chiens de troupeaux pour leur grande sensibilité à l’environnement, les terriers pour leur capacité à poursuivre et à tuer des proies, et les chiens comme les beagles pour leur capacité à se concentrer sur les informations non visuelles (odeurs).

Les chercheurs se sont intéressés de plus près aux chiens de troupeau, en raison de leur comportement facilement identifiable et généralement inné de gardien.

Il est intéressant de noter qu’un gène commun aux chiens-bergers, appelé EPHA5, a également été associé à des comportements de type anxieux chez d’autres mammifères, ainsi qu’au trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), chez les humains. Selon l’équipe de chercheurs, cela pourrait expliquer la grande énergie de ces chiens et leur tendance à l’hyperfocalisation sur des tâches.

Chiens qui conduisent des canards lors d’une foire dans le Tennessee, aux États-Unis.

Ce que doivent savoir les propriétaires de chiens

Les scientifiques admettent depuis un certain temps que le comportement d’un chien dépend, à des degrés divers, de sa race. Mais il ne faut pas négliger le fait que son éducation façonne également sa personnalité.

Une autre étude génétique publiée plus tôt cette année a révélé que si la lignée d’un chien est un facteur d’influence du comportement, ce n’est probablement pas le plus important.

Ceux qui l’ont réalisée soulignent que le comportement canin est influencé par de nombreux gènes qui existaient chez les chiens avant le développement des races et qui sont présents chez toutes les races. Ils affirment que les races modernes se distinguent principalement par leur apparence et que leur comportement est probablement davantage influencé par des facteurs environnementaux, tels que l’éducation et le dressage, que par la génétique.

Qu’est-ce que cela signifie pour un propriétaire de chien ? Eh bien, si le comportement est influencé par la race, reste qu’il y a beaucoup de choses que l’on peut faire pour avoir un bon compagnon.

Ce travail est particulièrement important au cours des deux premières années de vie. D’abord, une socialisation précoce est importante. Un chiot doit être exposé à tous les stimuli que l’on souhaite qu’il accepte en grandissant, comme des enfants, des véhicules, d’autres animaux, des rues pleines de piétons, le sport, les voyages et le toilettage.

L’on doit ensuite continuer à dresser et à guider son chien à mesure qu’il grandit pour qu’il se comporte de manière à assurer sa sécurité et celle des autres. Tout comme les enfants et les adolescents humains ont besoin d’être orientés pour arriver à prendre de bonnes décisions et à s’entendre avec les gens, les chiens ont besoin de soutien pour passer de l’adolescence à l’âge adulte (vers deux ans environ).

chiot dans les fleurs
C’est dans sa première ou ses deux premières années qu’on peut dresser un chien pour en faire un bon compagnon. Hendo Wang/Unsplash, CC BY

Si la race n’est pas l’unique indicateur du comportement d’un chien en particulier, il est certainement judicieux de prêter attention à ce pour quoi une race a été élevée à l’origine. La nouvelle étude confirme ce point de vue. Les comportements qui ont permis aux chiens de faire le travail pour lequel les humains les ont sélectionnés sont probablement encore forts au sein d’une race.

Cela signifie, par exemple, que si vous possédez des poules ou de petits animaux de compagnie comme des lapins, vous devriez y penser à deux fois avant d’adopter un terrier, et prévoir ce que vous ferez si le terrier veut chasser vos animaux.

Si vous vivez en ville ou dans un immeuble d’habitation où il se passe toujours beaucoup de choses, cela risque de ne pas être agréable pour un chien-berger. Et si vous voulez un chien très obéissant, les chiens d’odorat ne sont probablement pas un bon choix.

chien assis avec des poules
Le choix d’un chien qui s’adaptera à votre style de vie est une affaire de probabilité. Shutterstock

Le choix d’un chien qui s’adaptera à votre style de vie est une affaire de probabilité. Il est tout à fait possible de trouver un chien d’odorat très obéissant et facile à dresser, ou un terrier qui peut vivre en paix avec des rats de compagnie…

Toutefois, s’il y a un comportement précis que vous attendez d’un chien, mettez toutes les chances de votre côté en vous procurant une race connue pour ce style de comportement. Puis consacrez beaucoup de temps et d’efforts à sa socialisation et à son dressage.

Les chiens sont avant tout ce que nous en faisons, et ils nous rendent au centuple les efforts que nous déployons pour forger leur comportement.

Melissa Starling, Postdoctoral researcher, University of Sydney

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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