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Les députés britanniques ont rejeté le projet d'accord sur le Brexit négocié avec l'Union européenne. Se rapprochant un peu plus d'une sortie sans période de transition.

"Le temps est presque écoulé." Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est inquiété mardi 15 janvier du rejet par les députés britanniques du projet d'accord sur le Brexit. "Le risque d'un 'no deal' désordonné a augmenté", a-t-il averti, alors que Londres n'a plus que dix semaines pour se sortir de l'impasse. Si aucun accord n'a été approuvé à la date du 29 mars (et que Theresa May ne demande pas de délai supplémentaire d'ici là), le Royaume-Uni quittera l'Union européenne à minuit, sans période de transition. Quelles seraient les conséquences de ce scénario redouté pour nos voisins d'outre-Manche ? Eléments de réponse.

Un choc pour l'économie

Les milieux financiers mettent en garde contre les conséquences dramatiques d'un "no deal" depuis plusieurs mois déjà. En novembre, la Banque d'Angleterre a assuré qu'une sortie de l'Union européenne sans accord aurait un impact plus grave sur l'économique britannique que la crise financière de 2008. "Le PIB se contracterait de 8% en l'espace d'un an environ, le taux de chômage monterait à 7,5%", détaillent . "A titre de comparaison, le gouvernement britannique estime que la baisse du PIB serait bien moins importante si un accord était signé : elle se limiterait alors entre 0,6% et 2,5% selon les scénarios", précise Le Figaro. La valeur de la livre chuterait par ailleurs de 25% et les prix de l'immobilier de 30%.

L'accord négocié par Theresa May prévoyait une période de transition de 21 mois pour mettre au Royaume-Uni et à l'UE de trouver de conclure de nouveaux traités commerciaux. En cas de "no deal", leurs relations économiques seraient soumises aux règles de l'Organisation mondiale du commerce, ce qui se traduirait par de nouveaux contrôles douaniers et des taxes supplémentaires sur les produits importés depuis l'UE. Les difficultés d'approvisionnement, même temporaires, provoqueraient une forte hausse des prix. Selon les estimations de la Banque d'Angleterre citées par Le Figaro, l'inflation atteindrait entre 4,25% et 6,5% en 2020, avant de revenir à son niveau actuel.

Une paralysie des transports

En cas de "no deal", les transports risquent d'être fortement perturbés le 30 mars prochain. En théorie, les licences autorisant les compagnies aériennes et ferroviaires britanniques à opérer sur le continent européen deviendraient caduques du jour au lendemain. Idem pour les compagnies continentales au Royaume-Uni. Pour éviter que le trafic ne soit totalement interrompu, la Commission européenne a annoncé des mesures d'urgence. Elle autoriserait notamment les vols reliant le Royaume-Uni et le continent durant un an après le "no deal", indique Le Figaro. Les escales de compagnies britanniques sur son territoire seraient en revanche interdites. "Ces mesures [d'urgence] assureront uniquement la connectivité de base", a averti Bruxelles. Le gouvernement britannique a donc conseillé à ses ressortissants de prendre des "assurances" ou des billets modifiables, au cas où leurs vols ou trains seraient annulés, détaille leDaily Mirror (en anglais).

Des contrôles douaniers renforcés seraient par ailleurs mis en place à Douvres et à Calais. Chaque jour, 10 000 camions transitent par ces deux ports pour traverser la Manche. "Deux minutes de contrôle douanier par véhicule, c'est 27 km de bouchons du côté anglais et du côté français", a assuré Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, interrogé parLe Figaro. Pour limiter les embouteillages, le port français a aménagé une zone pouvant accueillir 200 poids lourds et "une autre zone de contrôle pour les animaux vivants et les services sanitaires".

Côté britannique, c'est plus complexe, selon France 3 Hauts-de-France. "C'est un lieu étriqué, il y a les falaises d'un côté, la Manche de l'autre, et la ville de Douvres, il n'y a pas d'espace disponible", résume un responsable du port. Une piste d'aéroport désaffectée a été choisie pour

Des démarches administratives en plus

Si aucun accord n'est trouvé, les entreprises devraient se plier à de nouvelles démarches administratives, notamment des déclarations de douane, et se verraient appliquer des taxes pouvant atteindre 38%, rappelle Sky News(en anglais). Les labels européens sur certains produits, comme le whisky écossais et le fromage de Stilton, ne seraient plus valables. Les producteurs concernés devraient donc s'inscrire à un système d'indications géographiques protégées, annoncé par Downing Street pour pallier ce problème, selonL'Obs.

Les particuliers auraient, eux aussi, de la paperasse supplémentaire. Le gouvernement a conseillé aux citoyens prévoyant de voyager sur le continent de renouveler leur passeport s'il expire dans les six mois suivant leur date d'arrivée. Jusqu'ici, ils pouvaient entrer dans l'espace Schengen jusqu'à la veille de la date de validité du document, rappelle le Daily Mirror (en anglais). Les propriétaires d'animaux domestiques devraient obtenir un certificat pour les faire voyager, en se rendant chez un vétérinaire quatre mois avant leur séjour.

Et les expatriés ? Londres leur a conseillé de repasser le permis de conduire dans le pays où ils habitent, note le Guardian (en anglais). En cas de "no deal", le permis britannique ne serait plus valide sur le territoire européen. Ils seraient en outre contraints d'obtenir un visa pour continuer à vivre dans certains pays, note la BBC(en anglais). L'Allemagne leur laisserait ainsi trois mois pour demander le statut de résident temporaire.

Des risques de pénuries

Les nouvelles contraintes administratives et douanières pourraient avoir, dans un premier temps, un impact sur l'approvisionnement du Royaume-Uni. L'Union européenne représentait, en valeur, 55% des importations du pays en 2015, relève Le Figaro. La Banque d'Angleterre estime que l'import depuis le continent pourrait chuter de 18% en cas de "no deal". Redoutant de voir les rayons des magasins se vider, certains Britanniques ont déjà commencé à faire des réserves de vivres ou de produits de première nécessité, rapporte le Guardian (en anglais).

La population craint également une pénurie de médicaments. Pour éviter une rupture de la chaîne d'approvisionnement, le Royaume-Unin continuera à reconnaître temporairement les tests et certifications européens, précise L'Obs. Downing Street a assuré que les cargaisons de médicaments seraient prioritaires sur les autres marchandises et les autorités sanitaires ont augmenté leurs stocks de médicaments. L'objectif : avoir des réserves pour quatre mois et demi, au lieu de trois actuellement.

Des changements dans le quotidien

Les répercussions d'un divorce brutal avec l'UE sur le quotidien des Britanniques seraient nombreuses. Les touristes seraient à nouveau soumis aux frais d'itinérance lorsqu'ils utilisent leur portable sur le territoire européen. Comme le rappelle L'Obs, ce service est actuellement gratuit pour les citoyens européens en séjour dans un autre pays membre. Les Britanniques auraient également des frais bancaires supplémentaires, les transactions bancaires seraient ralenties et "les clients des banques d'investissement basées au Royaume-Uni ne pourraient plus faire appel à leurs services financiers", selon l'hebdomadaire.

Londres devrait par ailleurs changer les photos avertissant des dangers du tabagisme, propriété de la Commission européenne, sur les paquets de cigarettes. Autres questions non résolues : l'impact du "no deal" sur

Enfin, le doute plane sur le statut des 1,3 million d'expatriés Britanniques, rappelle la BBC(en anglais). Plusieurs pays, comme la Belgique, ont annoncé qu'ils seraient autorisés à rester mais le flou demeure concernant les frais de scolarité des étudiants et la reconnaissance des qualifications des professionnels. Les 27 millions de cartes européennes d'assurance-maladie délivrées par le Royaume-Uni, qui garantissent l'accès aux soins d'urgence au sein de l'UE, pourraient être refusées dans certains pays.

Un risque de violences

La Fédération de police britannique a indiqué à Sky News qu'elle craignait "des perturbations de grande ampleur" en cas de Brexit sans accord. Selon la chaîne britannique, les forces de l'ordre redoutent notamment des manifestations contre la hausse des prix, qui "pourraient se transformer en émeutes". Quelque 3 500 militaires ont été mobilisés dans l'éventualité du "no deal".

Près de mille policiers anglais et écossais ont par ailleurs commencé à s'entraîner, début janvier, en prévision d'un éventuel déploiement en Irlande du Nord, selon le Guardian (en anglais). Ce territoire est le seul à avoir une frontière physique (et non maritime) avec l'UE. Alors que la démarcation est presque invisible aujourd'hui, le "no deal" se solderait par le retour d'une "frontière dure" entre les deux Irlandes et pourrait mettre en danger les accords de paix signés en 1998.


Lire la suite : Embouteillages à la frontière, inflation, pénuries... Ce qui attend le Royaume-Uni en cas de Brexit sans accord


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