Valls : "Je prendrai ma décision en conscience"

Politique

Face au "doute" et au "désarroi" qui minent la majorité, le Premier ministre Manuel Valls accentue la pression sur François Hollande. Il n'exclut plus désormais d'être candidat contre lui à la primaire de la gauche.  

Manuel Valls accentue la pression sur François Hollande. (Eric Dessons/JDD)

Que signifient, selon vous, les résultats du premier tour de la primaire de la droite?
Cet exercice réussi montre qu'il y a une volonté forte de participation chez nos compatriotes. Ils veulent faire entendre leur voix. Ils veulent choisir. Ils refusent les schémas qu'on leur vendrait ou qu'on leur imposerait à l'avance.

Et la percée fulgurante de François Fillon?
Ce choix s'explique parce que François Fillon véhicule une image de sang-froid et de dignité. C'est le négatif de Nicolas Sarkozy. Il peut donc représenter un adversaire très sérieux pour la gauche. Elle devra dénoncer un programme ultralibéral et conservateur, dur avec les modestes, et généreux pour les plus riches, un programme brutal, étriqué qui ne cherche pas à rassembler les Français.

Pourquoi les électeurs de droite ont-ils choisi le programme le plus radical?
Ils ont rejeté d'abord Nicolas Sarkozy et sanctionné sans doute les ambiguïtés d'Alain Juppé dans ses alliances. François Fillon propose un programme très daté, digne des années 1980, qui ne permettra aucun dépassement, aucune recomposition politique. Il rassemblera la droite et uniquement la droite alors que l'exigence aujourd'hui, face aux défis qui sont devant nous, montée du populisme et menace terroriste, c'est de rassembler les Français autour des valeurs de la République.

"Fillon, si c'est lui, sera un adversaire très sérieux pour la gauche"

Juppé aurait-il été un adversaire plus commode pour la gauche?

Sortons de ces considérations! Je sais que certains espéraient une désignation de Sarkozy en pensant que sa personnalité et ses outrances susciteraient un rejet mécanique à gauche. D'autres pensaient que Juppé aurait du mal à tenir la distance dans une campagne électorale. Enfin, il y a ceux qui affirment que Fillon serait un meilleur adversaire. Fillon, si c'est lui, sera un adversaire très sérieux pour la gauche. Je veux insister sur cela : nous vivons dans un nouveau paysage politique marqué par le tripartisme : la droite, l'extrême droite et la gauche qui est fracturée. Face à une extrême droite très forte, les stratégies des uns et des autres, c'est d'espérer être présent au deuxième tour face au FN pour pouvoir l'emporter. Or, rien ne dit que Marine Le Pen ne peut pas l'emporter au deuxième tour. Je ne veux pas m'y résoudre. Si nous ne mettons pas l'extrême droite sur la touche dès le premier tour, ce sera un big bang politique, aux conséquences lourdes pour la France.

"Je m'y prépare, j'y suis prêt"

Quelle conclusion tirer, pour la gauche, de ce résultat?
La droite choisit aujourd'hui son représentant. Une question va se poser très rapidement : quelle sera la première force à s'opposer à elle? Moi, je refuse que ce soit l'extrême droite, car pourra-t-elle défendre les classes populaires, les retraités, les fonctionnaires? Non! Je demande à tous les progressistes, à la gauche réformiste et à toute la gauche, de se ressaisir. C'est pour cela que notre primaire ne doit pas se résumer à de petits calculs d'appareil. Elle doit donner un élan, de l'espoir. Il faut se préparer au face-à-face. Je m'y prépare, j'y suis prêt.

Dans ce contexte, la primaire de gauche doit-elle avoir lieu?
Après le succès de la primaire de 2011, après celui de la primaire de la droite et du centre, nous déciderions de nous passer de primaire? C'est impensable! Nous avons fait un choix, il faut le respecter. Aujourd'hui, c'est le jour de la droite. C'est aussi le jour du défi pour la gauche. Quel que soit le candidat de droite désigné dimanche soir, c'est une France plus dure, plus injuste qui se prépare. Je demande à la gauche et aux Français attachés à leur modèle social : voulez-vous la suppression de 500.000 fonctionnaires, la retraite à taux plein à 70 ans, les médicaments déremboursés, le mépris des syndicats? La France n'a pas besoin d'un électrochoc conservateur et libéral. Elle a besoin d'une belle alliance entre l'autorité républicaine et la justice sociale, que seule la gauche peut offrir...

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