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Trois mois après la folie de leur sacre en Russie, les Bleus sont en tournée. Mbappé et ses coéquipiers affrontent l'Islande sous les regards des 17 000 spectateurs du stade de Roudourou à Guingamp, fief du président de la Fédération.

Face à l'Islande en match amical, jeudi 11 octobre, les Bleus joueront pour la deuxième fois de leur histoire à Guingamp, une ville marquée sportivement, économiquement et politiquement par le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët.

Dans un pays qui chérit les Petits Poucets, Guingamp, ville de 7 000 habitants aux 15 000 spectateurs par match en moyenne, jouit d'un appréciable capital sympathie, parfois teinté de condescendance parisianiste.

Son ascension des tréfonds du football français, dans les années 1970, à la première division, au milieu des années 1990, épouse celle de Noël Le Graët, président du club de 1972 à 1991 et de 2002 à 2011.

Affaires, politique, football, tout a réussi à ce fils d'un chauffeur routier et d'une ouvrière dans le machinisme agricole, toujours alerte dans ses analyses à 76 ans, malgré la leucémie dont il a annoncé être atteint ce printemps, mais qu'il dit aujourd'hui guérie.

Fonctionnaire des impôts, puis commercial, Noël Le Graët rachète en 1986 une petite entreprise de salaisons à 20 kilomètres de Guingamp, qu'il reconvertit dans les plats surgelés. Trente ans plus tard, le Groupe Le Graët réalise 200 millions d'euros de chiffre d'affaires dans les surgelés, la conserverie et la pêche, avec 800 employés sur 11 sites bretons.

Incontournable

Au milieu des années 1990, Noël Le Graët se lance également dans la politique locale. Il fera deux mandats comme maire de Guingamp (1995-2008), sous l'étiquette du Parti socialiste.

Il y fera preuve du même sens redoutable de la négociation, obtenant par exemple des fonds du plan Borloo de rénovation urbaine en 2005 pour rafraîchir, entre autres, les HLM qui bordent le stade du Roudourou, alors que Guingamp, ville trop petite, ne pouvait y prétendre. Aujourd'hui encore, rien de ce qui se passe à Guingamp ne lui est étranger.

La maternité de Guingamp est menacée de fermeture ? Il profite du Mondial pour plaider sa cause auprès d'Emmanuel Macron et un sursis de deux ans est annoncé un peu plus tard par l'Élysée. Il en va de même avec le club, laissé en 2011 à son gendre, Bertrand Desplat, et avec son entreprise, confiée à ses trois filles en 2014.

Homme d'influence, Noël Le Graët est aussi un homme d'argent – au sens noble du terme. Pour assurer la pérennité de l'En Avant, il a créé une structure capitalistique qui compte aujourd'hui 142 actionnaires pratiquement à parts égales.

Le football français a aussi bénéficié de ses qualités de gestionnaire avec la mise en place de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) lorsqu'il était président de la Ligue de football professionnel, entre 1991 et 1998.

La "mafia" bretonne

Et en 2008, en tant que vice-président de la FFF, il avait senti le contexte favorable pour anticiper l'appel d'offres de l'équipementier des Bleus.

Cela avait débouché sur un contrat record avec Nike de 42,6 millions d'euros par an, passé à 50 millions d'euros cette année. En 2010, dernière année du contrat avec Adidas, il aurait été bien moins lucratif, avec l'affaire de Knysna lors du Mondial en Afrique du Sud.

Ces succès ne vont évidemment pas sans quelques jalousies ou soupçons tenaces. Les tirages prétendument avantageux de Guingamp en Coupe de France ou de la Ligue font souvent jaser. On raille aussi parfois la "mafia" bretonne à la FFF.

Il y a les Bretons pur jus, comme Sylvain Ripoll, le sélectionneur des Espoirs, ou Guy Stéphan, l'adjoint de Didier Deschamps, et ceux d'adoption comme le sélectionneur, marié à une Bretonne et qui possède une maison dans le Finistère, ou le directeur technique national, Hubert Fournier, passé comme joueur par Guingamp.

Le choix du Roudourou pour affronter l'Islande porte forcément sa marque. "Contre l'Islande, on se disait qu'il ne serait pas judicieux de jouer dans un stade de 60 000 places. Alors on a pensé à Guingamp, où je connais quelqu'un...", a-t-il malicieusement répondu à Ouest-France, mercredi.

Quant à son avenir, il reste vague : "Je suis élu jusqu'en 2020 et j'assumerai jusqu'à la fin de mon mandat. La suite ? On verra." "Je ne sais pas dans quelle forme je serai, il sera peut-être temps d'arrêter et de passer un peu plus de temps à Guingamp", sa ville qu'il n'a pourtant jamais vraiment quittée.


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