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L'incident survenu la semaine dernière à l'aéroport de Nice, qualifié de grave par le BEA du Bourget qui a lancé une enquête, n'a pas toujours été rapporté de manière précise. L'Embraer ERJ 190 de TAP Express, filiale de la compagnie TAP Air Portugal, qui se préparait à décoller pour Lisbonne, ne s'est pas aligné sur une « route » de l'aéroport. Il a commencé le roulage et l'accélération sur le taxiway U parallèle à la piste 04L (L pour left, gauche) qui lui avait été assignée par la tour de contrôle. Nice dispose de deux longues pistes parallèles 04/22 de près de 3 000 mètres permettant d'accueillir des avions gros porteurs. L'Embraer de 106 sièges avait quitté le terminal 1, celui le plus proche de la tour de contrôle. Comme on peut le voir sur le plan de l'aéroport qu'utilisent les pilotes, l'avion avait été autorisé à cheminer par les taxiways S, D et T vers l'entrée A1 de la piste 04L. L'erreur est survenue au moment de croiser le taxiway U et l'Embraer a tourné à gauche trop tôt. Ayant reçu du contrôle l'autorisation de décoller, l'équipage a avancé les manettes de poussée des deux réacteurs. Ce soir-là, la météo, selon le bulletin d'observations au moment du décollage, est moyenne avec une visibilité indiquée de 10 km, mais qui peut se dégrader avec des averses de pluie fine.

L'avion a accéléré jusqu'à 92 nœuds (170 km/h) quand la tour de contrôle, percevant l'erreur, a ordonné aux pilotes d'interrompre le décollage. Selon le BEA, l'appareil avait parcouru 960 mètres et il restait près de 2 000 mètres de voie de circulation pour freiner, ralentir et faire demi-tour. Comme la température des freins n'est pas trop montée, autorisant une éventuelle deuxième accélération-arrêt lors d'un nouveau décollage, l'Embraer a pu s'aligner peu après sur la vraie 04L et a décollé vers Lisbonne.

Un accident ici peu probable

Que se serait-il passé si, la tour de contrôle n'ayant pas perçu l'erreur, l'avion avait poursuivi son décollage ? Probablement rien. Le taxiway U est au moins aussi long que les pistes officielles. La vitesse d'environ 135 nœuds atteinte, l'avion aurait décollé après 2 000 mètres de roulage, une distance qui varie notamment en fonction de la masse de l'avion, de la température, du vent de face, etc. En revanche, la position du taxiway U, encore plus près de la ville que les pistes 04/22, aurait entraîné un survol de l'agglomération, au grand dam des Niçois qui doivent subir des incidents de trajectoire plusieurs fois par an.

L'erreur de piste au décollage comme à l'atterrissage n'est pas rare et l'enquête du BEA vise à identifier les circonstances propices à cette confusion pour éviter qu'elle ne se reproduise. L'enquête va disposer de l'enregistrement des dialogues tour de contrôle-équipage et des enregistreurs de vol de l'avion, dont ceux des conversations du cockpit. Les points qui seront étudiés portent sur le balisage au sol et l'équipement radar à Nice, les autorisations données par les contrôleurs, la compréhension de celles-ci par l'équipage, sa manière d'analyser son cheminement au sol, la formation qu'il a reçue, etc. Le déploiement du radar sol est d'ailleurs l'objet de fréquentes polémiques à Nice entre les syndicats de contrôleurs et la Direction générale de l'aviation civile.


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