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Cette fois, ça y est. La question de la sortie – très progressive – de la politique monétaire ultra-accommodante menée par la Banque centrale européenne commence à se poser. Autrement dit, l'institution de Francfort, qui a tenu quasiment à elle seule à bout de bras l'économie de la zone euro grâce à son programme de rachat de dette publique annoncé en janvier 2015, réfléchit au meilleur timing pour diminuer les doses de morphine qu'elle injecte dans le système financier européen.

Son conseil des gouverneurs, qui se réunit jeudi à Tallinn, la capitale de l'Estonie, pourrait commencer à ajuster sa communication pour préparer les esprits des investisseurs devenus ultra-dépendants à son traitement. Que va dire Mario Draghi, lors de sa conférence de presse ? Si aucune décision majeure n'est attendue, les mots du président italien de la BCE seront plus que jamais scrutés à la loupe pour tenter de prédire l'évolution de la politique monétaire européenne.

Une croissance supérieure à celle des États-Unis

Les membres les plus conservateurs du Conseil estiment avoir des arguments solides pour plaider pour un resserrement de la politique monétaire, au moins sur la communication. L'économie de la zone euro va incontestablement mieux. La Commission européenne table désormais sur une croissance de 1,7 % pour cette année, un chiffre légèrement revu à la hausse, tiré notamment par l'amélioration économique mondiale. Comme en 2016, le rythme de progression de l'activité est désormais supérieur à celui des États-Unis, la croissance s'est révélée décevante au premier trimestre.

Le chômage, lui, continue de baisser, lentement mais sûrement. À 9,5 %, il s'approche de plus en plus du niveau jugé « structurel » par certains économistes, c'est-à-dire le seuil à partir duquel il ne peut plus diminuer sans générer de tensions inflationnistes.

Communiquer sur une stratégie de sortie

Indicateur fondamental pour la BCE, l'inflation, justement, se rapproche déjà progressivement de la cible de 2 %, même si ses à-coups mensuels sont importants. En avril, la hausse des prix a atteint 1,9 %, contre seulement 1,2 % en mai.

Mais, malgré la pression des « faucons » de la BCE, le chemin de la sortie de la politique monétaire exceptionnelle s'annonce encore très long. L'inflation sous-jacente, celle qui exclut les prix les plus volatils, est tombée à 0,9 % en mai, preuve que les salaires ne sont pas près d'accélérer en zone euro et qu'il n'y a pas, à court terme, de risque d'emballement de l'inflation. Aux yeux de Mario Draghi, il est donc bien trop tôt pour diminuer la morphine. Mais le temps semble venu de préparer psychologiquement le patient, c'est-à-dire de commencer à communiquer sur la stratégie de retour à la normale dans un futur pas si lointain.


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