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Dans une tribune au « Monde », les chercheurs Marc-Antoine Eyl-Mazzega et Carole Mathieu prônent l’abandon de la lignite par l’Allemagne et l’investissement de fonds européens dans la transition et la reconversion.

Tribune. A l’approche de l’ouverture de la COP24, le 3 décembre, la gouvernance mondiale du climat est en péril et l’Union européenne (UE) porte sa part de responsabilité. Le monde s’inscrit dans une trajectoire de réchauffement supérieure à 3 degrés, et les émissions globales et européennes de gaz à effet de serre menacent d’augmenter à nouveau en 2018. Or, l’UE est divisée sur la nécessité de revoir à la hausse ses ambitions climatiques pour aller au-delà de la cible initiale des 40 % de baisse des émissions d’ici à 2030, et se donner ainsi les moyens d’atteindre zéro émission nette à l’horizon 2050. Si l’UE tergiverse, comment convaincre les autres grands pays émetteurs de se mobiliser pour gagner la bataille du climat ?

L’Allemagne a rejeté l’idée d’un objectif européen plus ambitieux pour 2030, considérant qu’il fallait en premier lieu se concentrer sur l’atteinte des objectifs actuels. En réalité, c’est la question de la sortie du charbon en Allemagne qui pose problème. La part des énergies renouvelables est passée d’environ 16 % en 2010 à plus du tiers de la production électrique allemande en 2017. Mais les 30 000 éoliennes installées et les 40 TWh d’électricité solaire produite en 2017 n’ont pas permis de réduire significativement l’intensité émissive du secteur électrique allemand, la part du charbon (lignite et houille) n’ayant que faiblement décliné et représentant 36,6 % de la production électrique totale en 2017, contre 20 % dans l’UE.

La « commission charbon » instituée par le gouvernement allemand en juin travaille sur un calendrier et des modalités de fermeture des mines et centrales à charbon, mais il lui faut ménager les industriels, limiter l’impact sur l’emploi, et éviter toute dégradation de la sécurité d’approvisionnement électrique. Une tâche ardue, mais pas impossible : le Royaume-Uni, par exemple, a vu la part de sa production électrique issue du charbon passer de 41 % en 2013 à 6,7 % en 2017, grâce à l’introduction d’un système de prix plancher du carbone venant s’ajouter au système européen d’échange de quotas d’émission (ETS). L’effort sera évidemment plus lourd en Allemagne : la production de houille devrait totalement cesser fin 2018, mais l’Allemagne reste le premier producteur de lignite du monde. D’importantes ressources devront être consacrées à la gestion des sites miniers, à l’accompagnement des près de 21 000 salariés de l’industrie du lignite et à la reconversion industrielle des trois régions charbonnières (Rhénanie-du-Nord, Lusace et Saxe).


Lire la suite : « En Europe, le pari d’une union franco-allemande du climat »


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