Expédition de l’extrême : arrivée à La Rinconada, une première mondiale

Environnement

La vie permanente est réputée impossible au-dessus de 5.000 mètres d'altitude. Pourtant quelque 50.000 Péruviens sont durablement installés à La Rinconada. Pour comprendre comment leurs organismes s'adaptent au manque d'oxygène ambiant, une équipe de chercheurs a, pour la toute première fois, posé ses instruments dans la ville la plus haute du monde.

« Ici, l'attente est énorme. Les gens font la queue devant notre laboratoire », raconte Samuel Vergès, le responsable de l'expédition. Car peu de médecins s'aventurent à La Rinconada (Pérou). La plupart des 50.000 Péruviens qui vivent ici n'en ont même jamais vu. Alors, lorsqu'une équipe de scientifiques européens débarque...

L’attente de la population est énorme
 

« Nous avons prévu de faire subir des tests de base à quelque 1.000 habitants de La Rinconada et pour une cinquantaine, nous procéderons à des examens plus poussés », explique le chercheur de l'Inserm. Étudier et soutenir la population locale. Accompagner les personnes de plaine se rendant en altitude. Appliquer ces connaissances aux maladies respiratoires. Les enjeux sont de taille. Car jamais encore des scientifiques n'avaient eu accès à la ville la plus haute du monde.

Si les chercheurs de l'équipe ont subi quelques symptômes« étonnamment légers » du mal aigu des montagnes, les habitants de La Rinconada sont « clairement marqués » par le manque d'oxygène qui rythme leur vie. Et pour cause. Ici, le taux d'oxygène est de moitié celui que l'on rencontre au niveau de la mer. Le souffle court. Une peau grisée. Des mains et des visages gonflés. La population locale subit de plein fouet l'hypoxie.

Manque d’oxygène, froid, coupures d'eau et d’électricité. À La Rinconada, les conditions de travail deviennent difficiles pour l’équipe de chercheurs de l’Expédition 5300. © Expédition 5300

Manque d’oxygène, froid, coupures d'eau et d’électricité. À La Rinconada, les conditions de travail deviennent difficiles pour l’équipe de chercheurs de l’Expédition 5300. © Expédition 5300

Des taux d’hématocrite incroyables

« À Puno, nous avions déjà observé des adaptations importantes à l'altitude. Mais rien de réellement délétère. Seulement des preuves des formidables capacités d'adaptation de l'organisme humain. À La Rinconada, on touche vraiment aux limites », explique Samuel Vergès. Les premières valeurs enregistrées par l'équipe sont tout simplement extraordinaires. Un taux d'hématocrite - comprenez la part occupée par les globules rouges dans le sang - proche des 85 % par exemple, alors que celui d'un Européen moyen oscille entre 40 et 45 % ! 

Il n'en reste pas moins que près d'un quart de la population locale montre de réelles difficultés à vivre dans de telles conditions extrêmes. Ce quart-là développe ce que les spécialistes appellent le mal chronique des montagnes. Accompagné de symptômes et de pathologies encore peu connus, car trop peu étudiés.

« En accumulant les données scientifiques sur des personnes saines et sur des personnes malades, nous espérons comprendre ce qui se joue chez les habitants de La Rinconada. Et pouvoir ensuite leur apporter des solutions thérapeutiques qui leur permettent de vivre mieux dans cette ville incroyable », conclut Samuel Vergès.

Ce qu'il faut retenir
  • Au-delà de 5.000 mètres d’altitude, la vie humaine permanente est réputée impossible.
  • Pourtant, une ville s’est développée à 5.300 mètres d’altitude et quelque 50.000 Péruviens y sont installés.
  • La Rinconada est la ville qui défie les limites du corps humain et les chercheurs de l’Expédition 5300 sont les premiers à s’y être aventurés.
  • Ils espèrent comprendre ainsi comment les organismes s’adaptent au manque d’oxygène.

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