Certains, comme Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de La France insoumise (LFI), ou Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, avaient prévu un automne chaud pour la première rentrée du président Emmanuel Macron. Opposés aux ordonnances qui devaient réformer le droit du travail, ils l’avaient promis : on allait voir ce qu’on allait voir. Mais rien ne vint. Pas de grosses manifestations ni de réelle grogne dans la rue. Et encore moins de grèves.
Huit mois plus tard, la contestation gagne du terrain, mais sur d’autres sujets. Cheminots, retraités, éboueurs, électriciens, personnel des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), fonctionnaires, salariés de Carrefour, d’Air France, étudiants : ils ont manifesté ces dernières semaines leur mécontentement. Des conflits très divers qui, dans un effet de juxtaposition, tendent le climat social. Avec trois mois de débrayages au programme et un début de mobilisation énergique, les agents de la SNCF ont montré leur colère face à un gouvernement que leurs syndicats accusent de rester sourd. Ces derniers apparaissent d’ailleurs soudés (même si SUD-Rail a préféré appeler à des arrêts de travail reconductibles) là où aucune alliance n’a semblé se dessiner lors de la présentation des ordonnances réformant le code du travail.
« Accumulation »Automne, printemps, deux saisons, deux ambiances. Que s’est-il passé entre-temps ? « La situation est très différente, juge Raymond Soubie, ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy. Les ordonnances réformant le code du travail traitaient un sujet important mais technique. Leur impact concret était difficile à mesurer. Là, nous avons un conflit centré sur la SNCF dont les personnels ont une identité historiquement très forte. Les cheminots se sentent stigmatisés dans cette identité, plus encore qu’attaqués dans leur statut. Il y a un problème de pédagogie et de communication de la part du gouvernement. »
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