La dernière fois qu’on avait croisé Nikos Aliagas, c’était au début des années 1990, dans un petit bureau de Radio France internationale (RFI). Entouré d’une dizaine de téléscripteurs, dans un vacarme constant, l’enfant d’immigré grec découpait les dépêches d’agence pour les différentes rédactions en langues étrangères – « huit pages avec du papier carbone », se remémore-t-il. Il se précipitait à l’occasion dans les studios pour donner au journaliste les derniers « urgents ». Il était « télexman », métier aujourd’hui disparu, et distribuait aussi les cafés, tâche moins reluisante.
Etudiant sans argent à la Sorbonne, mais en costard-cravate – son père était tailleur –, et éditeur sans le sou : il avait lancé la Revue franco-hellénique, bilingue, avec des entretiens de personnalités grecques comme Melina Mercouri (1920-1994) ou Costa-Gavras. « Je faisais le tour des restaurateurs grecs pour trouver des financements. »
Plus de trente ans plus tard, le voici animateur célèbre donnant des interviews dans un palace parisien devant un thé. « Noir plutôt fumé. » C’est la roue de la fortune, non pas celle de TF1 – la chaîne de télévision qui lui a permis de devenir célèbre en animant l’émission « Star Academy » –, mais celle des Grecs, bien sûr : Tyché, la déesse qui décide du destin des hommes.
Un parcours atypiqueEntre-temps, Nikos Aliagas a abandonné ses rêves d’écriture – il se passionne plutôt pour la photographie et s’apprête à publier, mi-octobre, un livre de photos aux éditions de La Martinière. Et, surprise, il revient à la radio. C’est à lui qu’Europe 1, station en perte de vitesse et en quête d’auditeurs, a fait appel pour relancer des matins en souffrance. Un an après avoir confié les clés à des figures de Radio France – Frédéric Schlesinger pour la grille et Patrick Cohen pour la matinale –, l’actionnaire Arnaud Lagardère change de nouveau.
Place donc à Laurent Guimier, un...
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