Macron - Hollande : ils se sont tant aimés... et tant déçus

Politique

Du coup de foudre intellectuel à la rupture politique, les liens entre Emmanuel Macron et François Hollande ont fluctué. Retour sur sept ans d'une relation inédite.

Installé sur un siège en cuir crème, dans un Falcon 7X de la République, François Hollande grignote des brochettes de fruits. En déplacement à Besançon (Doubs), ce 14 avril, le chef de l'Etat est inquiet. A qui laissera-t-il son bureau de l'Elysée dans un mois ? «Vous pensez que c'est une satisfaction de remettre les codes nucléaires — c'est une image, on ne les transmet pas — à Marine Le Pen ? Vous croyez que j'ai envie d'amener François Fillon au cabinet noir ?» ironise-t-il.

Assis dans le carré présidentiel à ses côtés, son conseiller en communication, Gaspard Gantzer, serre les mâchoires : «Vous avancez en terrain glissant, monsieur le président.» Le chef de l'Etat poursuit : «Ce n'est pas la même chose de passer le pouvoir à un adversaire.» Il le cédera ce dimanche matin à celui qu'il a implicitement adoubé. A la «créature» politique qu'il a enfantée.

Coup de foudre intellectuel

De drôles de fées se sont penchées sur le berceau du jeune Macron. Des parrains puissants, familiers des cercles du pouvoir, séduits par le magnétisme du brillant énarque à qui ils font la courte échelle. Comme Jacques Attali, qui fut le conseiller de François Mitterrand, ou encore Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée et intime de François Hollande.

Macron a déjà quitté la haute fonction publique lorsqu'il rencontre le député de la Corrèze, en 2010. François Hollande tombe sous le charme. Celui qui est alors banquier d'affaires n'a pas de fonction officielle dans l'organigramme officiel de campagne. Il ne vient que rarement au 59, avenue de Ségur, où se trouve le QG. Il travaille dans l'ombre, avec un groupe d'économistes. Déjà, l'entourage du candidat jalouse la relation privilégiée qui s'installe entre les deux hommes.

«Il avait un contact très fort avec François», se souvient l'un d'eux. Des conversations politiques quotidiennes, dont ils n'ont que des échos. Tous savent d'instinct qu'Emmanuel Macron sera amené à jouer un rôle.

Indispensable «Manu»

Une fois élu, le président lui offre un titre prestigieux, secrétaire général adjoint de l'Elysée, un petit bureau au deuxième étage du Château, et, surtout, il le fait entrer dans son quotidien. Leurs parcours, leurs profils sont très distincts l'un de l'autre. Ils ont certes été sur les mêmes bancs de l'école du pouvoir, à vingt-quatre ans d'écart. Mais François Hollande a très vite décidé de s'implanter politiquement dans un territoire. Il sera élu député de la Corrèze, aux législatives de 1988, à 34 ans. Soit l'âge de son successeur lorsqu'il le recrute, à l'Elysée.

Très vite, «Manu» se rend indispensable. En charge des dossiers macro-économiques, il est aussi le sherpa de Hollande pour les rencontres à l'étranger, son émissaire particulier. «C'était l'un des rares à être réellement respectés par le président», observe Christian Gravel, ancien collaborateur du cabinet de l'Elysée. Les deux hommes nourrissent une indéniable complicité intellectuelle. «Ils avaient une intimité politique. Ils partageaient les mêmes idées. Ils étaient d'accord sur tout, à une époque où Hollande dissimulait son propre jeu. Mais Macron n'était pas un libéral honteux comme Hollande», se remémore Aquilino Morelle, qui fut conseiller spécial du chef de l'Etat. Un autre collaborateur entendra même le président dire un jour : «Emmanuel, c'est le fils que tout le monde aimerait avoir.»* Ou le ministre que tout le monde souhaiterait dans son gouvernement...

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