« Sans porno, je n’arrive plus à bander »

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Antoine, Julien, David et Marc, tous trentenaires, décrivent l’impact de leur consommation de porno sur leur vie sexuelle.

Il est trop tôt pour mesurer l’impact de la pornographie sur la génération Z, biberonnée à Jacquie et Michel depuis son premier écran. Les jeunes hommes nés entre l’ère Gorbatchev et l’an 2000, en revanche, racontent plus aisément leurs premiers émois numériques et leurs éventuelles conséquences sur leurs pratiques d’aujourd’hui.

Antoine est l’un d’entre eux. « Je pense que le porno renforce la dichotomie maman/putain », réfléchit à voix haute le jeune homme, vingt-cinq ans et un joli poste dans la banque.

« J’ai pour ma copine une tendresse infinie. Pourtant, je n’arrive plus à lui faire l’amour. Elle ne peut pas rivaliser avec les filles de mes fantasmes, celles des films. Ce n’est pas de sa faute, mais je n’arrive pas à bander. »

« Ma copine, elle est là pour la tendresse »

Depuis plusieurs mois, le couple, qui partage un grand studio dans le dixième arrondissement parisien, ne se touche plus. « C’est pas grave, je dissocie complètement », assure le jeune homme.

« Mes séances de “cinéma”, me satisfont complètement. Je peux aller jusqu’à des trucs ultra-trash, parce que je sais que c’est pas réel. Ma copine, elle est là pour la tendresse, les câlins sous la couette, les dîners entre amis, la vie à deux, quoi. »

« Des heures pour se stimuler »

« Ce que je remarque d’abord, c’est que l’on interroge toujours l’influence de la pornographie et plus rarement celle d’autres représentations de la sexualité.

Il est ensuite important de préciser le type d’effet auquel on se réfère. Ce qui est sûr, c’est que les images pornographiques n’ont pas d’effet direct sur les comportements sexuels : le visionnage de pornographie est une action de soi sur soi, sur son propre corps. Dans l’interaction avec des partenaires, les scénarios pornographiques ne sont qu’une des multiples sources d’inspiration. »

L’inspiration fait défaut au compagnon d’Audrey, parisienne à Stan Smith que l’on retrouve à la terrasse d’un café du douzième. « Mon mec, c’est un type génial. Doux, attentionné, plein d’humour, très intelligent  », lâche-t-elle en préambule. «  Mais au lit, c’est une catastrophe. Il lui faut des heures pour se “ stimuler ”, et il ne bande qu’une fois sur deux  ».

 « Vraiment, tu ne me fais pas bander »

Dans ce cas de figure, la pornographie ne serait toujours pas responsable de la flaccidité du partenaire d’Audrey. « Une partie du problème est qu’il y a une réduction de la sexualité masculine au pénis et à la pénétration, au détriment des autres zones érogènes et pratiques de plaisir. Je lui conseillerais de consulter le site Sexy Soucis, qui propose des conseils ouverts en matière de santé sexuelle  », recommande Florian Vörös. 

Mais les peines d’Audrey ne s’arrêtent pas là : son fiancé lui impose de ressembler aux Aphrodites numériques qui peuplent ses fantasmes.

« D’abord, il m’a demandé de me faire une épilation intégrale. Je ne sais pas s’il imagine la souffrance que c’est de se retrouver à quatre pattes, fesses écartées devant une esthéticienne qui va enduire ton intimité de cire chaude avant de tout arracher. »

Aux exigences pileuses ont suivi des impératifs morphologiques.

« J’entendais toutes les semaines “Tu ne veux pas maigrir ? Vraiment, tu ne me fais pas bander”. Entendre ça de la bouche d’un mec avec lequel tu veux avoir des gosses, c’est chaud. »

Audrey se tait : à la table voisine, une septuagénaire la fusille du regard....

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