Montrer sa vulve ou son sang menstruel ? « Aujourd’hui, tout le monde peut le faire »

Sociétés

« Body Positive ». Deux mots qui prennent de plus en plus de place sur Internet. Deux mots pour dire l’acceptation de soi. Mais est-ce si nouveau ? Entretien avec le sociologue du corps Philippe Liotard.

Il y a d’abord eu le « Large Labia Project » qui visait à montrer des vulves de femmes toutes différentes, puis ce compte Instagram qui compile des dessins de sexes féminins, ou encore récemment le projet 1001 fesses dont on vous parlait ici.

On pourrait aussi parler des comptes individuel qui sur les réseaux sociaux visent à montrer des corps différents : gros, malades, handicapés. Tous se revendiquent du même mouvement « body positive ».

C’est un hashtag mais c’est surtout un projet politique de l’intime : accepter son corps tel qu’il est, en s’affranchissant donc des canons de beauté proposés par les médias dominants et la publicité.

Nous avons eu envie de prendre un peu de recul sur tous ces projets, toutes ces photos, avec Philippe Liotard. Sociologue et chercheur à l’université Lyon 1, il travaille sur les modifications corporelles et plus largement sur les représentations et perceptions du corps.

Rue89 : Est-ce que, pour le chercheur que vous êtes, ça veut dire quelque chose, ce mouvement « body positive » ?

Philippe Liotard : Est-ce que c’est un mouvement d’abord  ? C’est la première question que je me pose. Est-ce que c’est un mouvement, une tendance forte ou simplement l’émergence d’un certains nombre d’initiatives qui viennent d’endroits divers  ?

Des projets féministes qui mettent en scène des corps différents, on en voit depuis les années 70. Ce sont des femmes qui vont mettre en scène leur corps sans qu’il soit apprêté selon les codes de la féminité (pas épilé, pas maquillé). Donc tout cela existe déjà. L’idée est de mettre en scène des corps qu’on n’a pas envie de montrer ni de voir dans la société.

A l’époque, ce discours s’exprimait surtout à travers des expositions ?

Oui, ou des performances. Je pense au travail scénique de Annie Sprinkle sur le vagin [cette ancienne star du porno proposait à des spectateurs d’inspecter son col de l’utérus avec un spéculum et une lampe de poche, ndlr]. Il y avait une rencontre.

Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies, des tas de choses sont devenues accessibles à tous, à toutes. Cindy Sherman était médiatisée parce qu’elle faisait quelque chose de fort ? Désormais, n’importe qui peut faire n’importe quoi, n’importe où. Il suffit d’avoir un smartphone.

On peut recueillir des images de femmes qui ont des cicatrices de cancer du sein, des fesses... Chacun peut compiler des informations. C’est ça qui est nouveau  : cette possibilité pour chacun de créer quelque chose et de le rendre disponible...

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