Les sanctions américaines contre l'Iran font-elles les affaires chinoises ?

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Le retrait possible de Total d’un méga-contrat gazier en Iran se ferait au bénéfice de Pékin. Mais la Chine hésite à sauter sur l’occasion, de peur de froisser Washington.

Les Chinois, grands gagnants de la décision américaine de réinstaurer les sanctions à l’encontre de l’Iran ? C’est ce que laisse anticiper l’annonce, mercredi 16 mai, du géant pétrolier français Total qui envisage de se retirer d’un méga-contrat gazier en Iran de peur de subir les foudres de Washington.

Cette perspective a, en effet, tout de l’affaire en or pour la Chine. La Compagnie pétrolière nationale chinoise (CNPC), qui ne détenait jusqu'à présent que 30 % du contrat, est en droit d'obtenir en plus les 50 % de Total, en vertu de l'accord signé avec Téhéran en juillet 2017. Elle serait alors à la tête de Phase 11 de Pars du sud, l'un des plus gros projet d'exploitation de gaz au monde, qui se situe au large de l'Iran.

La Chine hésite à gagner 4,8 milliards de dollars

Avec 80 % des parts, le groupe chinois serait ainsi le seul maître à bord d’un chantier d’une valeur de 4,8 milliards de dollars. “C’est une aubaine seulement si Pékin décide de rester dans ce projet”, souligne Mary-Françoise Renard, directrice de l’Institut de recherche sur l’économie chinoise (Idrec), contacté par France 24.

Car la Chine hésite. “Si elle y va, c’est à reculons”, confirme Jean-François Dufour, spécialiste de l’économie chinoise pour le cabinet de conseil Montsalvy, contacté par France 24. D’après lui, Total a mis la superpuissance asiatique dans une position embarrassante.

D’abord, parce que la CNPC ne s’imaginait pas en maître d’œuvre de ce projet. “L’une des raisons de la participation de la Chine était de profiter du savoir-faire de Total en matière d’exploitation de gisements off-shore”, note Jean-François Dufour. La CNPC n’a, en effet, aucune expérience en la matière… ce qui risque de poser problème si le groupe devient le seul maître à bord.

L’autre raison tient aux négociations sino-américaines actuelles, qui visent à éviter une guerre commerciale entre les deux pays. Dans ce contexte, Pékin cherche plutôt à faire profil bas en Iran pour ne pas froisser l’administration Trump qui menace de fermer son marché à toute entreprise qui ferait des affaires avec Téhéran.

De manière générale, “la Chine a décidé d’adopter une position d’attente en Iran”, note Mary-Françoise Renard. Car ce pays dans son ensemble est à l’image du contrat gazier : des parts de marché à grignoter au détriment de concurrents européens tentés de se retirer, mais à quel prix ?

Les opportunités existent. “Un constructeur automobile chinois pourrait se positionner au cas où Renault quitterait l’Iran, et Pékin pourrait y construire des infrastructures ou encore investir dans l’immobilier”, énumère Jean-François Dufour.

37,18 milliards de dollars vs 637 milliards de dollars

Le commerce avec Téhéran peut aussi permettre à la Chine de pousser ses pions monétaires. L’une des priorités économiques Pékin est de consolider la crédibilité du yuan comme monnaie internationale : le gouvernement pourrait décider “de payer les importations de pétrole iranien en yuan, ce qui permettrait de contourner les sanctions américaines [qui s’appliquent dès qu’une transaction est faite en dollars, NDLR]”, explique Mary-Françoise Renard. Le yuan pourrait ainsi devenir la devise pour échapper aux foudres américaines.

Mais entre les intérêts chinois en Iran et la préservation des relations commerciales avec les États-Unis, “il n’y a pas photo, Pékin choisira Washington”, tranche Jean-Louis Dufour. En effet, même si la Chine est le premier partenaire commercial de Téhéran, les échanges entre les deux pays ne se sont élevés qu’à 37,18 milliards de dollars en 2017. Ce n’est rien comparé au poids du commerce sino-américain (637 milliards de dollars).

Les entreprises chinoises n’ont, en outre, aucune envie de connaître un sort à la ZTE. Ce fabricant chinois de téléphones avait été poussé à la quasi-faillite par des sanctions américaines, imposées fin mars, pour punir le groupe chinois d’avoir fourni des composants électroniques à l’Iran. “À ce moment-là, les entreprises chinoises se sont rendu compte qu’elles n’étaient pas épargnés par les sanctions américaines”, note Jean-François Dufour. Jusque-là, elles pensaient que le pouvoir chinois les protégeait de subir de plein fouet l’ire américaine.


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