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Président, la vie d’après (1/6). Dans les heures qui suivent la victoire du « non » au référendum qu’il a convoqué, le général démissionne et se retire, meurtri, à Colombey-les-Deux-Eglises. Ecriture, voyages. Et l’attente…

Qu’advient-il des dieux contraints de quitter l’Olympe ? Tombent-ils foudroyés, mornes, silencieux, tel l’ange déchu de Victor Hugo ? S’éloignent-ils pleins de rancœur et de rancune ? Quand son tour est venu, le plus grand d’entre eux a tracé dans l’espaceun orbe brillant et bref, quasi invisible aux yeux des Français. Puis de Gaulle a rejoint le tombeau, où l’attendait « le tout-petit », sa fille Anne, morte à 20 ans. Cette enfant trisomique, lourdement handicapée et tant aimée, fut l’un de ses grands chagrins.

Lorsqu’il disparaît, Charles de Gaulle a quitté le pouvoir depuis un peu plus de dix-huit mois, 563 jours exactement. Une rupture brutale, pensée, voulue, minutée, trois jours avant le résultat du référendum qu’il a soumis aux Français, le 27 avril 1969, sur « la création des régions et la rénovation du Sénat ». Il sait que tout est perdu. Et, lorsqu’il fait mine de montrer quelque optimisme, il arrive que, derrière lui, à sa modeste place, Yvonne de Gaulle secoue la tête en signe de dénégation. Ces 52,41 % de « non » ne vont guère étonner la femme du président. Personne ne se méprend sur ce résultat. Ses compatriotes ont « congédié » son mari.

Charles de Gaulle vote à Colombey-les-Deux-Eglises, le 27 avril 1969. AFP
 

« Il faut avoir du chagrin au sujet de la France. Elle en vaut la peine », confiait-il déjà au terme de sa traversée du désert, ces douze longues années de 1946 à 1958. Quand il s’en va pour la première fois, il a 56 ans. Lorsqu’il revient, il en aura bientôt 68, avec le sentiment, déjà, qu’il est bien tard. C’est encore un colosse, doué d’une capacité de travail phénoménale, mais il confie à sa nièce, Geneviève de Gaulle : « J’ai dix ans de trop. » Et puis, il plane sur lui une ombre inquiétante. Le 11 mars 1955, après une opération de la cataracte, il a fait un malaise, lié à une brutale chute de tension artérielle. André Lichtwitz, son médecin, est injoignable. C’est le professeur Paul Milliez, appelé à la rescousse en urgence, qui le soigne et le sauve.


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