Nouveau plan épargne-retraite : faut-il opter pour la rente viagère ou la sortie en capital ?

Economie

Si la rente assure un (petit) complément de revenus à vie, et comporte le risque de perdre l’argent, la sortie en capital offre le plus de liberté, avec le danger d’engloutir prématurément son épargne-retraite…

Avec la possibilité offerte par le nouveau plan d’épargne-retraite (PER) de récupérer son argent sous forme de capital en une ou plusieurs fois, les épargnants vont se retrouver face à un choix cornélien, car ces deux modes de sortie disposent chacun de leurs avantages et inconvénients.

Si le souscripteur choisi la transformation du capital en rente viagère, il perd tout droit sur son capital, qui appartient alors à l’assureur, mais il dispose en contrepartie d’une sécurité et d’une tranquillité absolue, car il a la certitude de recevoir ses revenus jusqu’à la fin de ses jours, même s’il bat des records de longévité. Dans l’optique d’un complément de retraite, c’est un point qui compte beaucoup, surtout si le PER vise aussi à assurer une autonomie financière dans le grand âge, lorsque les besoins sont susceptibles d’augmenter en cas de survenue de dépendance.

Le montant de la rente est très faible au regard du capital constitué, car les assureurs anticipent un allongement de l’espérance de vie.

Cet avantage suppose cependant d’accepter des contraintes fortes. La principale est celle qui conduirait, en cas de décès, à faire perdre aux héritiers l’argent accumulé. Ce défaut peut être atténué par la souscription de garanties supplémentaires, comme la réversion au profit d’un conjoint ou le choix d’annuités garanties.

Avec ce dernier mécanisme, l’assureur s’engage à verser la rente pendant une durée minimale, par exemple vingt ans, et, en cas de décès du rentier, elle est attribuée à un bénéficiaire désigné jusqu’à la date convenue. Si le rentier est encore en vie à l’issue de la période garantie, il continue à percevoir sa rente normalement, jusqu’à son décès. Ces deux garanties ne sont cependant pas gratuites et se traduisent par une minoration plus ou moins forte de la rente versée.

Autre souci de la rente : son montant est très faible au regard du capital constitué, car les assureurs anticipent un allongement de l’espérance de vie et calibrent les rentes en fonction de cette évolution. Pour une personne transformant son capital à 65 ans, par exemple, le taux de conversion généralement pratiqué est autour de 3,6 %. Cela signifie qu’avec un capital de 100 000 euros, la rente annuelle s’élèvera à 3 600 euros (soit 300 euros par mois), à condition de n’avoir souscrit aucune garantie supplémentaire. Il faudra donc vivre jusqu’à près de 95 ans pour espérer revoir l’intégralité du capital transformé…

Peu de jeunes retraités s’imaginent vivre jusque-là, ce qui pourrait les détourner de cette solution, d’autant que ces montants ne tiennent pas compte des impôts qui seront dus sur ce revenu supplémentaire.

Piocher dans son épargne à sa guise

Avec la sortie en capital, le tableau est fondamentalement différent : l’épargnant peut piocher à sa guise dans son épargne, en fonction de ses besoins, et les sommes qu’il n’a pas utilisées de son vivant pourront être transmises à ses proches. Il peut également, s’il le souhaite, continuer à mener une gestion financière dynamique – l’horizon de placement reste long –, alors que celle de la rente est placée sous le signe de la sécurité et ne peut pas dégager de gains financiers significatifs lorsque les taux d’intérêt sont bas.

« En Grande-Bretagne, un quart des retraités récupèrent immédiatement leur capital à la retraite, un autre quart le transforme en rente, et la moitié choisissent une sortie sous forme de capital fractionné. » Edouard Michot, Assurancevie.com

En contrepartie, aucune garantie n’est apportée à long terme : si le retraité vit longtemps et que ses retraits ont été importants, il risque d’avoir consommé l’intégralité de son capital avant son décès et de se retrouver, dans le grand âge, sans ces revenus supplémentaires. C’est un risque à prendre au sérieux, surtout si le patrimoine constitué à côté de l’épargne-retraite est faible.

Les personnes qui choisiront cette voie avec l’espoir de disposer à vie d’un complément de revenus auront donc intérêt à effectuer avec parcimonie les prélèvements sur leur capital pour ne pas l’assécher trop rapidement. « Le rôle des conseillers sera très important pour aider les futurs retraités à faire les bons choix », estime Olivier Mariée, directeur commercial d’Axa France.

Sur le plan fiscal, les deux formes de sortie sont traitées quasiment à égalité. Les arrérages de rente (les sommes perçues) seront imposables avec les autres revenus, tout comme les sommes retirées en capital si elles ont donné lieu, à l’entrée, à une défiscalisation.

Néanmoins, la part de gains retirée en capital (en plus des versements initiaux) bénéficiera, elle, d’un traitement un peu plus favorable, puisqu’elle sera soumise au prélèvement forfaitaire unique au taux de 30 %, y compris les 17,2 % de prélèvements sociaux. Cette solution devrait s’avérer légèrement plus favorable aux gros contribuables, qui bénéficieront sur cette partie d’un taux d’imposition inférieur (12,8 %) à celui qu’ils devraient supporter en fonction de leur tranche d’imposition.

Reste qu’il sera possible de mixer ces différentes solutions, en combinant sortie partielle en rente et en capital. « En Grande-Bretagne, on observe, en moyenne, qu’un quart des retraités récupèrent immédiatement leur capital lors du départ en retraite, un autre quart le transforme en rente, et la moitié choisissent une sortie sous forme de capital fractionné », observe Edouard Michot, président d’Assurancevie.com. Le panachage de ces différents modes de sortie a l’avantage de permettre de profiter du présent, sans insulter l’avenir.


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