Les réalisateurs de documentaires créent leur syndicat pour peser face aux producteurs

Economie

La profession est précarisée par un financement fragilisé du documentaire par les chaînes.

Le mouvement de revendications des réalisateurs de documentaires grandissait depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. Il se traduira bientôt par la création du premier syndicat professionnel, alors qu’il n’existait jusqu’à présent qu’une multitude d’associations.

Cette Guilde des auteurs-réalisateurs de reportages et documentaires, dont la naissance à l’automne doit être annoncée, mardi 25 juin, au festival du documentaire Sunny Side of the Doc à La Rochelle, a émergé fin mars sur Facebook, en réaction à la proposition, formulée par des syndicats de producteurs, d’un salaire minimum – exigé de longue date par les documentaristes – de 120 euros par jour, un montant jugé « méprisant » par ces derniers. Le 20 mai, 500 réalisateurs ont voté pour la formation de ce syndicat.

« Notre rémunération, mais aussi le temps de tournage, baisse depuis plusieurs années, alors qu’on nous demande de faire des films toujours plus exigeants », déplore Elizabeth Drévillon, membre du comité provisoire de la Guilde et coréalisatrice de Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise, diffusé sur Arte en mars.

« Réaffirmer les bonnes pratiques »

Ce futur syndicat entend peser dans les négociations avec les producteurs pour « réaffirmer les bonnes pratiques », indique Mme Drévillon. Parmi les premiers griefs que la Guilde portera : la rétribution systématique du travail d’écriture en amont, des forfaits moins déconnectés du temps de travail effectif du réalisateur ou encore une transparence sur la répartition du financement du documentaire.

« Le service juridique pourra aussi jouer un rôle de conseil en fournissant des contrats types et des grilles de salaires selon le programme, pour savoir quoi demander à certains producteurs qui fonctionnent parfois à la tête du client », ajoute le journaliste Stéphane Bentura, en soulignant être « bien conscient que la production va mal elle aussi ».

La précarisation du secteur s’est accélérée avec le foisonnement des chaînes de télévision au budget modeste

De fait, la précarisation du secteur s’est accélérée avec le foisonnement des chaînes de télévision au budget modeste. « Le volume de la production de documentaires a été démultiplié avec les chaînes thématiques ou de la TNT, qui ont des capacités financières moins grandes que les chaînes historiques », explique Stéphane Le Bars, délégué général de l’Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA). Pour un documentaire de cinquante-deux minutes, un réalisateur est ainsi payé en moyenne 17 090 euros sur les grandes chaînes publiques, contre 9 805 euros sur la TNT, selon une étude de la Société civile des auteurs multimédia (Scam) de 2018.18.


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